Route du Rhum 2022 - Imoca : abondance de prétendants ne nuit pas
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Mais avant de parler de l’avenir, jetons un coup d’œil dans le rétroviseur. Fondée en 1991, donc au retour du premier Vendée Globe, c’est d’abord une classe de skippers, et non d’armateurs comme les Ultims. Présidée depuis 2017 par Antoine Mermod, l’ancien Team Manager est le seul non-skipper avec Charles Euverte de DMG Mori du conseil d’administration d’une classe, dont les objectifs sont clairs : développer, internationaliser, sécuriser innover, rendre la plus compétitive possible cette flotte de monocoques de 60 pieds dits, Open. Le succès quadriennal de la course phare qu’est le tour du monde en solitaire et sans escale, irradie toutes les autres compétitions auxquelles les Imoca participent. La Route du Rhum étant une légende à elle toute seule, la réunion de ces deux stars ne pouvait qu’être une réussite. Pourtant, ce n’est qu’en 2010, que les Imoca forment une classe à part entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre. Ils sont alors neuf skippers très affutés au départ d’une édition remportée par Roland Jourdain. Même numerus clausus quatre ans plus tard, mais cette fois c’est un certain François Gabart qui arrive le premier en Guadeloupe. En 2018, c’est la ruée vers les Antilles, avec pas vingt inscrits. S’endormant au mauvais moment, le Britannique Alex Thomson voit la victoire lui échapper, au profit de Paul Meilhat sur SMA. Privé de Vendée Globe faute de partenaire, il revient encore plus fort cette année, avec cette fois le Vendée Globe 2024 en ligne de mire et un sponsor associé à la légende du Rhum, la marque de cosmétique Biotherm pour avoir soutenu dans les années 80, une certaine Florence Arthaud.
Le tenant du titre aura cependant fort à faire, puisqu’ils seront une petite trentaine cette fois au départ. Aux 27 officiellement inscrits révélés le 6 avril, devraient s’ajouter une poignée d’invitations dans cette classe qui ne manque pas de prétendants. En effet, la course aux milles qualificatifs fait rage pour le prochain Vendée Globe, dont l’édition 2024-2025 prévoit d’accueillir 40 skippers, et qu’il y aura des déçus. Prioritaires lors des inscriptions, les bateaux neufs seront au moins au nombre de six dans le bassin Vauban en novembre prochain. Outre le nouveau bateau de Paul Meilhat, sistership du Linkedout de Thomas Ruyant, et actuellement en construction en Italie, on compte : Jérémie Beyou qui étrennera son tout nouveau Charal, Sam Davies avec Initiatives Cœur sur les plans de Sam Manuard car construit dans les moules de L’Occitane, Boris Herrman sur Malizia Sea Explorer, ce qui pourrait annoncer que l’Allemand renonce à courir The Ocean Race en équipage, Kevin Escoffier aux commandes, forcément, d’un tout nouveau PRB, et enfin Maxime Sorel, sur son nouveau plan Verdier à la décoration de feu.
Tous ces nouveaux bateaux fraîchement sortis de chantier espèrent bien sûr des conditions clémentes pour leurs premiers milles en solitaire et en course. Mais la traversée automnale du Golfe de Gascogne peut être tempétueuse et la violence des dépressions fait partie de la légende du Rhum. Alors ceux à la barre de montures récentes mais fiabilisées feront figure de favoris en cas de basses pressions. On pense en premier lieu à Charlie Dalin, pour sa dernière course sur son fantastique Apivia, avant d’en céder la barre à Clarisse Cremer. Thomas Ruyant, vainqueur de la dernière transat Jacques Vabre tentera lui aussi de mener une dernière fois son Linkedout à la victoire avant de toucher son nouveau bateau. Louis Burton, l’une des révélations du dernier Vendée Globe, aura désormais parfaitement en main l’ancien scow noir d’Armel Tripon. Nicolas Troussel espère lui vaincre le signe indien qui semble poursuivre son puissant plan Kouyoumdjian Corum l’Epargne.
Vous pensez avoir à coup sûr le prochain vainqueur de la Route du Rhum parmi cette dizaine de skippers ? Ce serait oublier ceux qui ont changé de monture ou optimisé leur fidèle destrier. Car nous n’avons pas encore évoqué ni Romain Attanasio, ni Arnaud Boissières, pas plus qu’Isabelle Joschke, Pip Hare, Fabrice Amadeo ou Benjamin Dutreux. Et puis il y a quelques absents encore sur cette liste. On voit ainsi mal Yannick Bestaven, sur son tout nouveau Maître Coq, ne pas bénéficier d’une wild-card Idem pour le Suisse Alan Roura, qui vient de mettre à l’eau son joli Hublot. Même si le noir de la coque n’est plus relevé de rose mais de jaune, on y reconnait les traits caractéristiques d’un bateau à haut potentiel, l’ancien Hugo Boss d’Alex Thomson. Et qui sera à la barre du précédent Charal inscrit sous le nom de BeYou Racing ? Allez pariez sur un podium avec une telle liste de couples skippers-bateaux au top de leur forme…