Collision en mer : la Classe IMOCA et le Pôle Mer lancent un Appel à Manifestation d'Intérêt

Course au large
Par Figaronautisme.com / IMOCA Globe Series

Le risque de collision en mer représente une inquiétude forte des skippers comme de tous les acteurs du monde maritime. Avec trois abandons sur le Vendée Globe liés à des collisions, ainsi que d’autres chocs rapportés durant la course, la Classe IMOCA œuvre pour mobiliser les compétences afin d’innover encore vers des solutions menant à plus de sécurité pour les marins et une meilleure préservation de la biodiversité.

©David Branigan/Oceansport
Le risque de collision en mer représente une inquiétude forte des skippers comme de tous les acteurs du monde maritime. Avec trois abandons sur le Vendée Globe liés à des collisions, ainsi que d’autres chocs rapportés durant la course, la Classe IMOCA œuvre pour mobiliser les compétences afin d’innover encore vers des solutions menant à plus de sécurité pour les marins et une meilleure préservation de la biodiversité.

Containers, billes de bois, glaces dérivantes, embarcations non signalées, déchets en tout genre, mais aussi animaux marins de tailles et de comportements très différents, le risque de toucher quelque chose en mer demeure une véritable épée de Damoclès pour les coureurs, mais la problématique est très complexe. Radars, AIS, caméras thermiques, effaroucheurs sonores, des équipements existent et le Vendée Globe a été, cet hiver, un nouveau galop d’essai pour un travail qui n’est pas terminé.

Depuis plusieurs mois, un groupe de réflexion, réunissant des équipes de plusieurs Classes (catégories de bateaux de courses) ainsi que différents spécialistes et réseaux comme celui d’Eurolarge Innovation, a partagé des expériences et des connaissances. A l’issue de ces échanges, la Classe IMOCA et le Pôle Mer Bretagne Atlantique ont rédigé un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI).

Pourquoi un Appel à Manifestation d’Intérêt ?

Pôle de compétitivité dédié à l’innovation maritime, le Pôle Mer réunit 350 adhérents (entreprises, laboratoires et institutions) et a pour mission d’animer cet écosystème afin de donner naissance à des projets innovants liés à la mer.

L’objectif de cet AMI est de faire appel aux différents experts afin de réfléchir, de façon plus transversale sur le sujet des collisions en mer et de proposer un ensemble de solutions permettant de détecter une cible à distance - manufacturée ou vivante, immergée ou semi-immergée - et de réduire le risque de choc à haute vitesse.

Les étapes de l’AMI :

Exposer clairement la problématique aux acteurs de l’innovation

Recenser de façon exhaustive les solutions existantes

Faire émerger des solutions :

- Interconnexion entre solutions existantes

- Collaboration avec d’autres filières

- Approches transversales entre technologies

Accompagner les porteurs de solutions dans la structuration de leur projet et dans la recherche de financement (Pôle Mer)

Proposer un terrain d’expérimentation et un premier marché (IMOCA)

« L’AMI permet de partager plus largement la problématique à la communauté afin de réunir les compétences et tester plusieurs solutions possibles. Le Pôle Mer porte désormais cet AMI publiquement auprès de son réseau. Une entreprise, française ou internationale, peut ainsi répondre seule avec un outil ou bien proposer un projet collaboratif. Le Pôle Mer accompagne alors les entreprises sur la réalisation de ce projet, » nous explique Régis Guyon, animateur dans le groupe Naval et Nautisme du Pôle Mer.

Le problème des collisions en mer ne sera peut-être pas résolu uniquement avec des détecteurs embarqués, mais avec le croisement des compétences entre des océanologues, des spécialistes de la faune, de la flore, du spatial, des mathématiques ou du transport maritime. « Nous souhaitons avec cet AMI faire collaborer des personnes qui ne l’auraient pas fait naturellement, pour voir quels projets nous pouvons faire émerger, » confie-t-il.

Il n’y aurait donc pas une solution miracle, mais une association de plusieurs systèmes qui permettent de voir, sur ou sous la mer, de près ou de loin. Chaque système aurait évidemment des avantages et des inconvénients et donc les équipes auraient la possibilité de choisir en fonction de leur stratégie.

« Rapides et, d’une certaine manière, fragiles, les bateaux de course sont susceptibles d’être accidentés plus que d’autres navires, » explique Damien Demoor (Business & Innovation Developer chez Naval Group). « Par exemple, il n’existe encore aucune solution de détection dans la zone de 0 à 10 mètres de profondeur. Beaucoup de choses peuvent être faites et le développement scientifique ira d’autant plus vite si les Classes mutualisent leurs efforts sur le sujet et rendent visibles les actions possibles. »

Instruments optiques ou acoustiques : des systèmes en développement

Aujourd’hui, des systèmes sont déjà mis en place sur les IMOCA. Parmi les plus connus, les ‘pingers’ et le système ‘OSCAR’. Sur le Vendée Globe 2020-21, une dizaine d’IMOCA avait un Pinger Whaleshield. Développé par l’entreprise australienne Future Oceans, cet émetteur acoustique, placé sur le bulbe de quille, a pour but d’éloigner les cétacés.

Olivier Adam, spécialiste en bioacoustique et professeur à l’Université Paris-Sorbonne, nous explique. « On ne peut pas parler uniquement de baleines puisqu’il existe 89 espèces de cétacés. Certains sont peureux et seront réceptifs aux ultra-sons émis par le pinger tandis que d’autres seront plutôt curieux et donc attirés vers le bateau. Il est donc difficile de savoir quand allumer ou non l’émetteur. Si on ne fait pas de bilan des espèces qui sont attirées par les bateaux, on n’y arrivera pas. Ainsi, seul le retour des skippers sur ce qu’ils voient pourra faire avancer le développement du produit. »

La moitié des IMOCA du Vendée Globe était aussi équipée d’OSCAR, un système alliant deux caméras, l’une thermique et l’autre permettant d’identifier les formes en surface. Ces nouvelles technologies prometteuses demandent encore du temps. La répétition de tests sur chaque entraînement et course pourra faire évoluer les solutions vers quelque chose de vraiment adapté à la diversité des cibles et aussi aux spécificités des bateaux en termes de poids, de miniaturisation ou de résistance aux conditions extrêmes. Selon Olivier Adam, « seule une combinaison de solutions permettra d’éviter les différentes situations de collision. Il est donc essentiel de collaborer. »

Calendrier de l’AMI « prévention des collisions en mer »

Mai 2021 : lancement officiel

Octobre 2021 : clôture des candidatures

2021-2022 : accompagnement des projets

2023 : mise sur le marché

2024 : Vendée Globe

Plus d'informations : https://www.pole-mer-bretagne-atlantique.com/fr/actualites/2719-partenariat-classe-imoca-prevention-des-collisions-en-mer

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…