Thomas Coville, les mots pour le dire

Par Figaronautisme.com
carte de la course Arkea Ultim en direct

LA QUARANTE-TROISIÈME NUIT. Chacun se rapproche de ses objectifs : Éric Péron (5e) et Anthony Marchand (4e) du cap Horn, Armel Le Cléac’h (3e) et Thomas Coville (2e) de l’équateur et Charles Caudrelier (1er) progresse dans l’Atlantique Nord. Les positions sont inchangées, l’occasion de revenir sur certaines réflexions – enrichissantes et rafraîchissantes – signées Thomas Coville.

Bientôt, parce que tout a toujours une fin, ce tour du monde sera terminé et il laissera place à d’autres aventures. Il est encore temps de savoir ce qu’il en restera, l’intégralité des émotions qu’il suscite ne sera vraiment connue qu’à l’issue des arrivées, du classement, des larmes, des retrouvailles.

Il reste encore quelques jours à résister pour le premier et un peu plus pour les autres. Mais avant, il convient, pour tous ceux qui suivent à terre les péripéties de ces hommes pas comme les autres, de profiter de l’instant. De savourer leurs réflexions, leurs agacements, leur capacité à se dépasser et à résister toujours.

« On est tout le temps en prise »

En matière de bons mots, Thomas Coville s’est déjà distingué. Le skipper n’est pas seulement cartésien, ingénieur et athlète, il est conteur, auteur et philosophe. Ces expressions réjouissent parce qu’elles n’ont jamais vocation à briller devant une assistance mais à comprendre, avec tout ce que cela comporte de doutes et d’introspection, ce qui fait que ces mecs-là filent à travers les mers du globe. Hier, le skipper de Sodebo a ainsi savouré un lever de soleil qu’il a partagé en vidéo : « un des moments les plus paisibles et les plus esthétiques de ce tour du monde. C’est pur, photogénique, facile ». Un peu plus tôt, Thomas disait apprécier « ce tronçon qui est doux comme une nuit brésilienne».

Il sait expliquer les tourments qui agitent les marins sur ces bateaux, notamment le fait de ne jamais pouvoir se relâcher. « On est tout le temps en prise, confiait-il à des journalistes hier après-midi. Il n’y a pas un quart d’heure où je ne fais pas quelque chose d’autre. Ce sont des bateaux plus fragiles, plus exigeants, on acquiert une maturité technique au fil des jours ». Un peu plus tôt, Thomas assurait : « j’ai toujours eu l’impression d’avoir donné tout ce que j’avais dans les tripes ».

Il y a également des constats atemporels. D’ailleurs, les marins ont conservé leur incroyable capacité d’adaptation. « Elle a toujours été une part intégrante de notre sport, des bricoles de Bernard Moitessier, de l’inventivité d’Yves Parlier ou de Loïck Peyron, ça fait partie de l’ADN des coureurs au large ». Il y a aussi ce qui fait le sel de cette aventure-là, la compétition, la confrontation et pour lui ce ‘match dans le match’ avec Armel Le Cléac’h depuis les mers du Sud.

« C’est une course, rappelle-t-il en effet. On se jauge, on se juge, on se compare, on s’étalonne… C’est un danger parce qu’il faut être capable de faire sa course dans la course sans regarder ce que font les autres. Ça met de la tension et de la pression ! » Il s'agit aussi d'une manière de dire qu’il faut continuer à tenir et à s’employer jusqu’au bout. Thomas a eu une autre formule qui dit tout et qui met un peu de poésie au cœur des embruns : « on ne peut pas faire grand-chose contre le temps qui passe ».

LE POINT SUR LA COURSE. Armel et « la zone sans vent »

Les positions et les forces en présence n’ont pas énormément évolué depuis la veille. Charles Caudrelier continue de progresser dans l’Atlantique Nord. Il pointe à 300 milles au Sud de l’archipel des Açores, lui qui avançait à une vingtaine de nœuds ces dernières 24 heures. Face à la dépression à proximité de la zone d’arrivée, Charles pourrait temporiser. «Il est possible qu’il nous partage sa décision d’ici demain matin », précise Guillaume Rottee de la direction de course. Le skipper du Maxi Edmond de Rothschild s’est montré très prudent ces derniers jours, ce qui accrédite l’idée d’une route plus « safe ».

Derrière, au large des côtes brésiliennes, plus de 800 milles séparent Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) d’Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI). À noter qu’Armel « a du mal à s’extirper d’une zone sans vent et à retrouver du vent stable et régulier, précise Guillaume. Difficile de savoir pour l’instant quand il va retrouver de la vitesse ».

Chez les deux qui sont dans le Pacifique, le cap Horn est en approche ! Anthony Marchand (Actual Ultim 3) est à 380 milles de l’atteindre. « Ce sera une délivrance », confiait-il hier. « Il devrait le franchir cette nuit (entre 23h et 1h du matin, heure française) dans un flux de secteur Ouest, Nord-Ouest soutenu et une mer assez formé », ajoute Guillaume. Lors des deux derniers jours, Éric a gagné 150 milles sur Actual Ultim 3. Hier, le skipper d’ULTIM ADAGIO se targuait d’avoir un bateau « quasi à 100% de son état de marche ». Il est attendu au cap Horn demain en fin de matinée, début d'après-midi.

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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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