Coup de foudre en mer

La foudre n’est pas compliquée. Elle ne vise qu'à réunir les charges négatives et les positives. Les négatives, ce sont celles que le cumulonimbus a créé par son brassage intempestif, frottant molécules et particules qu’il contient les unes contre les autres jusqu’à concentrer une forte électricité statique dans sa base. Les positives, c’est le sol qui se les accapare. Jusqu’au coup de foudre, puisqu’en électricité ce sont les contraires qui s'attirent. La couche d'air qui faisait office d'isolant entre le nuage et le sol n’y peut plus rien. En un éclair, le nuage se décharge par un courant très bref mais incroyablement violent puisqu'il peut atteindre une intensité de 50 000 ampères et une tension de 100 millions de volts.
La foudre n'est pas compliquée. Elle choisit le chemin le plus facile. Si on lui donne le choix pour faire se rencontrer les contraires entre la base du nuage et la grande surface résistante qu’est la terre, ou entre la base du nuage et une petite surface très conciliante, elle choisira la conciliation. Ayant compris cela, Benjamin Franklin, qui ne s’est pas contenté d’être un des « Pères fondateurs des Etats-Unis », a inventé le paratonnerre comme un appât à foudre. En installant sur le toit de sa maison une haute tige métalique, il piège la foudre et la guide jusqu’à la terre par un fil conducteur.
La foudre n'est pas compliquée mais... elle ne se comporte pas en mer comme sur la terre parce que la surface de l'eau est tout aussi attirante pour la foudre qu’un mat métallique. Elle a encore moins de raisons de préférer le mat quand la mer est agitée et offre d'inombrables effets de pointes avec la multiplication de vagues déferlantes.
« Ce genre de choses, ça n'arrive jamais ! ». Ça n’arrive PRESQUE jamais.
Et puisque j’ai cité l’inventeur du paratonnerre, c’est l’occasion de rappeler aux kitesurfers que la première démonstration de Monsieur Franklin pour appâter la foudre fût réalisée avec un cerf-volant.