Dick revient, Stamm repart

Course au large
Par Figaro Nautisme

Armel Le Cléac’h et François Gabart ne se quittent toujours pas. Jean-Pierre Dick revient dans la partie. Bernard Stamm a enfin repris le large.

Armel Le Cléac’h et François Gabart ne se quittent toujours pas. Jean-Pierre Dick revient dans la partie. Bernard Stamm a enfin repris le large.

Une nouvelle fois, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) et François Gabart (Macif) sont pratiquement bord à bord. Séparés par deux milles seulement, les co-leaders sont en parfaite harmonie : même cap au 87°, même vitesse (12 noeuds) et même stratégie pour contourner par le sud la zone de transition dépressionnaire qui les freine dans leur progression à l’approche de la dernière porte des glaces Pacifique-est.

 

Dick revient fort

 

Un schéma météo qui fait bien les affaires de Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) qui ne pointe plus qu’à 407 milles du tableau arrière de Banque Populaire. Un skipper niçois forcément ravi par la tournure actuelle des événements. « Pour une fois, l’élastique va dans le bon sens, ça fait du bien ! A la porte Pacifique-est, nous verrons où je suis par rapport aux deux premiers. On comptera les bouses à la fin de la foire comme on dit. Au cap Horn, je devrais avoir entre 200 et 300 milles de retard sur les leaders, a priori, selon les routages. Alex Thomson a pas mal de vent mais il sera obligé de tirer des bords pour passer la porte. Je ne suis pas sûr qu’il revienne trop vite dans mon tableau arrière ». 325 milles derrière Virbac-Paprec, Alex Thomson bénéficie aussi du ralentissement en tête de la flotte pour revenir dans la partie.

 

Le Cam Savoure

 

A 1 000 milles du Britannique, Jean Le Cam (SynerCiel) qui n’est inquiété par aucun adversaire, savoure l’instant présent. « La mer a changé en l’espace de 3-4 heures, c’est incroyable ! La grosse Bertha est définitivement partie par devant et la houle s’est calmée. J’ai pu renvoyer de la toile et là, c’est que du bonheur : il y a une belle lune, SynerCiel ne tape pas dans les vagues, l’hydrogénérateur charge tranquillement, le chauffage est en route. Tu passes vraiment d’un extrême à l’autre, c’est ça le Vendée Globe ! Hier, j’ai pu dormir ! Enfin ! Presque 8 heures au total. Je n’ai même pas entendu le téléphone sonner pour un rendez-vous média. Des périodes de sommeil comme ça, dans ce coin de la planète, c’est précieux ». Derrière lui, l’ambiance est un peu plus tendue entre Mike Golding (Gamesa) et Dominique Wavre (Mirabaud) qui ferraillent pour la sixième place en étant séparés que par 29 milles vendredi à 16 heures. Derrière de Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à Alessandro Di Benedetto (Team Plastique), les conditions de navigation sont très bonnes et tout ce beau monde navigue entre 16 et 12 noeuds.

 

Stamm et reparti

 

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) a repris la mer vendredi matin depuis le mouillage de la petite île de Wharekakahu, face à Allans Beach en Nouvelle-Zélande. Le skipper suisse est satisfait des réparations des fixations de ses deux hydrogénérateurs qui fournissent l’électricité du bord. « Je suis reparti. Pour l’instant, j’essaye de charger mes batteries et j’ai juste de quoi faire tourner le pilote automatique. Je suis content de ma réparation. J’ai essayé de réparer ma colonne de winch mais je l’ai déjà reperdue. A Dunedin, il y avait plusieurs parties abritées. Du coup, si les vents tournent, il suffit de faire 5 ou 6 milles. Il y avait moins de risque pour moi. Je suis fatigué, je n’ai pas arrêté du tout. Je suis usé. Je vais aller dormir parce qu’il faut que je recharge mes batteries aussi ». En reprenant la course 2 888 milles derrière Banque Populaire, Stamm n’a plus qu’un objectif : terminer le tour du monde en grappillant quelques places.

 

LES VOIX DU LARGE

 

François Gabart (Macif) : « Je ne sais pas si c’est rassurant d’être à côté d'Armel au Horn. Je pense que c’est plus rassurant d’être devant avec 200 milles d’avance, mais ça va être sympa. Maintenant, si on peut faire une différence à n’importe quel moment au niveau de la stratégie, on ne va pas se priver. (A propos du cap Horn) J’y pense déjà. C’est assez rigolo. Je suis allé faire un petit tour sur la carte pour le cap Horn pour voir comment ça se présentait, je me suis un peu renseigné sur les lieux. J’y pense, car ce n’est pas dans si longtemps que ça. C’est une belle récompense, ça fait partie des endroits symboliques et je pense que ça sera un super moment de navigation ».

 

Jean Le Cam (SynerCiel) : « Le Pacifique, on croit que c’est pacifique à cause de son nom. C’est une sombre connerie. Tout ça à cause de Magellan qui, quand il l’a traversé, n’a pas eu de vent du tout et a manqué de vivres. On dit que la mer y est plus longue…Moi, dans le Pacifique, j’ai rencontré des icebergs, et je ne suis pas le seul. Et c’est là que j’ai perdu ma quille. Alors le Pacifique, je n’aime pas. Ce qu’il y a de plus traître dans cet océan, c’est l’état de la mer. Le vent fort, ça ne me gêne pas : je prends un ris, je change de voile, c’est gérable. Mais les creux de 8 mètres, c’est ingérable. Dans le Pacifique, les systèmes s’enchaînent de manière récurrente : un front chaud (du vent et une mer rangée), un front froid (du vent et une mer désorganisée), un anticyclone et rebelote. Il faut allumer dans les fronts chauds comme le fait Jean-Pierre Dick en ce moment et faire le dos rond dans les fronts froids comme j’ai fait ».

 

Jean-Pierre Dick Virbac-Paprec) : « J’écoute les podcasts de Nicolas Canteloup dans « la revue de presque », cela me fait rire et me sort un peu de la navigation. J’écoute aussi un peu de musique. En ce moment, les chanteuses anglaises comme Adèle et Dido ont la côte à bord de Virbac-Paprec 3 ! Je vais bientôt attaquer la lecture d’Un héros, le livre de Félicité, la fille de Maurice Herzog. Je reste concentré sur ma navigation mais j’essaye d’en sortir quelques minutes de temps en temps. Les routages aujourd’hui me donnent une arrivée au cap Horn le 2 janvier en fin de journée, ou dans la nuit du 3. Je devrais l’atteindre une journée après les leaders et avec de l’avance sur mes poursuivants. La route jusqu’à ce cap mythique a l’air de rouler pas mal pour l’instant. Je ne vois pas de tempête à l’horizon ».

 

Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) : « Vue de l'extérieur, l'île Campbell était absolument magnifique. Je suis privilégié, il n’y a pas beaucoup de monde qui peut voir ce beau spectacle. Je suis très heureux. Jusqu’au cap Horn, je veux réduire l’écart. Je vais essayer d’attaquer Javier. Je suis bien sur mon bateau, on verra comment ça se passe après le cap Horn. J’aimerais bien passer près. En plus, il y a des icebergs assez proches donc il faudra faire attention. Mais bon, ce n’est pas tout de suite, ça a le temps de changer ».

 

CLASSEMENT

Positions du 28/12 à 16 heures : 1.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 8 705 milles de la ligne d’arrivée; 2.François Gabart (Macif) à 2,1 milles du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 407 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 832,9 m; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 842,3 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 2 245,8 m; 7.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 274,5 m; 8. Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 609,3 m; 9.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 826,9 m; 10.Bernard Stamm (Cheminées-Poujoulat) à 2 888,9 m; 11.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 3 589 m; 12.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 895,5 m; 13.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 705,3 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB).
 

L'équipe
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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