Route du Rhum – Destination Guadeloupe : départ reporté ! Les raisons d'une sage décision.

De mémoire de marin on ne se souvient pas d’un départ de Route du Rhum retardé. C’est en revanche arrivé sur la Mini-transat et sur la Jacques Vabre. C’est prévu aux instructions de course, et depuis quelques années, l’organisateur a même la possibilité d’avancer le départ. Mais ce qui avait toujours prévalu jusqu’alors sur la mythique transat en solitaire c’est la règle numéro 1 en course : « La décision d’un bateau de participer à une course ou de rester en course relève de sa seule responsabilité. » La météo pouvait s’annoncer de très mauvaise comme en 2002 - hécatombe chez les trimarans Orma – ou plus récemment, en 2018, quand la flotte Ultim avait été sérieusement touchée et la plupart des Rhum Multi s’étaient abrités dans des ports Bretons après le départ.
Mais cette année il y a 138 bateaux au départ, et comme on l’a vu à Saint-Malo, les accueillir dans un port n’est pas simple. Comme le mauvais temps va arriver très vite, dès la nuit de dimanche à lundi, seuls les ports de la côte Nord-Bretonne peuvent constituer un abri sûr. Problème, ils sont peu nombreux et n’ont pas d’immenses capacités d’accueil. Or plusieurs classes s’interrogeaient ces dernières 48 heures sur la possibilité d’un choix commun de, certes prendre le départ dimanche à 13h02, mais de retourner ensuite s’abriter une fois la marque du Cap Fréhel passée, pour éviter le passage du front. C’est une possibilité qui semblait avoir emporté la décision chez les Rhum multi, et une question qui se posait, sans avoir encore été tranchée, chez les trimarans de cinquante pieds Ocean Fifty et les Class40, soit les plus volages et les plus petits bateaux de la flotte. Chez les Imoca, la pression des milles de qualification en vue du prochain Vendée Globe est telle, que de nombreux skippers ont pour objectif premier de finir cette Route du Rhum, faisant passer la performance et le classement après. On peut regretter cette position qui va à l’encontre de l’intérêt sportif de la présente Route du Rhum, mais c’est ainsi, et cela aurait pu conduire là-aussi nombre de skippers à faire le choix de s’arrêter dans un port Breton. Car s’arrêter dans un rayon de 150 milles nautiques après le départ n’est pas pénalisé par le règlement, hormis le temps perdu.
Outre le risque météo pour les personnes et les bateaux, priorité numéro un de l’organisateur, tous ces facteurs cumulés auraient pu mener à une situation très délicate à gérer dans les ports d’escale possibles, la course aurait pu perdre beaucoup de son intérêt sportif, et devenir illisible pour le public.