Route du Rhum - Destination Guadeloupe : toutes les réactions au report du départ

" C'est toujours difficile de se mettre à la place du Directeur de Course, mais il porte la responsabilité d'envoyer ou non 138 marins sur l'Atlantique Nord, au mois de novembre, avec un premier front très actif, très tôt, et clairement si j'avais à me projeter face à cette situation, ça ferait parti des scénarii possibles de reporter et je comprends très bien cette décision quand je vois la situation ce matin. On peut comprendre aussi le débat que ça va ouvrir "Est-ce qu'aujourd'hui, dès qu'il y a du vent, on ne donne plus le départ" mais dans 15 jours, quand la flotte sera arrivée en Guadeloupe, on aura oublié cette décision. Par contre, s'il y a des disparus en mer, on ne l'oubliera pas. Aujourd'hui, la Route du Rhum et toutes les courses océaniques ont statistiquement très peu d'accidents graves. Là on réunit pas mal d'éléments pour en avoir, entre une flotte nombreuse, une dépression très tôt, avec peu d'abris possibles, et donc je pense que c'est une décision assez sage aujourd'hui que de décaler le départ et je la comprends très bien, pour que, comme le dit si bien la SNSM, l'eau de mer n'ai jamais le goût des larmes. "
« C’est probablement une sage décision et je trouve que c’est une décision courageuse aussi. Parce que ce n’est pas simple de décaler un départ. J’essaie de me mettre à la place de la Direction de Course et il y a forcément beaucoup d’enjeux, beaucoup de choses prévues demain (dimanche) avec ce départ. J’imagine qu’il beaucoup de déception aussi pour le public, les partenaires qui étaient venus nombreux pour le départ. Je pense malgré tout qu’il ne faut pas que la déception soit trop importante, parce qu’il y aurait pu y avoir beaucoup de déception avec un départ donné et inéluctablement de la casse et des problèmes qui seraient apparus dans les 24 ou 48 premières heures de course. On a la chance cette année d’être très nombreux au départ, ça amène aussi certaines contraintes. On aurait pu aussi donner le départ et puis chacun individuellement se débrouille en tant que marin, et on sait faire, néanmoins il n’y a pas la place dans les ports en Manche pour abriter 140 marins. Il y a la place à Saint-Malo mais ce n’est pas si évident, il faut une organisation de Route du Rhum pour trouver la place pour 140 bateaux. Et donc voilà, je pense que c’est raisonnable, sage et courageux d’avoir reporté ce départ de quelques heures. »
« Je pense que c’était la bonne décision. C’est sûr que les gens dans leur salon ne vont pas forcément être contents parce que selon le point de vue on peut avoir une autre appréciation, mais la grosse difficulté de ce départ dimanche c’était que la flotte n’avait pas de possibilité de se mettre à l’abri de façon certaine. Le seul port c’était Roscoff et il n’a pas la capacité à accueillir tout le monde, et donc on aurait eu une situation très compliquée avec des bateaux en attente devant Roscoff, qui rentrent dans la nuit. Saint-Malo ce n’est pas évident non plus parce qu’il y a les écluses. SI la flotte avait eu le temps de passer la pointe Bretagne et s’était répartie dans les différents ports autour de la pointe Bretonne, la sécurité aurait été garantie pour tout le monde, mais là ce n’était pas le cas, et je suis très content que la sécurité ait pris le dessus sur les enjeux politiques, médiatiques et économiques. Donc pour moi c’est une décision de bon sens, et je salue l’organisateur et le directeur de course. »
« C’est la première fois mais il en fallait une, donc voilà, c’est cette année. Des Vendée Globe, des Transat Jacques Vabre ont été retardés. Ce n’était pas arrivé à la Route du Rhum, ça l’est maintenant, c’est comme ça. Je crois que Francis Le Goff avait toutes les cartes en mains pour prendre une bonne décision, et je pense qu’il a pris la bonne avec l’ensemble des partenaires, de chaque classe notamment qui a exprimé sans doute son impression, sa vision des choses. Je crois qu’en bon marin, à un moment donné il faut savoir prendre les bonnes décisions »
« Il faut faire confiance à Francis Le Goff. Le Directeur de Course est là pour prendre des décisions. C’est évident que je suis content d’avoir deux jours de plus de préparation, parce que dans mon cas personnel, le bateau est très récent. Il aurait fallu y aller on y serait allé, mais on nous dit de ne pas y aller on n’y va pas. C’est vrai que ça paraît assez costaud et qu’il n’y a pas beaucoup d’échappatoires. Au regard de la flotte de 138 bateaux, c’est quand même compliqué à gérer, avec des vitesses différentes et sans échappatoires, ça obligeait beaucoup de bateaux à naviguer dans des conditions violentes, dans les DST à Ouessant, en enchaînant des bords de près de nuit à Ouessant avec du vent et de la mer très forte, et avec beaucoup de bateaux, cela stressait beaucoup les gens. »
« Je suis surprise, vraiment, je ne m’attendais pas à ce qu’ils décident cela. J’étais très inquiète pour le départ. Personne ne peut voir cette météo en se disant qu’il n’y aura aucun problème. Je pensais qu’il y aurait beaucoup de problèmes, donc je comprends donc très bien pourquoi ils ont pris cette décision. Je ne sais pas vraiment ce que je ressens, certes je suis soulagée de ne pas avoir à affronter cela, mais je ne suis pas sûre à 100% que ça sera vraiment mieux mercredi. Donc nous verrons. »
« C’est une décision qui s’est imposée un peu naturellement. C’est toujours une décision difficile à prendre, on ne va pas se le cacher, car il y a un gros impact de réorganisation de l’évènement, mais au final, nous étions unanimes sur le sujet, donc nous sommes contents de la décision que nous avons prise. Ce n’est pas un incident de course parce que la course n’est pas partie, mais on va dire que c’est un incident d’évènement et c’est comme ça qu’on va le traiter. On va organiser les bassins, faire rentrer ceux qui sont déjà sortis. Il n’y aura pas de parade ou de navigation pour compenser le départ de demain, parce que les conditions seront quand même assez fortes. Elles auraient permis de donner un départ s’il n’y avait pas eu le problème météorologique par la suite mais elles restent quand même bien musclées. Maintenant on va travailler à trouver la meilleure fenêtre météo pour lancer le bon départ. »
« Ça va être mon sixième départ de Route du Rhum. On doit être deux ou trois à avoir vécu 2002 dans les concurrents présents ici. Il doit y avoir Francis Joyon, Thomas Coville et moi. Je n’avais pas envie de revivre 2002 en 2022. Nous (NDLR la classe Rhum Multi) avions décidé il y a deux jours de temporiser, de prendre le départ demain 6 novembre comme prévu et de rentrer immédiatement après Fréhel et de repartir ensemble mardi soir ou mercredi matin. Donc voilà, pour nous la décision elle ne change pas grand-chose. La seule chose qui change c’est que pendant notre arrêt ici le compteur de la course ne va pas continuer à tourner puisque ça va être pour tout le monde pareil. En tous cas, je crois que c’est une décision sage et bien reçue et bien prise par Francis Le Goff qui a pris une décision difficile compte tenu de toute l’organisation de la course aussi bien à terre que sur l’eau, c’est pas facile. Je pense qu’il a pris une décision en bon marin, c’est un directeur de course en bon marin et on ne peut que l’en féliciter. »
« Le départ de la Route du Rhum prévu demain est reporté. Les dernières prévisions pour la journée de lundi se sont en effet dégradées et nous aurions reçu près de 60 noeuds au plus fort du passage du front et des vagues de 7 mètres. J’ai toujours pensé qu’un départ de course ne doit pas être reporté si les conditions de mer permettent de prendre le départ et que c’est à chaque marin de prendre sa décision d’y aller ou pas, de s’arrêter ou pas. L’océan est l’un des derniers espaces de liberté dans notre société du principe de précaution permanent.
Mais je mesure aujourd’hui le hiatus entre la théorie et le réel car je salue la décision de la direction de course. L’effet de groupe en aurait entraîné certains à y aller et à ne pas s’arrêter, j’en aurais sans doute fait partie car mon bateau est solide, mais il y aurait eu de la casse et probablement des accidents. Tous les bateaux de la flotte ne sont pas assurés, les ports de la Manche ne pouvaient pas accueillir la flotte (le port de Roscoff a reçu 90 demandes de places pour un arrêt et ne pouvait pas faire face). Les enjeux ne sont pas uniquement philosophiques mais humains, économiques et sportifs. Il faut savoir accepter avec humilité et laisser passer le coup de vent. Nous devrions partir mardi soir ou mercredi. »