L'Île de Vancouver : une nature pacifique et ses défis particuliers
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Premier défi : le fort courant de marée. Ici les passages les plus étroits se transforment en rapides turbulents avec des courants à deux chiffres plusieurs fois par jour ! Comme il est difficile pour les bateaux à faible puissance de négocier ces rapides, il est essentiel d'arriver à l'étale. Dans la mesure du possible, prévoyez l'étale de jusant ou de flot pour que le courant soit favorable le long de votre parcours.
Le nombre stupéfiant de grumes est un autre challenge. L'exploitation forestière est une industrie importante en Colombie-Britannique, et les billots détachés, dont certains sont pratiquement submergés, peuvent mettre hors d'état un petit bateau. Il faut donc être constamment à l'affût.
Les remorqueurs qui touent des milliers de grumes dans un énorme barrage peuvent avoir besoin de tout le chenal pour manœuvrer. Il vous faut dans ces circonstances, surveiller la VHF dans les chenaux étroits et attendre votre tour après que le dernier navire en sens inverse ait profité de la fin de la marée pour passer.
Attention : les grands car-ferries, qui se déplacent à grande vitesse ici, traversent souvent les canaux en oblique. Ils ont toujours le droit de passage, une faveur dont ils ont bien conscience !
Dès que vous vous serez suffisamment éloignés de l'île de Vancouver pour entrer dans le détroit de la Reine-Charlotte, le brouillard sera votre énième défi. Souvent épais le matin, il vous faudra garder un œil sur l'AIS, le radar, les pêcheurs à proximité, les ferries et les bûches. Heureusement, la plupart du temps, le brouillard se dissipe en milieu d'après-midi.
Un peu de répit dans l’archipel de Broughton... ou presque !
Un vent favorable et vous naviguerez à 25 milles à l’intérieur des terres en remontant le Tribune Channel, fjord enclavé entre d’immenses falaises rocheuses. Mais attention aux baleines grises et aux dauphins à flancs blancs du Pacifique qui passent en groupe et traversent tout le chenal !
Le pays des ours
La Colombie-Britannique compte un grand nombre d'ours noirs, et l'impressionnant grizzly (Ursus arctos horribilis, ou ours brun) se trouve dans plusieurs bras de mer : Knight, Rivers et Bute. Il est étonnant de constater que la plupart sont timides face aux humains - nous sommes pour ces colosses le plus dangereux de tous les prédateurs. Si vous êtes impatient d’apercevoir ces mammifères, il vous faudra guetter au moins jusqu’à Rose Harbour…
Après avoir traversé le célèbre détroit d'Hécate pour rejoindre les îles de la Reine-Charlotte depuis le continent de la Colombie-Britannique, dirigez-vous vers la baie Sac, étroite et enclavée, entourée de collines abruptes, à proximité de l'île montagneuse de Moresby.
En voilier, difficile de naviguer
Une chose pour laquelle le Nord-Ouest n'est pas réputé, c'est la bonne navigation. Les vents sont souvent légers et variables, en particulier dans les zones les plus protégées et les plus appréciées des croisiéristes. La blague qui court est que la plupart des voiliers de passage ont encore leur bôme, ce qui semble plutôt vrai !
Ce n'est vraiment pas un hasard si le chalutier à moteur est le bateau de prédilection pour le Nord-Ouest. Mais, lorsque le vent est favorable, la navigation parmi les pics accidentés couverts de conifères peut être magique, un peu comme si l'on naviguait dans un lac de montagne sans fin.
La côte étant très découpée et complexe, les conditions météorologiques varient beaucoup d'un endroit à l'autre. Il nous est arrivé de trouver un coup de vent au large d'un cap, et le calme à quelques kilomètres de là. Nombre de ces "zones de pincement", où le courant, la mer et le vent s'accélèrent, peuvent être féroces - ou complètement calmes, selon l'angle du vent.
Le cap Scott, au large de la pointe nord-ouest de l'île de Vancouver, le cap Cook, sur la péninsule de Brooks, qui s'avance à dix milles de la côte, et le cap Caution ont tous une mauvaise réputation. Aucun n'est plus célèbre que la barre Nawhitti, au large de la côte nord de l'île de Vancouver. Totalement exposée au nord et à l'ouest, le fond s'abaisse brusquement de 150 m à seulement 10 m, et les courants de marée se précipitent sur la barre, créant un fort potentiel de déferlement.
Avant de partir consultez les prévisions METEO CONSULT Marine !