Interview : Sam Davies dresse le bilan d'une année réussie de bon augure pour le Vendée Globe

Sam, quel bilan tires-tu du Retour à la Base ?
Un très bon bilan ! J’avais l’impression de ne pas avoir disputé de vraie course en solitaire depuis très longtemps et je voulais être à la hauteur de mon bateau. Grâce au Retour à la Base, je constate que je n’ai pas oublié l’exercice, au contraire. Tout ce que j’ai appris en équipage et en double cette saison m’a permis d’améliorer mes performances en solo. Le travail paye. Le Retour à la Base a été très intense, engagé, rapide. J’ai été à fond du début à la fin. Sur l’eau, j’ai tenu une vitesse moyenne de plus de 18 nœuds, c’est fou. Il n’y a jamais eu de pause, j’étais constamment au contact d’autres bateaux, souvent à vue. Je suis heureuse d’avoir pu me bagarrer avec des marins comme Damien Seguin, Boris Herrmann, Louis Burton ou Nicolas Lunven. Durant les quatre derniers jours, j’ai vécu des conditions similaires à celles des mers du Sud avec du vent très fort et une grosse mer. J’ai pu pousser le bateau. J’ai bien géré les manœuvres et les choix de voiles. J’ai également réussi à régler les petits soucis techniques rencontrés sans perdre trop de terrain sur mes concurrents.
Plus globalement, quel regard portes-tu sur ta saison 2023 ?
J’ai disputé quatre épreuves en double avec trois co-skippers différents : la Guyader Bermudes 1000 Race avec Damien Seguin, la Rolex Fastnet Race avec Nicolas Lunven puis le Défi Azimut et la Transat Jacques Vabre avec Jack Bouttell. Nous avons à chaque fois terminé dans le Top 5. J'en suis fière compte tenu du niveau de la flotte, très relevé en IMOCA avec notamment 40 bateaux engagés dans la catégorie sur la Transat Jacques Vabre. J’ai fait une belle saison 2023. Elle avait d’ailleurs commencé par une étape de The Ocean Race, dans les mers du Sud avec Biotherm, l’IMOCA de Paul Meilhat. Au final, je termine à la 4e place des IMOCA Globe Series (le Championnat de la classe, NDR), ce qui démontre une belle régularité.
Sur le volet solidaire, nous avons sauvé 21 enfants à l'occasion de la Transat Jacques Vabre ce qui porte le nombre d'enfants opérés grâce au projet à 384 et nous rapproche du cap 500 qui est notre objectif pour le prochain Vendée Globe.
Comment te sens-tu à moins d’un an du départ du Vendée Globe ?
C’est bon pour la confiance de finir la saison de cette manière. J’ai appris plein de choses sur mon bateau et j’ai pu voir qu’il est très solide, je n’ai eu aucun problème structurel. Je sais que je peux attaquer sans souci, c’est essentiel dans la perspective du Vendée Globe. Avec l’équipe, nous avons identifié quelques points à améliorer en vue du tour du monde. Nous aurons deux transatlantiques pour valider nos solutions. L’échéance du Vendée Globe approche, dans un an je serai dans les mers du Sud
Initiatives-Cœur est entré en chantier. Comment vas-tu occuper la trêve hivernale ?
Je vais faire un debrief des performances et un point technique avec l’équipe pour bien identifier les points à améliorer sur Initiatives-Cœur à l’occasion de ce chantier hivernal. Je vais aussi profiter de cette pause pour rendre visite aux équipes de nos sponsors Les Chocolats du Cœur, K·LINE et VINCI Energies. D’ici à la remise à l’eau, prévue en mars, je vais également faire beaucoup de préparation physique. Je m’impose une pause en janvier, je vais essayer de ne pas aller voir le bateau. C’est important de savoir déconnecter pour retrouver l’envie de retourner sur l’eau. Je vais aussi mettre à profit ce temps pour me consacrer au volet solidaire du projet puisque je vais partir en mission humanitaire pour Mécénat Chirurgie Cardiaque en Afrique de l'Ouest. L'objectif est de témoigner du formidable travail des médecins et des équipes de l'association. J'étais déjà partie en mission en 2018 et ça me tient énormément à cœur car en naviguant on lève des fonds pour Mécénat Chirurgie Cardiaque et cette mission est une plongée au cœur de l'action de l'association. On se rend plus que jamais compte de la nécessité d'aider ces familles dont les enfants souffrent de malformations cardiaques pour qu'ils puissent se faire opérer en France.