Lundi 24 décembre, 44e jour de course

Course au large
Par Figaro Nautisme

 Alors que les skippers s’apprêtent à passer Noël en mer, le chassé-croisé continue entre l’actuel leader, François Gabart (MACIF) et son dauphin, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire).

 Alors que les skippers s’apprêtent à passer Noël en mer, le chassé-croisé continue entre l’actuel leader, François Gabart (MACIF) et son dauphin, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire).

L’état de la flotte
François Gabart a repris les commandes de la course au détriment d’Armel Le Cléac’h pour la huitième fois depuis le début du mois de décembre. Du jamais vu sur le Vendée Globe. « Je crois qu’on peut déjà tirer des conclusions de ce duel. Les deux bateaux sont récents, et techniquement, sur le papier, ils sont les plus rapides. François et Armel ont les moyennes de vitesse les plus élevées, analyse Fred Duthil. On se rend compte aussi que ce sont les deux skippers les mieux préparés physiquement et techniquement, mais également les mieux entourés. Le Vendée Globe, c’est un peu comme le Figaro, il faut avoir une préparation optimale dans tous les secteurs. Il n’y a plus de place pour l’aventure, ou alors, il faut accepter de jouer derrière ». Ce mano à mano devrait encore durer un petit moment si l’on en croit les prévisions météorologiques à venir. Le vent, qui pourrait forcir jusqu’à 35 nœuds dans la journée, devrait leur permettre d’accélérer en ligne droite vers la porte Ouest Pacifique. Leur décalage latéral de 20 milles pourrait tourner à l’avantage du skipper de MACIF selon Fred Duthil. « Je pense que François (Gabart) passera la porte en premier, même si les écarts resteront infimes ». Au classement de 12h00, 11,4 milles séparaient les deux hommes.


A 515,5 milles du duo de tête à midi, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), auteur d’une belle remontée dimanche, a reperdu un peu de terrain. Mais sa route nord lui offre un angle d’attaque idéal vers la Porte Ouest Pacifique. « Son option est bonne, car il prend les deux bascules dans le bon sens et a un angle optimal pour aller vers la porte en quasiment un seul bord, souligne Fred Duthil. Les leaders pourraient tomber dans une zone critique vers le Cap Horn. Il est possible que ça profite à Jean-Pierre dans quelques jours. J’espère qu’il reviendra dans le coup ».


Derrière, Alex Thomson (Hugo Boss), qui pointait à 977,8 milles du leader ce matin, a préféré plonger au sud pour bénéficier du meilleur angle de vent possible et viser la Porte Ouest Pacifique dans un flux de nord-ouest de 20 nœuds. Toujours 5e malgré son arrêt au nord de l’île d’Auckland, Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) poursuit quant à lui ses réparations, mais se trouve sous la menace d’un front qui est annoncé sur zone autour de 15 heures. Si Jean Le Cam a réussi à faire le break avec le reste du groupe des « tontons flingueurs », Mike Golding (Gamesa), Dominique Wavre (Mirabaud) et Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) sont à la peine. Toujours dernier, Alessandro di Benedetto (Team Plastique), qui pointait ce midi à 4604 milles de Gabart, devrait bénéficier d’un bon vent de 30 nœuds toute la journée.

 


Notre analyse météo

 


Si l’ensemble des 13 concurrents navigue entre les 40e et 55e parallèles sud, l’écart reste très important en latitude entre le duo de tête et le dernier de la course distancé ce jour de 4600 milles, soit la distance qui sépare la France du Mexique. Les premiers progressent à 18 nœuds dans des vents de sud-ouest de 25 nœuds, à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et l’Argentine, tandis que Di Benedetto retrouve une bonne vitesse de progression à 15 nœuds au sud-ouest de l’Australie. Derrière, les vitesses de Dick et Thomson sont comparables. A la faveur de meilleurs angles, les écarts se resserrent parfois avec le duo de tête. Stamm quant à lui, après réparation à Auckland, pourra bénéficier du train des dépressions pour bien repartir. Cette situation favorise également le reste de la flotte qui voit ses vitesses moyennes évoluées depuis 24 heures, bien que pour certains comme Golding et Wavre la situation soit plus délicate au sud d’Hobart. Coincés entre deux dépressions, ils subissent des vents très changeants. Ce train de dépressions, qui arrive par l’arrière, va caractériser encore la situation des prochains jours pour l’ensemble des concurrents. Dans ce contexte, le podium a peu de chance d’évoluer mis à part le chassé-croisé entre les deux leaders. Il conviendra de se méfier néanmoins de la zone de transition entre les hautes pressions axées le long du 35e sud et ces dépressions sur le 60e. Ainsi au sud-est de la Nouvelle Zélande, si les cellules anticycloniques descendent plus sud que prévu l’écart entre certains concurrents du milieu de classement pourrait se creuser ou se resserrer.

 

Lundi 24 décembre : le duo de tête poursuit sa route vers la porte Pacifique Ouest qu’ils atteindront dans 30 heures. Tribord amure le plus souvent dans des vents de sud-ouest de 25 à 30 nœuds avec une houle de 4 à 6 mètres, ils continueront de progresser à 17 nœuds de moyenne grâce à la proximité d’une dépression. Positionné plus au nord et bénéficiant d’un meilleur angle malgré des vents moins forts, JP Dick pourrait gagner quelques milles sur le duo durant les prochaines 24 heures. Ce sera moins le cas pour Thomson, obligé d’effecteur de fréquents empannages. Derrière, Le Cam creusera l’écart avec ses poursuivants à la faveur de la pente de la dépression dont il bénéficiera pendant 24 heures au moins au large d’Auckland, dans des vents qui atteindront 35-40 nœuds. Pour le dernier tiers des concurrents, le flux de secteur ouest à nord-ouest sera très irrégulier en raison de la formation de petites cellules anticycloniques au sud de l’Australie.


Mardi 25 décembre : le passage de la porte pour la tête de la flotte se fera dans un vent de sud-ouest de 20-25 nœuds qui tournera ouest. Cette évolution les obligera à descendre vers le sud, avec des vitesses de progression à 17 nœuds. Derrière, Dick verra son gain de la veille fondre en raison du vent plein ouest, qui le contraindra à choisir une option nord ou sud plus longue. Ce sera une journée bénéfique au contraire pour Thomson et Le Cam, poussés par les vents forts de la dépression qui arrive derrière eux.


Mercredi 26 décembre : la proximité d’une dépression permettra aux leaders d’accroitre leur avance alors que Dick connaitra des périodes de baisse marquée du vent entre deux dépressions. L’évolution sera toujours favorable pour Thomson qui pourra revenir un peu sur Dick.


Jeudi 27 et vendredi 28 décembre : la formation d’un anticyclone au large du Chili engendrera des vents beaucoup plus irréguliers que prévu pour le groupe de tête en direction de la prochaine porte Pacifique Est. Cela ne devrait néanmoins pas remettre en cause le podium. Reste que cette situation pourrait davantage favoriser le retour de Thomson.

 

 


Nos pronostics

 


Pour le moment, aucune raison de changer notre podium. Nous tablons donc toujours sur une alternance en tête de course entre François Gabart et Armel Le Cléac’h, et sur Jean-Pierre Dick sur la troisième marche du podium.

Diaporama
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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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