
Pour ce qui est du menu, la météo s’est chargée de tout. Un apéritif léger avec un temps de demoiselle pour un départ sans stress et une sortie de Manche avalée à vitesse grand V. L’entrée a été plus corsée avec une grosse dépression au large du golfe de Gascogne qui a scindé la flotte en deux, entre Occidentaux partis chercher la bascule par le Nord, et Sudistes qui réussiront à se faufiler le long des côtes Portugaises. En plat de résistance le Pot au noir a été bien indigeste pour nombre de concurrents. Pour le dessert, la longue ligne droite de « reaching » vers Bahia a favorisé les derniers nés surpuissants, qui se sont précipités vers la Caipirinha promise en guise de digestif.

Du spectacle en IMOCA
En matière de suspens, la classe IMOCA peut prétendre à quelques nominations au prochain Festival de Cannes. C’est d’abord, Alex Thomson qui heurte un OFNI et doit abandonner sa quille pour sauver son Hugo Boss et réussir à rallier le Cap Vert en grand marin qu’il est. Un coup du sort qui aurait pu donner raison à Charal le favori. Jérémie Beyou a d’ailleurs mis tout le monde d’accord sur la première moitié du parcours. Mais en voile plus qu’ailleurs il ne suffit pas d’aller vite, encore faut-il aller au bon endroit. A ce petit jeu, Charlie Dalin et Yann Eliès sur Apivia ont intelligemment contourné le bateau argenté, englué dans les calmes inextricables du pot au noir pour littéralement s’envoler vers la victoire ! A un an du tour du monde, les foilers ont définitivement pris le pouvoir en 60 pieds, seul le Banque Populaire à dérives droites de maître Le Cléac’h et de son élève Clarisse Cremer, arrivant à intégrer le top 10.
Class40 : le respect des anciens
En Class40 aussi la chance sourit aux audacieux. Si Kito de Pavant et Achille Nebout sur Made in Midi n’ont pas manqué de panache de la bouée de dégagement au pot au noir en tenant la dragée haute aux protos les plus récents, les six premières places sont trustées par des bateaux qui n’ont pas deux ans d’âge. Et c’est le dernier mis à l’eau, seulement en août, qui a eu raison. Crédit Mutuel le plan de l’architecte éponyme (David Raison !), à l’étrave de Scow, a démontré un potentiel énorme. Une vitesse à porter le record de distance sur 24 heures à 408 Miles (plus de 17 nœuds de moyenne !), à combler le retard pris dans l’option Ouest, et à afficher 100 miles d’avance insolente à l’arrivée au Brésil ! Chapeau bas Messieurs Lipinski et Hardy, même sans foils, interdits par la classe, la prime a été à la jeunesse.

Des avaries en Multi50
Seuls les Multi50 ont fait exception à la règle. Avec trois bateaux au départ, l’équation était, il est vrai, différente. Tous sont à l’arrivée, et ce sont des coups du sort qui ont décidé en grande partie d’un podium serré. Arrêt technique pour Primonial, et trou d’air sans vent pour Solidaires en Peloton-Arsep. Il n’en fallait pas plus à Gilles Lamiré et Antoine Carpentier sur GCA pour offrir une quatrième victoire sur la Transat Jacques Vabre à ce trimaran devenu mythique, aux performances boostées par l’adjonction de…foils !
