
Sixièmes lors du Grand Prix inaugural aux Bermudes, quatrième à Chicago, premiers à Plymouth, les Néo-Zélandais menés par Peter Burling n’ont pas fait de quartiers dans les eaux nordiques en remportant l’intégralité des manches disputées, et donc le classement final. Les deux premiers Grand Prix ayant été dominés par les Australiens et Tom Slingsby, les nations de l’hémisphère semblent s’être fait une spécialité de ces affriolants catamarans volants de cinquante pieds. Mais contrairement à la légendaire réplique de 1852 pour la première victoire de la goélette America, il y a bien eu un second sur les eaux danoises.
Anglais Out et vent aux abonnés absents
Avec à la barre, depuis un peu plus d’un an maintenant, Quentin Delapierre, l’équipe française dirigée par Bruno Dubois, a validé à Copenhague tous les progrès qu’on lui prêtait ponctuellement depuis le début de la saison. Ce quatrième épisode de ce circuit qui prend de la consistance au fil des années avait pourtant mal commencé pour deux raisons. Lors des entrainements déjà, le foiler britannique drivé par Sir Ben Ainslie, heurtait un rocher et devait déclarer forfait pour le Grand Prix. Il n’y avait donc que neuf bateaux sur l’eau vendredi matin, premier jour de régates devant la capitale Danoise. Las, le vent avait déserté le plan d’eau d’Øresund, et une pluie fine digne d’un automne breton tombait sur des équipages désemparés. Avec des « rafales » à 3 nœuds, même les engins à voile parmi les plus performants du monde, équipés d’ailes rigides hautes de 29 mètres ne peuvent pas faire de miracles. La première journée a dû être annulée.

En constante progression
Tout s’est donc joué sur la deuxième journée et en quatre manches, trois en flotte, puis une finale entre les trois premiers au classement pour déterminer le podium. La météo était cette fois idéale avec un vent de Nord entre 12 et 14 nœuds. Dès la première manche, les Néo-Zélandais prennent d’entrée les commandes pour ne jamais les lâcher. Les Français se montrent tout de suite à l’aise et sont longtemps seconds, mais une pénalité les fera rétrograder à la sixième place. Frustrés par ce coup du sort mais rassurés sur leur vitesse et leur maîtrise technique, Quentin Delapierre et son équipage, dont son ancienne coéquipière en Nacra Manon Audinet et le nouveau régleur de voile Kevin Peponnet, sont dans le trio de tête tout au long de la seconde manche. Doublés juste avant la ligne d’arrivée par les Australiens, ils terminent quatrième, mais les progrès sont flagrants.

Une finale en forme de graal
La troisième manche décisive était donc décisive pour les deux places restant à conquérir pour la finale derrière des Néo-Zélandais intouchables. Après un bon départ dans le sillage des leaders, rapides au portant, opportunistes stratégiquement, ils sont devant à la fin du premier bord. Au prix d’une bataille homérique contre les Australiens, l’équipage tricolore termine deuxième de cette dernière manche, après avoir vu les Néo-Zélandais revenir de nulle part, impressionnants. Mais l’essentiel était acquis, les Français accédaient à la finale, pour la première fois cette saison, accompagnés de Danois comme transcendés par le fait de naviguer à domicile.

Des kiwis imépriaux
Dans cette ultime « Podium Race », les Kiwis menés par Peter Burling continuaient sur leur lancée et ne laissaient aucune chance à leurs adversaires. Auteurs d'un très bon départ les tricolores ne lâchaient rien, gardaient le contrôle sur les locaux, et laissaient éclater leur joie sur la ligne d’arrivée. En constante progression, cette deuxième place avait pour eux le goût de la victoire et du travail très bien fait. Dans trois semaines c’est l’équipe française qui naviguera à domicile sur le Grand Prix de Saint-Tropez, les 10 et 11 septembre. Ils ne pouvaient pas beaucoup mieux préparer ce rendez-vous très attendu.