Le Mégalodon : mythe ou réalité ?

Par Nautisme.com

Dans le folklore des monstres marins, il en est un qui ferait pâlir le monstre du Loch Ness : le Mégalodon. Imaginez-vous un grand requin blanc. Maintenant multiplier sa taille par le double, voire le triple (et faites de même pour sa dentition). N’oublions pas le poids, situé entre 50 et 60 tonnes. Voilà à quoi ressemble ce mastodonte marin. Mais a-t-il réellement existé ? Là réside le mystère...

Des récits troublants

Porté disparu depuis 2.6 millions d’années selon les spécialistes, des récits marins existent ainsi que des faits inexpliqués qui alimentent le folklore quant à l’existence du Mégalodon. Nous nous intéresserons à trois faits troublants.

Les dents et la morsure sur le Rachel Cohen

En 1954, un navire, le Rachel Cohen, se trouve dans les eaux indonésiennes, à Timor exactement. Un choc violent se produit, et on pense à ce moment que l’agitation de la mer pourrait être la cause de ce choc violent.

Toutefois, les marins retrouvent une dizaine de dents dans la coque, de taille moyenne entre 8 et 12 centimètres. Et l’empreinte d’une morsure dont le diamètre est de 2 mètres… Des ichtyologues de l’époque estiment la taille de l’animal marin à 24 mètres. Toutes ces mesures correspondent à un requin d'une taille gigantesque, et le Mégalodon semble être le premier à venir en tête de la liste des suspects.

Cela accrédite-t-il la thèse de l’existence du Mégalodon ? Non car : la taille est estimée par rapport aux connaissances de l’époque, et on ne peut conclure de dents et d’une trace de mâchoire à l’existence du Mégalodon. On ne peut exclure la possibilité qu’il s’agisse-là d’un requin blanc à la taille anormalement grande.

La dent retrouvée en Nouvelle-Calédonie

Plus troublant, la découverte d’une dent par Bernard Seurat au large de la côte Victoria, en Nouvelle-Calédonie. Elle est, selon le chercheur, fraîche et très peu fossilisée. Il confie la dent à un collègue du CNRS, Philippe Janvier, auquel il a fait ces déclarations. Serait-ce alors la preuve de l’existence actuelle du mastodonte, carnassier marin ? Pas tout à fait : au plus, il pourrait s’agir d’un spécimen qui aurait survécu plus longtemps que la date admise de la disparition du Mégalodon. Quant à l’existence actuelle, rien n’est moins certain.

Un grand blanc happé par un super-prédateur

Enfin, un autre événement troublant s’est produit dans les eaux australiennes. L’équipe de Dave Riggs équipe, en 2013, des requins blancs afin de cerner leur mode de vie. Ils retrouvent une balise appartenant à un de leur requin, sur une plage et sans son propriétaire.

On peut penser alors que, d’une manière ou d’une autre, l’étiquetage de la balise n’a pas tenu, et que le requin s’en serait débarrassé. Toutefois, en examinant le dispositif, l’équipe voit que le requin, la veille de noël, fait une plongée spectaculaire de 600 m (fait très inhabituel) et que la température passe subitement de 7°C à 26°C. La seule thèse possible est que le requin ait été tiré vers les fonds marins. Et l’écart brutal des températures est imputé au passage de la balise dans le système digestif du super-prédateur.

Même si on peut considérer que le grand blanc est un grand prédateur, celui-ci ne faisait que 3 mètres de long, et les chercheurs ont estimé qu’un animal marin de 2.5 tonnes auraient pu s’en repaître. Nous sommes donc très loin des 50 tonnes du Mégalodon.

La thèse actuelle des scientifiques

Pour les scientifiques, le Mégalodon vivait près des côtes et préfèrait les eaux chaudes et de surface. On aurait pu supposer que le Mégalodon ait survécu tant de siècles dans les profondeurs, ce qui expliquerait le manque de témoignages crédibles, mais les rares preuves de son existence ne coïncident pas avec cette théorie.

Il est permis de penser que le Mégalodon se serait adapté aux fonds-marins toutefois. Ceci ne fait que repousser le problème. Car au vue des dimensions, il aurait fallu que le Mégalodon ait une alimentation colossale, comme des dauphins ou des baleines. Or, il a rarement été constaté des morsures pouvant appartenir à un super-prédateur tel que le Mégalodon sur ces mammifères.

De plus, la faune marine dans les profondeurs n’a pas de grands spécimens (à notre connaissance) et est plutôt l’apanage de poissons certes étranges, mais de tailles modestes. Ce qui ne pourrait permettre, en principe, à un Mégalodon de survivre. A moins qu’il se soit rationné pendant des millions d’année. Mais à ce titre, on peut soulever cette question : ressemblerait-il toujours à ce grand requin effrayant ? Le doute est plus que permis.

Pour conclure, il est vrai qu'un faible pourcentage des océans est connu des scientifques, et il y a encore beaucoup à explorer... Cela peut nourrir le doute, entretenir la crainte (l’espoir ?) de grands prédateurs qui auraient survécu des milliers d'années, dans le plus grand secret.

Diaporama
une mâchoire supposée de Mégalodon Wikimedia
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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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