La Solitaire du Figaro : l'échappée belle
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Sur l'eau, le moindre petit décalage peut créer de gros écarts. Xavier Macaire (Groupe SNEF) l'avait bien anticipé la nuit dernière. D'entrée de jeu, il se positionne à l'ouest, sous le vent de la flotte et tient fermement sa position. Un entêtement heureux puisque Xavier est le premier skipper à aborder la pointe occidentale des Cornouailles au lever du jour, avec près de 20 minutes d'avance sur ses concurrents. Dans une brume à couper au couteau, hors de portée d’AIS, le sablais ne pouvait pas se douter que, plus au sud, se fomentait une tentative plus cavalière.
Alors que le groupe principal s'élance au plus près des côtes anglaises, Maël Garnier (Ageas – Team Baie de Saint-Brieuc) et Philippe Hartz (Marine Nationale – Fondation de la Mer), tous deux bizuths, emmenés par l'irlandais Tom Dolan (Smurfit Kappa - Kingspan) choisissent de faire bande à part et de passer entre le DST de Land's End et l'archipel des Scilly. “Tout le monde a lofé et j’ai décidé de rester sur ma route. J’ai fait ce que j’avais décidé au départ, c’est-à-dire de ne pas me laisser influencer et ça a l’air de payer” détaillait Philippe Hartz à la VHF ce matin.
L'option s'avère effectivement fructueuse : les trois mousquetaires, en bénéficiant d’un petit peu plus de pression, sont les premiers à s'élancer vers le Fastnet avec, de surcroît, un confortable petit matelas d’environ 7 milles sur les partisans de la route nord. Cet avantage certes confortable ne leur permettra pourtant certainement pas de dormir sur leurs deux oreilles durant les prochaines heures.
Tom Dolan dispose toutefois d'un autre atout dans son sac à bouts. En effet, celui qui a été désigné par ses pairs comme marin irlandais de l'année 2020 connaît assez bien l'endroit pour y avoir enseigné la voile à Baltimore, cité balnéaire éclairée chaque nuit par la lumière du phare. Un avantage que Tom préférait pourtant relativiser hier avant le départ : "Je me sens souvent bien quand je vais au Fastnet, j'ai l'impression de rentrer chez moi, ne serait-ce que pour entendre* les prévisions météorologiques avec un bel accent irlandais, en sachant que les Français ne comprendront rien ! Cela dit je ne pense pas avoir une connaissance locale supplémentaire, ou alors ce sera léger, et la plupart de ces gars sont, eux aussi, venus ici plusieurs fois."
Pour rappel, les marins de la Solitaire du Figaro n’ont pas directement accès, à bord, aux fichiers météo. En revanche, depuis les bateaux accompagnateurs, la direction de course émet deux fois par jour (à 9h et 21h) un bulletin actualisé. Enfin, les concurrents peuvent capter à l’approche des côtes et comme n’importe quel plaisancier, les informations diffusées par les Cross locaux via leur VHF.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site METEO CONSULT. Et pour suivre la course en direct, consultez la cartographie de La Solitaire.