François Gabart sur SVR-Lazartigue : « Où est la limite exactement ? Je ne sais pas ! »

Par François Tregouet

A la sortie du port de Concarneau, sur l’immense trampoline de son trimaran bleu, François Gabart s’est arrêté quelques instants pour répondre aux questions de Figaro Nautisme.

A un mois du départ de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, le skipper de SVR-Lazartigue fait figure d’épouvantail au sein de la catégorie Ultim. Son trimaran volant impressionne. Particulièrement innovant, le dernier-né a forcément l’un des plus gros potentiels de la flotte. Mais ostracisé par la classe officielle et donc privé de confrontation directe avant la grande classique automnale, la grande question est de savoir à quel niveau de performance se situe son étonnante fusée bleue face à ses concurrents.

Un an après la mise à l’eau du trimaran SVR-Lazartigue où en êtes-vous de son développement ?

"Ce n’est pas fini, nous avons encore beaucoup de travail. Nous sommes dans cette pente où on progresse beaucoup. On apprend sur le bateau en termes de performance et on le fiabilise à chaque navigation. Mais on n’est pas encore « au vent de la bouée » comme on dit chez les marins, c’est-à-dire qu’il reste du travail. C’est passionnant et très excitant de vivre ça, c’est une période assez fascinante. Il reste encore un mois avant la Route du Rhum, donc on essaie de rester concentrés, de profiter de toutes ces prochaines navigations pour continuer à progresser."

Quelles vitesses avez-vous atteint, et à quel pourcentage de potentiel du bateau estimes-tu en être ?

"C’est très difficile à évaluer. Aujourd’hui le bateau est capable de faire des pointes de vitesse assez extraordinaires et on arrive à tenir des moyennes à plus de quarante nœuds « assez facilement », même si je ne suis pas sûr que le terme soit le bon (sourire). Mais même en arrivant à ces bonnes moyennes on sent bien qu’il y a beaucoup à faire, et donner un pourcentage, ce serait donner une limite au bateau, et aujourd’hui je suis vraiment incapable de situer ce 100%. On sent qu’on n’y est pas encore, mais où est la limite exactement, je ne sais pas."

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© Photo François TREGOUET - MULTI.media

Quid de l’exercice en solitaire sur ce bateau par rapport à la génération précédente ?

"C’est assez différent je pense. Il y a certaines choses qui sont beaucoup plus faciles. Le bateau en termes d’ergonomie, de sécurité me correspond mieux. C’est un bateau qui est un petit peu plus lourd, donc les efforts sont peut-être un peu plus importants mais par contre c’est un bateau qui a plus de stabilité en vol et qui du coup nécessite peut-être moins d’actions du bonhomme pour les réglages, même si une fois encore, je ne connais peut-être pas encore tout le potentiel. Donc il y a sans doute des choses que je ne connais pas encore et qui nécessiteront plus de travail pour moi en solo. Toujours est-il que j’ai un bon feeling, je me sens bien avec ce bateau. C’est un vrai plaisir aussi de naviguer à nouveau en solitaire et c’est là peut-être le plus important, le plaisir de gérer cette machine tout seul, essayer d’en tirer la quintessence."

Comment décrirais-tu les conditions de vie à bord ?

"On vient de croiser les Imoca qui reviennent d’entrainement, et bien honnêtement, on va être 138 bateaux au départ de Saint-Malo, je ne veux pas dire que les Ultim sont les bateaux les plus confortables mais pas loin je pense. Alors évidemment, ça va très vite, il ne faut pas se leurrer, ça tape, ce sont des bateaux qui sont exigeants, mais néanmoins je pense que ça fait partie des bateaux les plus confortables, à l’intérieur on est très bien protégé et on est assez peu secoué par rapport à de plus petits bateaux."

Vous avez développé des systèmes spécifiques pour le solitaire ?

"On travaille beaucoup sur tout ce qui est ergonomie, et puis il y a bien sûr le pilote sur lequel on travaille en permanence. On a d’ailleurs mis à jour ce matin une nouvelle version de logiciel. Et même pendant la course on continuera, sans faire de développement, à chercher les bons réglages."

A un mois du départ de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe, que reste-t-il justement à faire sur le bateau ?

"Grosso-modo, le bateau est, prêt, on pourrait partir demain, mais on peut toujours faire mieux ! Si on devait partir demain... je regarde autour de moi, non il n’y a pas de gros freins."

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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