
L’incontournable skipper Italien Giovanni Soldini et ses six hommes d’équipage, poussés par une concurrence de plus en plus acérée en MOD70, ont remporté l’édition 2023 de la RORC Transatlantic Race en très exactement 5 jours 5 heures 46 minutes 26 secondes, battant le précédent record d'un tout petit peu moins de 17 heures (1h 59’ 37’’). Si un vent portant et soutenu tout le long des 3000 milles nautiques du parcours a permis ce nouveau temps de référence, la mer forte a fait souffrir le grand trimaran et l’équipage Italien peut être fier d’avoir réussi à rester devant ses concurrents malgré notamment des soucis de dérive et de safran. Avec plus de quarante transatlantiques à son compteur Giovanni a beaucoup de recul et d’humilité sur la vie de marin. Pourtant, il n’est pas loin de penser que cette deuxième victoire consécutive en quatre participations sur la RORC Transatlantic Race frise la perfection, tant en termes de trajectoire que de leadership imposé au reste de la flotte. Il ne concède n’avoir commis qu’une seule petite erreur peut-être, tout au départ des Canaries, lorsqu’il est parti chercher une brise thermique qui s’est évanouie avant que Maserati n’arrive.

Mod70 émulation
Pourtant, derrière le trimaran Italien les autres MOD70 présents n’étaient pas venus faire de la figuration, à l’image du Snowflake de Frank Slootman qui avait à bord le très expérimenté Gavin Brady. Même s’ils ne s’étaient pas engagés sur une course aussi longue depuis pas mal de temps, ils ont sû mener leur bateau à son maximum même dans les conditions les plus musclées. Idem pour Zoulou à bord duquel l’expérimenté Erik Maris, grand spécialiste du multicoque mais plutôt inshore, effectuait sa première course transatlantique. Une rude épreuve du feu pour le navigateur Français, mais qui, épaulé par un équipage de haut vol dont un certain Loïck Peyron, a vu la victoire lui échapper en restant bloqué sous un nuage sans vent, un aléas irréparable quand les concurrents sont tellement rapides. Mais voler littéralement à plus de trente nœuds pendant de longues heures « est une expérience incroyable » confirme Erik, qui avait du mal à lâcher la barre. Il termine satisfait de sa belle troisième place et salue très sportivement la performance de Maserati et Snowflake.

Les jeunes Polonais en pole
Derrière le trio de trimarans, c’est le VO70 I Love Poland, skippé par Grzegorz Baranowski qui a franchi la ligne d'arrivée devant la marina Camper & Nicholson Port Louis, à Grenade en tête de la flotte monocoque. En moins de neuf jours, le jeune équipage entièrement Polonais remporte le trophée IMA Transatlantic. Neuf des équipiers présents à bord avaient moins de 35 ans et le navigateur, Konrad Lipski n'a lui que 27 ans mais déjà une expérience et un palmarès impressionnants. Après une première participation test l’an dernier, Baranowski est revenu avec encore plus d’ambitions cette année, pour hisser avec fierté le drapeau Polonais sur la plus haute marche du podium. Dans les conditions de vent plutôt soutenues de cette édition 2023, son équipage a fait parle la puissance de son VO70 conçu pour le tour du monde mais dont l’ambiance sur le pont est toujours aussi humide.

Grande vitesse et émotion
Après I Love Poland, quatre voiliers ont passé la ligne d’arrivée en l'espace de neuf heures seulement. L'IMOCA Canada Ocean Racing (CAN) a terminé la course à Grenade à l’aube mercredi matin. Une belle performance pour le Candien Alan Roberts épaulé de Scott Shawyer qui, en double, a pu mener son 60 pieds à un rythme encore plus élevé qu’en solitaire. Il a été rejoint dans le port seulement deux heures plus tard par Toby Clarke, dont le Swan 115 Jasi s’est comporté, pour sa première « au-delà de ses espérances » selon les propres termes du skipper. Dépassant par moment les 20 nœuds, il a mené l’élégant voilier à son maximum, finissant 13h devant le superyacht My Song, un objectif personnel qu’il s’était fixé. C’était ensuite au tour du Botin 56 Black Pearl, avec Stefan Jentsch à la barre, d’être fêté comme il se doit. Heureux d’avoir surmonté toutes les difficultés techniques rencontrées, le skipper Allemand souligne la performance exceptionnelle réalisée sur les sept premiers jours au cours desquels ils ont tenu une moyenne de 15.5 nœuds. En fin d’après-midi, c’est le NMYD 54 Teasing Machine d'Eric de Turckheim qui s’est présenté devant la marina de Port Louis à Grenade. Une fois sur le ponton, le bonheur du Vice-Commodore Français du RORC faisait part de son enthousiasme : "Pour moi, c'est probablement la course la plus incroyable que j'aie faite, au portant tout du long, à fond tout le temps. C'est juste incroyable d'être capable de tenir une vitesse constante de 20-22 nœuds pendant 9 jours. Cette météo est magique. En arrivant sur la ligne d'arrivée, j'étais très ému, j'ai presque pleuré parce que ce ne sont pas des individualités qui nous ont permis de réussir cette RORC Transatlantic Race, mais un esprit d'équipe extraordinairement bon."