
Le catamaran Nomade des mers, qui a été inauguré le 6 février dernier à Concarneau, s’apprête à partir pour un tour du monde de 3 ans. Ambassadeur du « low-tech », il sera en totale autonomie pour sa production d’eau, d’énergie et même de nourriture.
Corentin de Chatelperron n’en est pas à son coup d’essai. En 2009, ce jeune explorateur a rallié la France à partir du Bengladesh sur un petit voilier écolo, constitué en partie par des fibres de jute. Il a également navigué six mois dans le golfe de Bengale à bord d’une autre embarcation constituée à 100 % en composite de jute et commencé à tester les techniques « low tech », avec deux poules comme compagnes de quart et la culture de pommes de terre à bord. Cette année, il s’attaque à un projet plus ambitieux, soutenu par le navigateur Roland Jourdain : faire un tour du monde en 3 ans, en totale autonomie. Le bateau, un Kennex 445, conçu par le cabinet d’architectes VPLP, a été spécialement aménagé, avec des panneaux solaires, des éoliennes mais aussi un four solaire, des capteurs d’humidité, des systèmes de recyclage d’eau avec des micro algues, une serre de 25 m2 pour faire pousser hors-sol des pommes de terre, des champignons et de la spiruline, et même un pédalier, installé à l’avant du catamaran, pour produire de l’énergie.
L’innovation frugale, un concept dans l’air du temps
« Le low tech est une technologie permettant d’accéder à des besoins de base comme l’eau, l’énergie et l’alimentation. Il est constitué par des techniques innovantes qui peuvent profiter à l’ensemble de la population », explique Corentin de Chatelperron. Nomade des mers sera ainsi un véritable laboratoire destiné à tester ces innovations en traversée et au fur et à mesure de ses escales : biocarburant au Brésil, four à économie de bois au Sénégal… « L’idée est de s’approprier ces différentes techniques, de les tester et de les diffuser en open source afin qu’elles soient accessibles au plus grand nombre. Dans ce but, nous avons développé une plateforme collaborative qui rassemble des chercheurs, des étudiants et le grand public* », précise-t-il. Somme toute, il s’agit de rendre ses lettres de noblesse à la débrouillardise, à l’innovation frugale, un concept dans l’air du temps. Le projet est d’ailleurs soutenu par de grandes entreprises qui s’intéressent notamment à l’hydroponie, la culture hors-sol qui réduit considérablement l’utilisation d’eau. La chaîne Arte est également partenaire et produira une série documentaire.
Départ de Concarneau (Finistère) vers l’Afrique à partir de la mi-février dès qu’une fenêtre météo s’ouvre dans le golfe de Gascogne. À la barre, Roland Jourdain pour la première étape. Et parmi l’équipage, bien sûr, quatre poules.
* www.lowtech.org