
Certes, avec seize voiliers cette année sur la ligne départ, la Cape to Rio Yacht Race n’a pas l’audience d’une Sydney-Hobart, mais les grandes courses au large ne sont pas si nombreuses dans l’hémisphère Sud que l’on boude notre plaisir devant cette classique plus que cinquantenaire. Également connue sous le nom de South Atlantic Yacht Race, l’idée originelle était d’encourager les marins sud-africains à tenter des traversées océaniques. Un objectif atteint puisque les bateaux battant pavillon Sud-Africain étaient en 2023 largement majoritaires avec neuf unités au départ. Mais elle a très vite suscité un énorme intérêt international et cela reste d’actualité avec sept nationalités différentes pour seize partants. La première édition s'est élancée de Table Bay en 1971 et s’est immédiatement révélée une course passionnante car très tactique, exigeant à la fois des qualités de marin et de bonnes connaissances météo, car l’Atlantique Sud peut s’avérer un terrain de jeu redoutable. La principale récompense est ce fameux trophée de l'Atlantique Sud créé en 1971, coque stylisée de bateau, en or et argent massif. Il reste encore trois bateaux en course mais le grand vainqueur en IRC, Atalanta a déjà repris la direction du Cap de Bonne Espérance. Mené en solitaire par Adrian Kuttel le JPK 1030 a été aux avant-postes sur toute la transatlantique et s’il est arrivé une heure derrière le First 44 ‘Ray of Light’, celui-ci termine second en temps compensé, suivi par le Brésilien Audaz II, et l'Italien Translated 9. Chez les multicoques Mocra, le Balance 526 Nohri de l’Américain Larry Folsom l’a emporté sur la ligne comme en temps compensé devant Aventureiro 4, un Outremer 51 battant Brésilien appartenant à Johann Hutzler.

The Ocean Race au ralenti
Alors que les concurrents de la « Cape2Rio » profitent des plaisirs de la cité carioca, les cinq Imoca engagés dans The Ocean Race doivent affronter les calmes stressants du Pot au Noir. Leader de cette deuxième étape, le Biotherm de Paul Meilhat a forcément été le premier à ressentir l'influence de la Zone de Convergence Inter-Tropicale (ZCIT) tant redoutée des marins. Mais il n'a pas fallu longtemps à ses poursuivants pour tomber dans les affres d’une météo imprévisible et aux calmes interminables. Alors dimanche en fin de journée, tout le monde tournait au ralenti, même Team Malizia qui, dernier à entrer dans la molle, a comblé une partie de son retard, passé de 230 milles à tout juste 100 milles nautiques en 24 heures. Le bateau Allemand est cependant le plus à l’Ouest de la flotte et pourrait tirer avantage de cette position. Partisans d’une route médiane, le trio de tête Biotherm, Team Holcim-PRB et 11th Hour Racing Team se tient dans un mouchoir de poche et les écarts se jouent surtout en latéral. A la recherche du moindre souffle, ils se livrent à une lutte sans merci dans laquelle chaque longueur gagnée ou perdue l’est au prix d’un stress et d’une dépense physique intenses par ces fortes chaleurs. A quand les alizés de l’Atlantique Sud ? Difficile d’établir encore un pronostic, mais la prochaine étape, Cape Town est encore loin, près de 4000 milles et un anticyclone de Sante Hélène à contourner par l’Ouest puis le Sud s’ils ne veulent pas à nouveau s’arrêter en chemin.

Coup du sort avant le Cap Horn
De l’autre côté du continent Sud-Américain, et bien plus au Sud, il n’y a aucun lieu où s’arrêter pour le leader de la Golden Globe Race (GGR). Pourtant le Britannique Simon Curwen apprécierait certainement un mouillage paisible pour se pencher sur son régulateur d’allures défaillant. Il a en effet informé ce vendredi la direction de course qu’au sortir d’une dépression assez creuse, au cours de laquelle il a dû affronter des vents jusqu’à 40 nœuds, la mèche de la partie immergée du régulateur de son Biscay 36 avait cédé sous les coups de boutoir des vagues. Devant l’impossibilité de réparer une telle pièce en mer, le skipper continue sous tourmentin et barre amarrée le temps de la réflexion. Difficile, voire impossible, de l’imaginer retrouver les Sables d’Olonne sans régulateur. Réussir à réparer avec les moyens du bord ou effectuer une escale technique une fois le Cap Horn contourné pour réparer en Amérique du Sud et poursuivre en classe Chichester semblent être les deux seules alternatives possibles. Alors qu’il possède encore une confortable avance de plus de 1000 milles, ce coup du sort pourrait rebattre les cartes et ouvrir la voie à ses deux poursuivants Abhilash Tomy et Kirsten Neuschäfer séparés de seulement 50 milles l’un de l’autre.