Route du Rhum 2022 : Class 40, 55 heureux élus plus une liste d'attente

Pour tenter d’expliquer cet engouement, il faut sans doute remonter le cours de l’histoire. En 2005, des skippers décident de créer une classe intermédiaire entre Figaro et Imoca. La marche était haute financièrement et techniquement entre le bateau monotype du Groupe Bénéteau, véritable vivier à talents de la course au large française, et la cour des grands que constitue la classe des Imoca de 60 pieds. Comme nombre des initiateurs ont fait « prépa-mini », ils s’inspirent de la jauge des célèbres 6.50, et déterminent pour leur nouvelle Class40, ce que les anglo-saxons appellent une « box-rule ». En dehors de quelques limites de matériaux et règles d’équipement visant à limiter les coûts (quilles fixes et pas de foils par exemple) et assurer la sécurité, l’architecte est libre de son dessin tant que le bateau s’inscrit dans une boîte virtuelle de 12.19m de long (40 pieds), 4.50m de large, 3m de tirant d’eau et 19m de tirant d’air. Une jauge relativement simple, mais qui, appliquée avec rigueur, a permis de de limiter l’inflation des budgets, a conquis nombre de skippers, tout en permettant des avancées architecturales majeures comme les étraves de type scow. Testées sur des minis, validée en Class40, elles conquièrent aujourd’hui les Imoca par le surcroît de performance qu’elles apportent.
Dès la Route du Rhum 2006, ils sont ainsi 25 au départ de St Malo, dont beaucoup sont issus, comme prévu, de la classe Figaro, à l’image des deux premiers, Phil Sharp et Gildas Morvan. Un podium bien à l’image de la Class40, plus internationale que beaucoup d’autres catégories. Huit ans plus tard, c’est d’ailleurs l’Espagnol Alex Pella qui l’emporte à Pointe à Pitre. Entre temps, en 2010, les 40 pieds ont confirmé leur statut de fournisseur officiel de la classe Imoca en sacrant Thomas Ruyant devant Nicolas Troussel. Enfin, lors de la dernière édition de 2018, c’est le talentueux Yoann Richomme qui s’impose en 16 jours et 03 heures, assez nettement devant Aymeric Chappelier et le revenant Phil Sharp. Ils étaient alors 52 sur la ligne de départ, un record qui sera forcément battu puisque pour cette édition il y a d’ores et déjà 55 inscrits, et que d’autres patientent frénétiquement sur liste d’attente.
Alors forcément, avec un plateau aussi fourni que relevé, livrer un pronostic relève de l’impossible. Ou alors il faut en citer plusieurs, à commencer par le tenant du titre, Yoann Richomme qui, dans l’attente de son futur Imoca, revient pour gagner sur un plan Lombard, flambant neuf lui aussi. Son Paprec-Arkea de 40 pieds, est le sistership du Queguiner-Innoveo de Corentin Douguet de son ami Corentin Douguet. Ce dernier venant de remporter la première grande course de la saison, les 1000 milles des Sables, devant Ian Lipinski (Crédit Mutuel) et Axel Tréhin (Project Rescue Ocean), nous avons déjà là, quatre prétendants pour seulement trois marches sur le podium. Si on y ajoute les animateurs de la saison 2021 à commencer par l’excellent Crosscall d’Aurélien Ducroz, l’Edenred d’Emmanuel Le Roch, HBF-Reforest’action du Montpelliérain Kito de Pavant, La Boulangère Bio d’Amélie Grassi, le Redman d’Antoine Carpentier, le Volvo de Jonas Gerckens, quatrième de la dernière Transat Jacques Vabre, et Banque du Leman de Valentin Gautier encore absent des inscrits officiels, nous voilà avec une douzaine de noms cochés.
Vous y ajoutez une pincée de bateaux neufs avec de sérieux clients à la barre dont Luke Berry (Lamotte Module Création), Mikael Mergui (Centrakor) ou encore le Figariste émérite Xavier Macaire (Groupe Snef), une poignée d’Italiens talentueux (Ambrogio Beccaria, vainqueur de la Mini 2019 en série, et Alberto Bona), quelques surprises parmi les néo-pros ou les amateurs éclairés, et nous voilà fort dépourvu lorsque l’heure des paris fût venue. Mais comme il y a des skippers en liste d’attente pour obtenir l’une des 18 précieuses invitations délivrées par l’organisateur, on va se laisser le temps de réfléchir encore un peu. Après tout, il reste des courses à courir devant les larges étraves d’ici au mois de novembre pour juger. En attendant, pour s’échauffer, on peut parier sur l‘architecte du bateau vainqueur : VPLP, Verdier, Manuard, Lombard ou Raison ? Pas sûr que cela soit plus facile…