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Le jury international et indépendant, nommé par la Fédération française de voile, a disqualifié Bernard Stamm pour infraction à l'article 3.2 de l'avis de course, celui sur l'assistance extérieure. Le skipper de Cheminées Poujoulat fait appel.
Dimanche 23 décembre, Cheminées Poujoulat a dû s'arrêter au nord de l'île d'Auckland pour remettre en état ses hydrogénérateurs. Un impératif pour continuer à utliser des appareils électriques comme le pilote automatique ou la centrale météo.
Bernard Stamm juge sévérement ses hydrogénérateurs: "Ils ont été construits comme des jouets, pas comme quelque chose de sérieux. Les mecs se sont plantés, ils ont fait du Lego, les dimensions n’étaient pas bonnes, c’était trop petit, expliquait-il lors de la vacation du 1er janvier. Il faut qu’il y ait un contrôle rigoureux, ce n’est pas possible de partir avec quelque chose de si mal dimensionné. Autant de moyens mis en œuvre pour atteindre un résultat aussi médiocre, c’est à pleurer. Je suis en colère, ça m’a pompé l’existence, c’est dommage. Les emmerdes ont commencé dès le Portugal. Surtout qu’à côté le bateau va bien, 95% du bateau est nickel."
La vidéo des réparations : désespoir de Bernard Stamm
Sauver son Imoca
Après une journée de réparation, le skipper suisse remarque que son bateau dérive vers un navire scientifique également au mouillage. Lors d'une conversation VHF avec l'équipage, ce dernier lui propose d'amarrer son bateau au navire. Le concurrent accepte en raison de l'urgence de la situation "A aucun moment je n'ai demandé de l'assistance, assure-t-il. J'ai agi pour mettre le bateau en sécurité". Au moment de ressortir du cockpit, Bernard Stamm s'aperçoit qu'un membre d'équipage du navire scientifique est monté à bord et a commencé à remonter l'ancre. Le marin explique dans son rapport de mer: "Quand je l'ai vu à bord, je n'ai pas trouvé d'argument qui justifiait le fait de le renvoyer du bord."
Le jury international et indépendant, nommé par la Fédération française de voile, a estimé que "s’amarrer sur un autre bateau" constituait une première infraction. Le fait de ne pas demander "à la personne sur son bateau de quitter le bord quand il l’a découverte" en est une deuxième selon ce jury..
Le skipper de Cheminées Poujoulat a jusque jeudi matin pour demander au jury la réouverture de l'instruction (règle 66), tout comme le comité de course. Il a annoncé ce mercredi midi son intention de faire appel.
Le maudit du Vendée Globe
Le sort s'acharne sur Bernard Stamm qui a déjà connu deux Vendée Globe malheureux, en 2000-2001 et 2008-2009. Lors de sa première tentative, Bernard Stamm n'avait connu que neuf jours de course, lâché par ses pilotes automatiques. En 2008-2009, le marin entre en collision avec un chalutier dès le début de la course et doit rentrer aux Sables pour réparer. Il reprend la course, remonte au classement et s'arrête finalement à l'entrée des mers du sud. Ses safrans ont cassé et son bateau, devenu incontrôlable, est venu s'échouer aux Kerguelen.
Pour cette édition, le concurrent était parti avec une énergie communicative, répétant à qui voulait l'entendre que le gagnant ce serait lui. De fait, Bernard Stamm trustait le peloton de tête, grimpant même sur la première place du podium le 7 décembre. Une fois entré dans les mers du sud, son parcours fut semé d'embuches avec une dent cassée et donc des hydrogénérateurs récalcitrants.
Réaction de Jean Le Cam:
« Je suis remonté comme une pendule sur cette histoire-là. Pour moi, Bernard a agi en bon marin, il a tout fait pour sauver son bateau et on le pénalise !
Pour vous donner une image, c’est comme si un mec se retrouve au bord de la falaise, il risque de tomber, il y a quelqu’un qui lui tend la main et il devrait lui répondre : « ben non, parce que c’est le règlement, alors tu ne me tends pas la main », et il tombe de la falaise !
Ça me désespère. Si ce qu’a vécu Bernard n’est pas un cas de force majeure alors je ne sais pas ce que c’est. J’ai envoyé un mail au jury ce matin car on ne peut pas prendre des décisions pareilles.
Il faut se rendre compte qu’à l’avenir on ne pourra plus se porter assistance en cas de danger immédiat, de peur d’être disqualifié. Devrions-nous laisser nos bateaux aller au carton ? »
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