Yvan Bourgnon, préparé pour un tour du monde en double, est finalement parti seul sur l’Atlantique. Il assure avoir cru perdre la vie sur cette traversée éprouvante. Pourtant, il reprendra la mer d’ici la fin du mois.
Yvan Bourgnon est prêt pour un nouveau départ, en direction de l’océan Pacifique, via le canal de Panama, pour rallier les Iles Marquises. Toujours en solitaire. Son co-équipier Vincent Beauvarlet, que le marin appelle toujours son « compagnon de cordée », a décidé de renoncer à l’aventure avant de traverser l’Atlantique. C’est donc seul, sur son catamaran de sport non habitable de 6 mètres de long, que le marin a affronté l’océan. A bord, il ne dispose que d’un baromètre pour anticiper les changements météo et ces derniers ne l’ont pas épargné. « J’en ai rarement bavé comme ça, avoue-t-il d’emblée. C’était un truc de psychopathe. » Yvan Bourgnon a bien cru ne plus jamais revoir la terre au cœur d’un orage, qui a retourné son bateau comme une crêpe. « Heureusement, j’ai réussi à tout ranger à temps », note-t-il. Mais le marin se retrouve à l’eau, tracté à 10 nœuds par sa ligne de vie. « Ce lien avec mon bateau m’a sauvé mais il aurait tout aussi bien pu me noyer. » Yvan Bourgnon peine à rejoindre son catamaran. « J’ai lutté comme un fou, comme un féroce, et je suis quand même arrivé à le rattraper, à le redresser en basculant mon mât de 20 degrés puis en tirant un bout pour accompagner le redressement. » Mais une fois à bord, Yvan Bourgnon n’est pas au bout de ses peines : il affronte trois jours de près, contre le vent, et dans cinq mètres de creux. « Je me suis fait secouer dans tous les sens, sans pouvoir dormir. Je n’avais vraiment pas le moral », lâche-t-il en expliquant avoir franchi la ligne rouge de sa résistance physique avec ce dessalage. Surtout que sur l’ensemble de la traversée, le marin ne peut pas dormir plus de 10 minutes d’affilée. « Et c'est impossible au près. Le reste du temps, tu te cramponnes comme tu peux, car ça gigote dans tous les sens. Ce n'est pas évident. »
Le retour des alizés, réputés réguliers, n’est pas moins sollicitant avec des grains à répétition et des vents qui passaient de 0 à 45 nœuds. « Je n’en pouvais plus de manœuvrer, avec mon cœur qui ne cessait de monter et de descendre. » Yvan Bourgnon s’attendait à quelque chose de très difficile « mais pas à ce point ». Parti pour de belles glissades en catamaran, il concède ne pas avoir vécu beaucoup de moments de plaisir. « C’est là où je suis un peu contrarié. Mais ce n’est pas possible que ce soit aussi sollicitant sur tout le tour du monde ! »
Des escales chargées
Installé depuis quinze jours aux Antilles, Yvan Bourgnon a commencé par réparer son bateau et notamment les deux avaries majeures : une fissure en tête de mât et la fixation du gouvernail bâbord, qui s’est désolidarisé de la plate-forme. Il a également conçu des aménagements pour plus de confort. « Lors de mon dessalage, j’ai regretté de ne pas avoir de poignée pour larguer, comme sur le kitesurf. » Un bateau qui le suit aurait alors pu le récupérer après la rupture de sa ligne de vie car Yvan Bourgnon transporte en permanence une balise de détresse. « L’escale à terre permet de se ressourcer mais elle est très chargée », précise le marin. Celui-ci doit se charger seul de son bateau car son budget a diminué comme peau de chagrin après le retrait de son partenaire principal, SMA, lors du départ de son partenaire. « On cherche encore des sponsors pour continuer et cela tombe bien car il y a encore de l’espace disponible, explique Yvan Bourgnon. La moitié du bateau est libre. » Ce manque de financement pourrait le réduire à baisser les budgets communication et logistique. « Mais cela ne m’arrêtera pas ! Dans le pire des cas, je terminerai seul mais je terminerai. » Il ne devrait retrouver la France qu’à la fin de l’année prochaine, après avoir parcouru 50.000 kilomètres autour du globe.
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