America's Cup - Bluegame s'associe à American Magic

La contrainte est parfois force d’innovation, et le protocole de la 37ème Cup qui se disputera à Barcelone l’an prochain a rempli d’enthousiasme ingénieurs et architectes navals. Il contient en effet l’obligation pour chaque équipe de se doter d’un bateau d’assistance (chase boat ou tender pour les anglo-saxons) écologique. Compte tenu des vitesses de près de 50 nœuds atteintes par les voiliers de la Cup dits AC75, cela passe forcément par une forte dose d’innovations. Mais, exception à la traditionnelle règle de territorialité qui prévaut habituellement au sein de la plus ancienne compétition à la voile du monde, et qui oblige chaque équipe à tout produire en son pays, il est stipulé qu’exceptionnellement, des entreprises d’autres nations peuvent être sollicitées.
Un projet Américano-Italien
Comme on attend peut-être Candela aux côtés du défi Français puisqu’ils sont déjà associés au sein du Team France de SailGP, on aurait pu imaginer la marque du groupe San Lorenzo s’associer aux Italiens de Luna Rossa. Mais ces derniers ont choisi une autre voie technologique, non encore dévoilée, et c’est donc avec American Magic, qui défendra les couleurs du New York Yacht Club que les grandes lignes du projet ont été posées en seulement deux mois. Et c’est un projet particulièrement ambitieux puisque l’on parle ici d’un catamaran à foils propulsé par un moteur dont l’énergie est produite grâce à l’hydrogène, capable d’atteindre une vitesse de 50 nœuds. Il s'agit donc d’une avancée technologique majeure, puisque totalement neutre en émission, pour le chantier naval d'Ameglia, dont le PDG n’est autre que Carla Demaria bien connue en France pour avoir dirigé un temps le groupe Bénéteau.
La fine fleur de la technologie transalpine
Si le chase boat dessiné pour la Cup sera bien plus extrême que les modèles de série produits à court terme par Bluegame, aucun doute que des transferts de technologie s’opéreront au fil du temps. Aux côtés de la gamme actuelle BGX, bientôt complétée d’une gamme BGM, est attendue prochainement la série BGF, avec un ‘F’ comme foil bien sûr. En attendant, la mise à l’eau et les premiers essais devraient avoir lieu cet été, soit tout juste un peu plus d’un an avant le début des épreuves sur le plan d’eau Catalan. Le projet réunit la fine fleur de l’industrie italienne, que ce soit dans le domaine de l’architecture navale, des foils, avec notamment Caponnetto-Hueber, des moteurs électriques de haute technologie, de l’électronique de précision et bien sûr du composite carbone. Mais au-delà des hautes vitesses, le challenge étant également d’atteindre les 200 milles d’autonomie, seule l’énergie hydrogène a semblé capable d’atteindre ce double objectif avec fiabilité.
50 nœuds et zéro émission
Dans cette optique, le chantier italien s’est associé avec EODev (Energy Observer Developments) qui met à sa disposition toute l’expérience acquise à bord du premier navire à hydrogène autonome en énergie verte, le catamaran Energy Observer. EODev intégrera donc la nouvelle génération de REXH2® à bord du tender rapide de l’équipe Américaine. Plus précisément, ce sont deux piles à combustible REXH2 qui viendront alimenter deux batteries de 63kWh chacune, chaque ensemble étant installé dans les flotteurs avec leurs réservoirs d'hydrogène. Le dispositif alimentera deux moteurs d'une puissance totale de 400 kW qui devraient permettre à l’engin d’atteindre la vitesse cible de 50 nœuds, nécessaire au suivi d’un AC75. Décollant dès 24 nœuds, le chase boat de Bluegame, libéré de toute contrainte hydrodynamique, atteindra ensuite très vite une vitesse de croisière de 30 nœuds. Ses réservoirs permettant d'embarquer 33 kg d'hydrogène compressé à 350 bars, lui donneront suffisamment d'autonomie pour parcourir jusqu'à 180 milles nautiques à 25 nœuds. La mise à l'eau est prévue à l'été 2023, avec une présentation lors du Cannes Yachting Festival en septembre. Décidément, tant à bord des AC75 que de leurs tenders, les nouvelles technologies permettent d’atteindre des niveaux de performance jugés récemment encore inaccessibles, avec qui plus est une empreinte environnementale minime. Le futur est en marche, « en avant toute » même !