Cantilène Cantabrique : de La Rochelle à Santander
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Santander est seulement à deux cent milles du port des Minimes. En partant tôt à la marée du matin on peut espérer ne passer qu’une nuit en mer cap au 215. Ce qui fut fait avec la complicité d’une météo complaisante. Après avoir paré Antioche dans un calme blanc à l’aurore, un gentil noroit nous permet d’étrenner jusque à la fin du jour, notre très efficace gennaker coupé par Incidences, il avale sans réduire l’allure l’angle réel du vent de 90° à 150°. La rotation du vent au nord nécessite un peu d’aide suédoise dans la nuit et l’affalage de la grand-voile pour cause de houle. Tout s’accomplit avec l’atterrage sur Santander dans l’après-midi par 25 nœuds de vent d’Est, 34 heures après notre départ. Avec une bonne météo, c’est tout proche !
Parlons donc, avant tout, d’information météo
Pour préparer sa navigation à terre, que ce soit en France ou en Espagne, l’application de METEO CONSULT est particulièrement utile et très pratique. Outre les prévisions du large pour traverser le Golfe de Gascogne, pour les zones côtières sa précision (4km) et sa fiabilité sont complétées par la comparaison qu’elle offre avec d’autres fichiers (Arpege10km, GFS 27km). De plus les indications fournies sur la houle sont fondamentales, tant ces données conditionnent les possibilités de mouillage voire même l’entrée dans les ports sur la côte cantabrique : hauteur, période, direction du « swell ». En bonus un bulletin vidéo par jour permet d’appréhender visuellement l’évolution de la houle, ou d’apprendre, avec bonheur que, aujourd’hui ce n’est pas un temps à surfeur ! Sans compter les données d’éphémérides, soleil et lune, ainsi que les marées.
En cabotage le signal internet est suffisamment présent et puissant pour que METEO CONSULT puisse être consulté jusque 10 milles de la côte. Et il vaut mieux, les données météo annoncées par les stations côtières espagnoles en VHF 16, sont rares, parfois uniquement en espagnol, parfois en anglais et en espagnol, et l’officiant s’efforce de lire le chétif bulletin à une vitesse telle qu’il puisse être incompréhensible, il y parvient très bien ! Cependant à 17.33UTC le bulletin est lu lentement en espagnol et par une locutrice anglaise pour les AVURNAV.
Au large on reçoit depuis les côtes d’Aquitaine et durant longtemps sur le trajet, jusque à 50 milles de Santander, sur VHF 16, les stations françaises, très puissantes et aussi les relais des bulletins de météo France. Curieusement les trois stations Navtex : France, Angleterre, Espagne étaient significativement brouillées. Enfin si vous possédez la BLU et un abonnement sailmail, la station d’Ostende est très lisible sur 8,422 Khz et permet de récupérer rapidement les fichiers GFS 0.25°, traités à bord de PretAixte par Adrena pour le routage. BLU toujours, la station allemande de Hamburg/Pinneberg sur 7,880 Khz, elle, permet de récupérer les Fax de prévision de Houle à 24h à 08.30 et 19.13UTC, à 48H à 08.42 et 19.26UTC, à72h à 08.54 et 19.39UTC, à 96H à 09.05UTC. La sécurité et le confort à bord, en particulier pour les estomacs sensibles, dépendent de ces informations.
Dans les deux cas, à terre ou au large on aura intérêt à réactualiser le plus souvent possible les données, tant les conditions atmosphériques nous ont rappelé la méditerranée par leur extrême labilité… Comme la méditerranée, l’Espagne gasconne, elle aussi, est une montagne !
Un peu de géographie justement et quels guides emporter ?
Stricto sensu, la côte cantabrique définit la côte nord et atlantique de l’Espagne, la côte verte. Commençant depuis la frontière à l’est et jusque Bilbao le pays basque que nous ne visiterons pas, puis en allant vers l’Ouest la Cantabrie proprement dite de Bilbao à San Vicente de la Barquera en comprenant Santander, les Asturies jusque Ribadeo comprenant Gijon, et enfin la Galice Nord comprenant La Corogne et jusqu’au plus vieux phare en service dans le monde : La Tour d’Hercule, avant que de passer le cap Ortegal et de verser sur la partie Occidentale de cette même Galice qui n’est pas dans notre propos.
Côte Cantabrique : de la Gironde à la Corogne est le guide Imray distribué par Vagnon. Rédigé par Steve Pickard on y savoure le même type d’humour que celui de Rod Heikell dans ses guides grecs, italiens et de l’Océan Indien. C’est remarquablement fait, le RCC Pilotage Fundation est vraiment une institution robuste. Il y a en particulier, dans ce guide cantabrique, un classement des ports de A : « grand port accessible tout temps » à D : « Selon le vent, en général des mouillages », cela évite d’essayer de lire entre les lignes quelle est la sureté de l’escale, on comprendra plus tard pourquoi. Idem pour les hauteurs minima d’eau dans les passes et dans les ports, elles sont très clairement indiquées. L’édition en notre possession est celle de 2013, elle ne semble pas vieillie.
Bloc Marine Atlantique : En plus de mettre à jour, pour l’année en cours et pour l’administration, les documents obligatoires, il est truffé de renseignements utiles. Ce guide s’arrête à Santander sans aller plus ouest, mais il peut être pertinent en cas de nécessité de se rapprocher d’un port français ou basque espagnol. De plus avec sa cartographie il dispense d’emporter la carte C42 d’Imray. Les nostalgiques regrettent le Bloc Marine Espagne Portugal, que certaines librairies proposent toujours par internet.
La Carte C43 Imray : couvre la Côte de Santander à La Corogne, il y a des encarts pour les approches de port. Pour une fois notre Shom est dépassé qui nécessite plusieurs cartes.
Le Guide Vert : Espagne Atlantique. Edité par Michelin reste une mine d’informations et de suggestions, il vieillit sans perdre sa vitalité. Pour faire jeune et branché Bibendum a exilé en fin de volume toutes les informations générales. On le complètera à l’escale par les brochures des offices de tourisme. L’application Via Michelin, peut aider à se décider pour un restaurant.