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François Gabart et Armel Le Cléac’h caracolent toujours en tête d’une flotte qui bénéficie de bonnes conditions de navigation.
Au classement samedi, à 5 heures du matin, François Gabart possédait 1,4 mille d’avance sur Armel Le Cléach. Le skipper de Banque Populaire était en passe de franchir la sixième porte des glaces Nouvelle-Zélande devant celui de Macif, décalé 25 milles plus au sud. Les deux inséparables bénéficiaient toujours de bonnes conditions météo avec des vents de secteur Ouest de plus de 20 noeuds qui les propulsent entre 19 et 16 noeuds. Des vitesses qui ne permettent pas à Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) de réduire l’écart (563 milles) qui le sépare des leaders. La nuit dernière, Alex Thomson (Hugo Boss) a conforté sa place de quatrième et devance désormais Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) de 25 milles. Derrière le groupe de quatre, Jean Le Cam (SynerCiel), Mike Golding (Gamesa), Dominique Wavre (Mirabaud) et Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) campent sur leurs positions en affichant de belles moyennes au compteur entre 17 et 16 noeuds.
Deux jours de glisse
Pour l’heure, tout ce petit monde devrait être propulsé dans un flux général d’ouest. Mis à part quelques empannages, il s’agira avant tout d’être sur les réglages, de garder la toile du temps, d’accepter parfois de prendre la barre pour être plus efficace. Les écarts devraient se stabiliser plus ou moins, en tenant compte toutefois des différences de potentiel des bateaux. Mais d’ici deux jours, la situation pourrait évoluer. Le régime d’ouest à sud-ouest pourrait être cassé par le développement d’une zone de basses pressions relatives sur la route des deux premiers. Des vents faibles pourraient les attendre aux abords de la porte Pacifique Ouest, obligeant à un détour conséquent dans le nord. Ce sera peut-être l’heure des choix tactiques pour les premiers. A chaque fois que la situation s’est présentée, Armel Le Cléac’h a opté pour des trajectoires plus tendues quand François Gabart préfèrait jouer la vitesse. Mais surtout, ce serait peut-être l’opportunité pour les poursuivants de recoller. S’il venait à revenir sur les deux leaders, Jean-Pierre Dick pourrait alors se trouver dans une situation idéale : celle du chasseur à l’affût d’une faute ou d’une évolution des systèmes météo. Le Vendée Globe n’en est qu’à sa moitié. Avec l’océan Pacifique en ligne de mire, personne ne se risque à faire de plans sur la comète.
Un Indien pacifique ?
En 2008-2009, l’océan Indien s’était révélé particulièrement destructeur. En une semaine, six solitaires avaient dû jeter l’éponge. Ce furent tout d’abord Dominique Wavre, puis Bernard Stamm qui se déroutèrent sur les îles Kerguelen, le premier victime d’un problème de quille, le deuxième aux prises avec des safrans récalcitrants. Pour Bernard, l’histoire devait se terminer sur les rochers devant Port aux Français, suite à une prise de mouillage qui s’était mal terminée. Ce furent ensuite Loïck Peyron puis Mike Golding qui démâtèrent alors qu’ils étaient en train de batailler pour la tête de course. Jean-Baptiste Dejeanty, alors qu’il venait d’entrer dans l’océan Indien, annonçait alors son abandon à cause de problèmes de structures. Vint ensuite la grave blessure de Yann Elies, qui se trouvait, fémur fracturé, à devoir attendre plusieurs jours l’arrivée d’une frégate de la Marine australienne. Deux autres concurrents abandonneront encore dans l’océan Indien, Jonny Malbon, voiles délaminées, et le Canadien Derek Hatfield, suite au bris d’une de ses barres de flèches. Soit, au final, huit concurrents victimes des colères de l’Indien. A l’entrée dans le Pacifique, ils n’étaient plus que 16 sur les 30 concurrents encore en course.
Des bateaux plus fiables
Cette année, jusque là, l’ensemble de la flotte semble passer sans encombre ce premier obstacle. Bien sûr, on déplore des petites casses, mais aucune n’apparaît actuellement comme irrémédiable. Deux raisons peuvent être évoquées : d’une part, les portes des glaces ont évité à la flotte de descendre à des latitudes plus sud où la mer est souvent nettement plus formée. En 2008, la majorité de la flotte avait laissé ainsi l’archipel des Kerguelen dans son nord. Par ailleurs, le niveau de préparation toujours plus élevé des bateaux et le travail effectué sur la fiabilité des appendices et des gréements semblent porter leurs fruits. Il est encore trop tôt pour dire si l’Indien aura laissé passer toute la caravane, mais ce serait déjà une bonne nouvelle qui compenserait l’impression désagréable qu’avait laissée la descente de l’Atlantique.
CLASSEMENT
Positions du 22/12 à 5 heures : 1.François Gabart (Macif) à 10 973 milles de la ligne d’arrivée; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 1,4 mille du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) à 563,4 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 879,6 m; 5.Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) à 904,1 m; 6.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 744,4 m; 7.Mike Golding (Gamesa) à 1 919,5 m; 8.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 016,8 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 100,6 m; 10.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 861,8 m; 11.Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 3 269,7 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 470,8 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 498,4 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).