La Mer de Cortez, un plan d’eau d’exception… pour marins avertis

Par Figaronautisme.com

Tout plaisancier, même s’il n’a jamais quitté son mouillage habituel, a déjà rêvé, par une nuit d’hiver, en traçant du doigt une route vers l’exotisme sur un globe. Et souvent, ces routes pointent vers le sud-ouest, glissent le long de la Basse-Californie, contournent Cabo San Lucas… pour filer vers une mer plus chaude, plus sauvage, plus bleue : la mer de Cortez.

Nichée entre la péninsule de Basse-Californie et le désert du Sonora, cette mer intérieure – aussi appelée golfe de Californie – conserve, en 2025, un magnétisme intact. Elle attire autant les marins en quête d’isolement que les navigateurs scientifiques et les amateurs de nature brute. Le contraste est saisissant : des chaînes de montagnes pelées plongent dans une eau turquoise, des colonies de lions de mer occupent des îlots désertiques, et les couchers de soleil embrasent chaque soir un décor presque irréel.

Mais cette beauté a un prix : ici, on navigue sans le filet de sécurité habituel. C’est une mer qui se mérite, qui demande respect, préparation… et une vraie autonomie.

Une navigation exigeante mais inoubliable
La mer de Cortez, c’est à la fois un terrain de jeu et une salle de classe pour les navigateurs. Elle offre des conditions changeantes, parfois musclées, qui mettent à l’épreuve le bateau comme l’équipage. Les vents peuvent être violents, surtout dans le nord (au-dessus de Loreto), et les mouillages peu protégés se transforment vite en pièges si la météo est négligée.
La saison des ouragans (officiellement de juin à novembre) reste un élément à surveiller, même si la plupart des navigateurs optent pour une croisière entre novembre et mai. Dès la fin octobre, le climat devient plus stable : soleil garanti, températures souvent supérieures à 30°C, nuits plus fraîches et baisse notable de l’humidité. Le vent du nord (“nortes”), qui souffle régulièrement entre décembre et mars, peut compliquer les navigations, mais il permet aussi de belles traversées à la voile.

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Marina de Cabo San Lucas

Une zone encore partiellement sauvage
Côté infrastructures, on reste loin des standards de la Floride ou de la Méditerranée. La Paz demeure la base principale : quatre marinas (dont Marina de La Paz, Marina Costa Baja et de Cabo San Lucas), une communauté active de plaisanciers, plusieurs shipchandlers bien achalandés, des chantiers compétents (comme Baja Naval), ainsi qu’un bon réseau d’artisans pour les réparations mécaniques, électriques ou électroniques. On y trouve aussi du carburant, de l’eau potable et quelques épiceries spécialisées pour les navigateurs.
Au nord de La Paz, l’autonomie devient essentielle. Loreto possède désormais une petite marina et une base technique limitée (notamment autour de Puerto Escondido), mais il ne faut pas en attendre trop. Pas de fuel dock, peu de services à terre, et des mouillages parfois à plusieurs heures de la moindre aide. L’approvisionnement en nourriture, en eau ou en pièces détachées nécessite une planification rigoureuse. La majorité des navigateurs stocke plusieurs semaines de vivres avant de quitter La Paz.

Naviguer en mer de Cortez, c’est revenir à une forme de plaisance plus dépouillée, plus authentique. Il faut prévoir un maximum d’autonomie : eau douce (les dessalinisateurs sont des alliés précieux), alimentation sèche et fraîche, panneaux solaires, pièces de rechange, outils, connexion satellite pour la météo, et surtout… de la patience.

Une biodiversité précieuse, mais menacée
C’est l’un des joyaux de cette mer : sa faune. Requins-baleines, raies Mobula, lions de mer, baleines à bosse, dauphins, orques et innombrables espèces de poissons tropicaux... Le spectacle est constant, au-dessus comme au-dessous de la surface. Les sites de plongée ou de snorkeling comme Los Islotes, Isla Espíritu Santo ou Isla Danzante sont parmi les plus réputés du Mexique.
Mais ce trésor est fragile. La fréquentation touristique et le développement de certaines zones côtières ont entraîné une pression croissante sur l’environnement marin. De nombreuses îles sont désormais classées en zones protégées, et leur accès est réglementé. Il est donc impératif de se renseigner à jour avant toute escale : mouillage interdit dans certaines criques, débarquement limité ou interdit sur certaines plages, permis requis pour la pêche ou l’ancrage.

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© AdobeStock

Une aventure unique, à vivre pleinement préparé
Naviguer en mer de Cortez, c’est se confronter à soi-même autant qu’à l’océan. Il y a des moments de grâce absolue – un lever de soleil sur Isla Coronados, un dîner sous les étoiles à Agua Verde, une plongée silencieuse à Ensenada Grande – mais aussi des nuits agitées, des moteurs récalcitrants, des communications radio inexistantes.
Ce n’est pas une destination “facile” – et c’est précisément ce qui fait son charme. Les marins qui y reviennent chaque année le savent : ici, on se sent vivant, utile, libre. Chaque escale se mérite, chaque réparation improvisée devient une victoire. C’est une navigation sincère, presque sauvage, qui vous ramène à l’essentiel.

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…