Les plus grandes marées de l'année cette semaine : où en profiter ?
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Un phénomène physique mais aussi météorologique
Les grandes marées sont provoquées par l’attraction gravitationnelle de la lune et du soleil, laquelle s’amplifie lorsque ces deux astres sont alignés avec la Terre, ce qui est maximum dans la période des équinoxes. L’eau monte plus haut au moment de la pleine mer, et descend plus bas (et plus loin) lors de la marée basse. Ce principe physique est amplifié ou minimisé par les conditions météorologiques. Ainsi, en période dépressionnaire et ventée, les vagues monteront beaucoup plus haut, pouvant submerger le littoral, tandis qu’à marée basse, la présence d’un anticyclone favorisera une baisse encore plus marquée. On parle alors de surcote ou de décote. Quoi qu'il en soit, le « marnage » (c’est-à-dire la différence de niveau entre la pleine mer et la basse mer) est très important au moment des grandes marées (forts coefficients, dont le maximum théorique est fixé à 120), alors qu’il est faible par petits coefficients.
Un pic à 112 mercredi matin
La période des grandes marées commence dès ce lundi avec un coefficient à 105 en soirée, pour monter à 110 mardi soir puis 112 mercredi matin. Les horaires de ces marées sont assez similaires sur l’arc atlantique, de la Bretagne au pays basque, mais les différences sont notables en Manche, avec quasiment 6 heures de décalages entre l’entrée de la Manche et la côte d’Opale. Cela est lié à la progression de l’onde de marée dans le détroit de la Manche. Les marnages y sont également plus importants qu’en Atlantique (de 5 à 15 mètres en Manche contre 2 à 3 mètres sur la côte atlantique). On constate donc qu’à coefficient égal (112 au maximum partout dans le monde), des hauteurs d’eau très différentes peuvent s’observer. En conséquence, les surfaces découvertes à marée basse sont bien plus immenses en Manche. Autre effet : la vitesse du jusant (marée descendante) et du flux (marée montante) est également bien plus impressionnant en Manche, ce qui accroît le danger de ces marées. Ces dangers sont surtout liés au risque de se retrouver encerclé sur un banc de sable par la marée montante, ce qui constitue une expérience traumatisante aux conséquences parfois mortelles.
Météo : où profiter au mieux de ces grandes marées ?
Si les horaires des marées et les hauteurs d’eau sont bien connus à l’avance, les conditions météo, quant à elles, sont susceptibles d’influencer ce spectacle naturel, apprécié aussi bien à marée basse pour la pêche à pied qu’à marée haute pour la puissance des vagues contre les digues. Cette semaine, il n’y a pas de phénomène météo particulier susceptible de rendre ces grandes marées trop dangereuses, telles celles de 2014 qui avaient submergé des villes littorales, occasionnant de gros dégâts. De même, la pression atmosphérique ne sera pas trop élevée et « n’écrasera » pas la marée haute, mais ne favorisera pas non plus des surfaces découvertes plus exceptionnelles que la moyenne à marée basse. Cette grande marée de février 2023 sera donc un cru tout à fait ordinaire. Dans le détail, le temps reste calme et plutôt beau pour la journée de mardi avec une très faible houle résiduelle. Mercredi, au moment du pic à 112, une perturbation va traverser la France avec des averses et un vent modéré tournant au nord-ouest : cela apportera un peu de vagues sur les côtes de la Manche, et il y aura certainement de belles photos à faire sur les digues de Saint Valéry en Caux ou encore de Saint-Malo. Enfin, jeudi, dans un air plus froid, le vent tournera au nord-est, favorable aux courtes vagues sur la Manche, avec des giboulées.
Les dangers des grandes marées
Chaque année, en dépit des consignes de sécurité, des victimes par noyade sont à déplorer lors des grandes marées, surtout quand elles surviennent en été. La plupart du temps, il s'agit de personnes se retrouvant piégées sur des bancs de sable éloignés du bord de mer, que la marée montante entoure parfois très rapidement. Le cas de la baie du Mont Saint Michel est flagrant, avec une avancée des eaux très rapide à laquelle vient s'ajouter le risque d'enlisement. Mais, à moindre échelle, on peut se faire ainsi piéger sur d'autres plages que l'on croit sécurisées (Granville, baie de la Somme, et même des plages de Basse-Normandie...) : lorsque cela arrive, il ne faut surtout pas paniquer. Si l'on sait nager, on doit pouvoir revenir à la côte sans soucis, mais dans le cas contraire, il faut vite se signaler pour alerter les secours (téléphone ou grands signes avec les bras).