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Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets), actuellement 11e à 3676 milles du leader, François Gabart (MACIF), a passé la barre symbolique de la mi-parcours. L’occasion de faire le point avec le skipper joint en mer samedi matin par Figaro Nautisme.
Figaro Nautisme : Dans quelles conditions naviguez-vous actuellement ?
Bertrand de Broc : Pendant deux jours, j’ai navigué dans 15-20 nœuds de vent. Là, il y a 25 nœuds, avec des rafales à 30 nœuds, des nuages et des grains. Les conditions sont plutôt bonnes, avec un peu de houle. Ca va, mais c’est à la limite. Il y a aussi des albatros. C’est le décor typique des 40°, presque des 50° dont j’approche. Je me dirige doucement vers la Nouvelle-Zélande.
Vous avez passé la barre de la mi-parcours. Une étape symbolique ?
Je l’ai passée hier, je pensais que ça serait plus tard. C’est intéressant de savoir où on est dans le parcours. Ca me donne une idée de ce que je fais niveau course. On est à 48 jours, donc ça fait 96 jours pour un tour du monde. Ca reste à peu près correct, mais j’espère que je vais un peu améliorer ce temps sur le retour. Sur la première partie de la course, il y a eu un temps d’observation et d’apprentissage sur le bateau que je ne connaissais pas assez bien. Je n’avais navigué que 30 jours dessus avant de partir. Je le découvre petit à petit. Je devrais aller un peu plus vite maintenant. C’est un bon bateau, qui a terminé deuxième de la dernière Route du Rhum. Il a du potentiel. Je pense pouvoir en tirer un peu plus que ce que je fais actuellement.
Quel regard portez-vous sur cette première moitié de course ? Satisfait ?
Je suis moyennement satisfait. J’ai été trop prudent dans mes manœuvres ou dans mes choix car je ne connaissais pas bien le bateau. Je le voyais bien par l’informatique. J’ai les polaires du bateau. J’ai rarement été au dessus de la vitesse à laquelle j’aurais du être. Donc non, je ne suis pas satisfait, mais par contre, je suis content car je suis encore dans la course. J’aimerais pouvoir faire la deuxième moitié du parcours en me faisant plus plaisir car j’ai bien appris à manœuvrer le bateau. J’espère en tirer plus jusqu’à la fin de la course.
Dans quelles conditions de forme êtes-vous ?
Ca va super bien, je suis frais et dispo ! J’ai bien dormi ces derniers jours car j’ai navigué dans du vent régulier de 15 à 20 nœuds sous gennaker et grand voile haute. J’ai accumulé du sommeil plus que de raison et tant mieux. A partir d’aujourd’hui et pendant quatre ou cinq jours, on va avoir su vent soutenu et variable donc c’est mieux d’être en forme. Reste à bien gérer la vitesse du bateau et la course.
Pensez-vous encore pouvoir revenir sur Arnaud Boissières (Akena Verandas)?
A un moment, je pensais pouvoir revenir sur Arnaud, qui était à 400 milles devant moi. Là, il s’est échappé grâce à un toboggan de vent et compte désormais environ 800 milles d’avance. Donc si jamais il est coincé dans une molle pendant 24 heures, pourquoi pas, mais 800 milles, ça fait deux fois et demi le Golfe de Gascogne, c’est beaucoup. Après, jusqu’à l’arrivée, tout est possible. Personne n’est à l’abri d’un problème mécanique qui forcerait à s’arrêter pour réparer. Mais pour l’instant, ça fait quand même beaucoup de route à rattraper !
Suivez-vous le duel qui oppose François Gabart à Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) en tête ?
Je regarde où ils en sont quand je reçois les positions. Ils font une super course depuis le début. Ils ont placé la barre très haut dès le premier jour en poussant les bateaux à 95% de leur capacité, alors que normalement, sur un Vendée Globe, on navigue à 80-85%. Et ils continuent de le faire. Donc c’est normal qu’ils soient partis loin devant. Ils ont une bonne avance, un matelas confortable. C’est une bonne solution pour gagner des courses. Tout le monde est surpris de leur vitesse et de leur capacité à la tenir.
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