Heureux, tendus, ou anxieux… une semaine de course au large dans le monde

Course au large
Par François TREGOUET

Arrivée de la course Le Cap-Rio, entrée de The Ocean Race dans le Port au Noir ou casse critique pour le leader de la Golden Globe Race, entre Pacifique et Atlantique ce n’était pas « Dry-January » sur la planète bleue.

Arrivée du Balance 526 Norhi à Rio de Janeiro - ©John Basson - Cape2Rio 2023
Arrivée de la course Le Cap-Rio, entrée de The Ocean Race dans le Port au Noir ou casse critique pour le leader de la Golden Globe Race, entre Pacifique et Atlantique ce n’était pas « Dry-January » sur la planète bleue.

Certes, avec seize voiliers cette année sur la ligne  départ, la Cape to Rio Yacht Race n’a pas l’audience d’une Sydney-Hobart, mais les grandes courses au large ne sont pas si nombreuses dans l’hémisphère Sud que l’on boude notre plaisir devant cette classique plus que cinquantenaire. Également connue sous le nom de South Atlantic Yacht Race, l’idée originelle était d’encourager les marins sud-africains à tenter des traversées océaniques. Un objectif atteint puisque les bateaux battant pavillon Sud-Africain étaient en 2023 largement majoritaires avec neuf unités au départ. Mais elle a très vite suscité un énorme intérêt international et cela reste d’actualité avec sept nationalités différentes pour seize partants. La première édition s'est élancée de Table Bay en 1971 et s’est immédiatement révélée une course passionnante car très tactique, exigeant à la fois des qualités de marin et de bonnes connaissances météo, car l’Atlantique Sud peut s’avérer un terrain de jeu redoutable. La principale récompense est ce fameux trophée de l'Atlantique Sud créé en 1971, coque stylisée de bateau,  en or et argent massif. Il reste encore trois bateaux en course mais le grand vainqueur en IRC, Atalanta a déjà repris la direction du Cap de Bonne Espérance. Mené en solitaire par Adrian Kuttel le JPK 1030 a été aux avant-postes sur toute la transatlantique et s’il est arrivé une heure derrière le First 44 ‘Ray of Light’, celui-ci termine second en temps compensé, suivi par le Brésilien Audaz II, et l'Italien Translated 9. Chez les multicoques Mocra, le Balance 526 Nohri de l’Américain Larry Folsom l’a emporté sur la ligne comme en temps compensé devant Aventureiro 4, un Outremer 51 battant Brésilien appartenant à Johann Hutzler.

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L'équipage de l'Imoca 11th Hour sur The Ocean Race© Amory Ross - 11th hour

The Ocean Race au ralenti

Alors que les concurrents de la « Cape2Rio » profitent des plaisirs de la cité carioca, les cinq Imoca engagés dans The Ocean Race doivent affronter les calmes stressants du Pot au Noir. Leader de cette deuxième étape, le Biotherm de Paul Meilhat a forcément été le premier à ressentir l'influence de la Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZCIT) tant redoutée des marins. Mais il n'a pas fallu longtemps à ses poursuivants pour tomber dans les affres d’une météo imprévisible et aux calmes interminables. Alors dimanche en fin de journée, tout le monde tournait au ralenti, même Team Malizia qui, dernier à entrer dans la molle, a comblé une partie de son retard, passé de 230 milles à tout juste 100 milles nautiques en 24 heures. Le bateau Allemand est cependant le plus à l’Ouest de la flotte et pourrait tirer avantage de cette position. Partisans d’une route médiane, le trio de tête Biotherm, Team Holcim-PRB et 11th Hour Racing Team se tient dans un mouchoir de poche et les écarts se jouent surtout en latéral. A la recherche du moindre souffle, ils se livrent à une lutte sans merci dans laquelle chaque longueur gagnée ou perdue l’est au prix d’un stress et d’une dépense physique intenses par ces fortes chaleurs. A quand les alizés de l’Atlantique Sud ? Difficile d’établir encore un pronostic, mais la prochaine étape, Cape Town est encore loin, près de 4000 milles et un anticyclone de Sante Hélène à contourner par l’Ouest puis le Sud s’ils ne veulent pas à nouveau s’arrêter en chemin.

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Le Biscay 36 de Simon Curwen avec à l'arrière le régulateur d'allures qui vient de le trahir - © B Gergaud - GGR2022

Coup du sort avant le Cap Horn

De l’autre côté du continent Sud-Américain, et bien plus au Sud, il n’y a aucun lieu où s’arrêter pour le leader de la Golden Globe Race (GGR). Pourtant le Britannique Simon Curwen apprécierait certainement un mouillage paisible pour se pencher sur son régulateur d’allures défaillant. Il a en effet informé ce vendredi la direction de course qu’au sortir d’une dépression assez creuse, au cours de laquelle il a dû affronter des vents jusqu’à 40 nœuds, la mèche de la partie immergée du régulateur de son Biscay 36 avait cédé sous les coups de boutoir des vagues. Devant l’impossibilité de réparer une telle pièce en mer, le skipper continue sous tourmentin et barre amarrée le temps de la réflexion. Difficile, voire impossible, de l’imaginer retrouver les Sables d’Olonne sans régulateur. Réussir à réparer avec les moyens du bord ou effectuer une escale technique une fois le Cap Horn contourné pour réparer en Amérique du Sud et poursuivre en classe Chichester semblent être les deux seules alternatives possibles. Alors qu’il possède encore une confortable avance de plus de 1000 milles, ce coup du sort pourrait rebattre les cartes et ouvrir la voie à ses deux poursuivants Abhilash Tomy et Kirsten Neuschäfer séparés de seulement 50 milles l’un de l’autre.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…