Cantilène Cantabrique : à San Vicente de la Barquera nous n'irons pas... quoi que !
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C’est dimanche, mauvaise option pour rejoindre la voiture de location. Nous contournons la piste de l’aéroport par l’Ouest, une heure de marche, le double de l’option Est. Personnel serviable, office de tourisme prévenant à l’aéroport. Sur les conseils de l’aimable locutrice en français nous modifions notre programme et adoptons celui proposé par le dépliant touristique.
On commence donc par visiter la côte, première escale à Suances. Aucun regret de ne pas embouquer le chenal, ça déferle gaiement à mi-marée dans le chenal. Joli spot de surf, la petite ville n’a rien d’original. Tourisme local, maisons secondaires et petits immeubles de villégiature saisonnière.
La Côte se retranche derrière ses falaises, on la quitte légèrement pour incliner notre cap vers l’intérieur.
Santillana del Mar n’est pas au bord de la mer, il faut s’y faire ! C’est à 20 minutes de Suances et une étape remarquable sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, Santiago. Cette petite cité est remarquable. Elle a conservé intact, au fond d’une vallée les témoignages des siècles. Se côtoient des palais du 12ème siècle et des demeures 18ème qu’unissent la même pierre orangée, et, comme à Venise l’harmonie de l’ensemble est heureuse. Un tourisme bon enfant et local envahit les rues pavées et les échoppes variées. Il est recommandé de visiter la Collégiale, en face de laquelle on n’arrive pas à s’émerveiller devant un palais renaissance de bien rustique manière. En fait c’est l’ensemble et les discrètes restaurations qui participent au charme de ce village musée. On poursuit sur les chemins de St-Jacques, doublant des pèlerins à pied, ils empruntent le chemin nord cantabrique, quelques panneaux indiquent la voie ou la halte.
Pour nous la prochaine halte c’est Comillas. Surmontée par des édifices néogothiques dont le Palais Sobrenallo qui rappelle le gout de la noblesse espagnole pour le monumental et le désir de satisfaire Alphonse XII qui s’y rendait souvent. Gaudi a signé juste à côté un pavillon… à la Gaudi, qui ravit les amateurs. Descendons sur le port. Il est de taille réduite ce bassin. On s’interroge sur la présence d’une grue à son entrée. Détaillant ses alentours, on a peu de mal à imaginer : cette grue est destinée à installer des batardeaux entre les deux digues pour empêcher la houle de rentrer. Quand on disait qu’on n’était pas les bienvenus…
San Vicente de la Barquera nous y voilà. Le site est remarquable, il fait le bonheur des photographes par jour de beau temps en hiver. Au premier plan le vaste estuaire il est partagé en deux par la presqu’île, celle-ci est couronnée du château et de l’église, elle est reliée à chacune des rives par de jolis pont de pierre ; en second plan, surmontant l’ensemble, enneigés, les Pics d’Europe 2648 mètres se font hautains. Il reste encore un peu de neige mi-juin. La petite bourgade est surpeuplée de touristes. C’est marée basse et décidément là aussi pas pour notre quille. On trouve avec difficulté un parking payant. Le concierge répond aimablement « Le meilleur restaurant ? El Pescador, le deuxième sur la gauche après le pont ».
Côté rue ça ne paye pas de mine, on hésite, à l’évidence clientèle locale, on questionne « Non ici c’est pour les tapas, le restaurant c’est côté mer, oui c’est très bon ». On traverse une salle quelconque. En terrasse toutes les tables sont réservées, c’est un établissement d’habitués, ils arriveront tous après 14 heures. Toutes les tables sont prises ? Non, on arrive à nous faire une place. Personnel comme d’habitude très aimable. On s’est régalé d’une sorte de bouillabaisse réduite. On découvre le vin blanc local l’Albinero, assez sec. La note se fait discrète
EL PESCADOR Avenida los soportales, 26 San Vicente de la Barquera
Au loin dans le sud la chaine cantabrique barre l’horizon. Nous reprenons la direction de Santander en empruntant l’autoroute, il serpente à travers ces vertes collines, bois, prés et ruminants, et, par endroit, brutalement de gros complexes industriels surgissent, chimie, métallurgie, puis de nouveau vaches et moutons. Au loin la barrière Cantabrique borne le paysage.
La Collégiale de Castaneda est bien planquée. La cartographie électronique elle-même nous égare sur des chemins forestiers voire à travers champs. On décide de suivre les rares panneaux pour enfin admirer le portail roman (XIIéme). Les volumes sont parfaits, mais là aussi on peine à s’extasier devant les sculptures. La dure pierre locale orange ne permet pas les effervescentes, les exubérances, de notre calcaire charentais.
Puente Viesgo est jumelée avec Les Eyzies, France. On comprend pourquoi. La commune est truffée dans ces collines calcaires qui l’environnent de grottes qui furent occupées à la fin du paléolithique (vers -10 00 Avant J.C). On peut donc y admirer des peintures rupestres : mains ocres et alignement de points. Le site de la grotte El Castillo est très similaire à ceux du Périgord. On aura pu auparavant lors de notre randonnée, à deux jets de lance de Santillana del Mar, visiter le premier site au monde de peintures reconnues comme préhistoriques, c’était en 1879, vingt ans avant Lascaux. L’original cantabrique a un nom universellement connu : Altamira. Ces vestiges sont un témoin vivant de l’attrait de l’Homme pour cette riche région. On comprend pourquoi.