Cantilène Cantabrique : Viveiro, Ortegal, Cedeira et traînera

L’approche de Viveiro est franche, le port niche au fond d’une baie large et profonde ouverte au Nord. Si bien que la houle d’Est, comme celle d’Ouest, rentre aisément. On peut cependant mouiller sur le flanc Ouest de la ria face à la playa de Abrela, ou sur son flanc Est devant la Playa San Julian. La houle s’atténue à l’approche de la grande digue qui, sur notre bâbord protège le port de pêche et de commerce de Celeiro. Face à nous la playa del Covas barre la baie sur plus d’un demi mille et constitue un site de mouillage très prisé et assez bien abrité. Pour nous, on embouque le chenal, pas très large, dragué à 3 mètres, qui prolonge le rio Landro et donne accès, sur bâbord, aux pontons de la Marina de Viveiro. Il vaut mieux transiter par le canal à proximité des étales, le courant peut atteindre 3 nœuds en vives eaux.

Les constructions qui bordent le quai Est imitent une station de sport d’hiver : pas terrible ! Qu’importe, l’accueil est aimable, le port offre toutes les commodités. Le Wifi ? On oublie ! Fernando Medrano le capitaine de port est affable, serviable, et francophone. A notre demande il nous indique trois adresses de restaurants et tapas dignes de confiance. On quitte donc l’ambiance moderne de ce quartier, passons devant L’hyper marché Gadis à notre droite, puis le petit marché au poison à notre gauche, empruntons sur quelques dizaines de mètres l’Avenue Cervantès en passant devant la première adresse recommandée par Monsieur Medrano. Sur une petite place en pente se pressent les tables de O’Muro, restaurant et tapas. Nous nous engouffrons à notre droite dans l’étroite rue qui longe, en contre quai, la ria.

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Viveiro la rue principale lors des fêtes Renaissance Carlos V
Changement complet de décor. Nous entrons dans la vielle ville, elle a presque mille ans. On retrouve les balcons et fenêtres à Bow Windows, les demeures renaissance côtoient celle de type Liberty. La Praza Mayor de Viveiro est honorée de la statue de l’enfant du pays Nicomedes Pastor Diaz né en 1811, journaliste, écrivain, ambassadeur, préfet. Il est coiffé de goélands Nicomedes. Quelques semaines après les punks métal hard rock, la place sera envahie par le marché et les activités d’une reconstitution historique : « Renaissance Carlos V », en habit d’époque eux aussi. On jette un coup d’œil à la deuxième adresse dans une rue perpendiculaire, c’est un restaurant sans terrasse qu’abrite une maison très ancienne. O’Asador, cela semble effectivement très recommandable et un peu chic. On continue sur la rue principale. C’est tout au bout de cette rue, sur la gauche, qu’on se décide à s’assoir à l’extérieur d’O’ Recuncho , la troisième adresse, pour se régaler de tapas, c’est tellement typique et délicieux qu’on y reviendra. On fait la connaissance des « Pimientos de Padron » qui ne sont pas les piments du patron, mais des poivrons de la ville de Padron aux confins atlantiques de la Galice. C’est excellent, ces piments, sautés à la poêle avec à peine d’huile.

O’ Recuncho: rua Pastor Diaz, 55. Tapas

O’ Asador: rua Meliton Cortinas, 15. Restaurant

O’ Muro : rua Margarita Pardo de Cela. Tapas et Restaurant.

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Praza major de Viveiro

Nous revenons par le quai, le pont de la Miséricorde enjambe nonchalamment de ses neuf arches l’ensanada du Rio Landro.  Construit dès 1225, rebâti, il a été achevé sous le règne de Carlos V en 1544. Il mène majestueusement à l’entrée principale de l’ancienne ville fortifiée : la Porte Carlos Quinto ou Castillo del Puente, édifiée en 1548 dans une pierre rustique. Quand on considère ce que dessinait Palladio à la même époque ou l’achèvement du château de Chambord la même année, on peut légitimement convenir que cette porte a des allures bien médiévales. Au fait l’avez-vous reconnu ? Carlos V, Carlos Quinto : c’est Charles Quint ! Bienfaiteur de la ville. Lors des fêtes Renaissance, Charles débarque à Cheval sur la Plage de Covas, emprunte le pont et passe sous la porte qui lui doit son nom. A propos de nom pour éviter toute confusion prononcez Vivero à l’espagnole :« BiBeyro ».

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Porte Carlos V

Viveiro est une étape charmante qui mérite qu’on s’y attarde. La ville, les plages, les mouillages, de nombreuses marches aux alentours offrant des points de vue magnifiques sur la ria et la côte. On peut y passer plusieurs jours en attendant une météo favorable pour retourner sur les côtes françaises, et, à cette occasion, c’est du bon côté du Cap Ortegal et de Estaca de Barres…

 

Le Cap Ortegal  et  ses « Aguillons », rochers déchiquetés, voient les routes de Patriot Games et PretAixte se séparer. Il faut donner du tour au Cap Ortegal, le mont Faroleiro, dont il signale la ligne de crête se jetant à la mer, s’élève à 340 mètres. Les à-pics, même vus du large, apparaissent vertigineux. Ortegal avec Estaca de Barres, situé à 8 milles plus à L’Est, constituent une sorte de barrière météorologique. Au retour nous devrons rebrousser chemin en tentant de les passer au pré dans des rafales à 30 nœuds et une mer peu conciliante. Heureusement pas très loin dans l’Ouest du Cap Ortegal se niche Cedeira.

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Cedeira, l'entrée du mouillage avec le fortin et la digue

La Ria de Cedeira, est classée B par le guide Imray « Entrée en fonction du vent quel que soit la marée », tout comme Viveiro d’ailleurs. On peut le comprendre, la ria est ouverte au Noroit. On s’engage dans la ria au-delà de Piedra de Mar, danger isolé à un mille de l’entrée. Face à nous la pointe Promontorio divise la ria : à l’Ouest la plage de Loira où se jette le petit Rio de Loira, et à l’Est la plage de Cedeira avec la rivière et le bourg éponymes. On tourne à gauche à l’abri du môle qui protège la flotte de pêche de Cedeira. PretAixte mouille alors en toute tranquillité dans des fonds de sable vasard de 3 à 4 mètres. Ideal ! Nous subirons dans ce mouillage des rafales de vent d’Est à 35 nœuds sans être vraiment inquiet tant l’endroit est sécurisant.

Sécurisant et très reposant, le paysage de Cedeira est enchanteur. C’est celui des rias altas bien sûr, mais dans la version intimiste. Les forêts d’Eucalyptus et de pin descendent jusqu’à la mer. L’eucalyptus, australien d’origine, a trouvé ici de quoi assoiffer sa voracité d’eau… Son tronc grêle que surmonte une petite houppe supporte les grands vents, ses racines plongent à plus de dix mètres et assèchent les nappes phréatiques des régions peu arrosées, aucun risque pour les réserves aqueuses de Galice ! Les deux grandes plages apaisent le paysage, en particulier celle de Loira au sud-ouest, vierge de toute habitation.

Au nord du port de pêche un petit fortin se planque dans la verdure. Tout et calme, paisible, au loin se font entendre les tronçonneuses, l’eucalyptus toujours.

Ils vont à plus de six nœuds, encouragés d’une voix puissante par le pilote du semi rigide qui les accompagne. Fin de journée à Cedeira, le Trainera de Cedeira est à l’entrainement dans la ria. Ces traineras, embarcations de plus de 10 mètres, sont propulsées vivement par des avirons. Six rameurs d’un côté, six rameurs de l’autre plus un de poupe, et un barreur aviron en main debout à l’arrière. Sur toute la côte cantabrique et basque, les traineras s’affrontent en des régates musclées. Qu’importe la météo et l’état de la mer, c’est une activité de marin, de vrai. Magnifique de les voir débouler à pleine allure, changer de rythme, virer une bouée. Mais il faudra quitter ce mouillage enchanteur pour retrouver demain Patriot Games à La Corogne, ultime but de notre croisière cantabrique.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…