L'équipe de Thomas Coville vient d'annoncer que le skipper, en accord avec son sponsor Sodebo, renonçait à son record du tour du monde en solitaire sur son maxi-trimaran. "La météo à venir, le retard accumulé et ds routages qui le font descendre à 300 milles de l'Antarctique au niveau des glaces" l'ont poussé à prendre cette décision.
Parti de Ouessant le 17 janvier au petit matin après un stand-by de plusieurs mois, le skipper a franchi l’équateur en 6 jours 20 heures. "De la fenêtre de la dernière chance, nous sommes descendus jusqu'à l'équateur de façon loin d'être ridicule. Je savais que la clé allait être Sainte Hélène." expliquait ce soir le skipper. L'anticyclone de Sainte-Hélène est particulièrement étendu en ce mois de janvier entre l'Amérique entre l’Amérique du Sud et l’Afrique et Thomas accuse depuis ce matin un retard de plus de 1000 milles sur le détenteur Francis Joyon.
Cet après-midi, alors qu’il naviguait au près dans 15 nœuds de vent à 2 000 milles du Cap de Bonne Espérance, un nouveau coup de frein s’annonçait dans les 36 prochaines heures avec le contournement d’une zone de calmes impliquant de rallonger considérablement la route. A la lecture des derniers routages, le retard de Sodebo à son entrée dans l’Océan Indien serait de 1 600 milles, soit environ trois jours de mer.
L’équipe à terre qui analyse la météo pour Thomas à partir de fichiers de Météo France et CLS, observe une nouvelle zone de vents faibles et la présence de glaces dans l’Indien. La route théorique proposée ferait descendre Thomas par 60 degrés Sud, soit à 300 milles au Nord de l’Antarctique.
Les risques encourus, tant en terme de performances sportives qu’en terme de sécurité, vont à l’encontre de ce que recherchent le skipper et son partenaire.
Citations de Thomas Coville joint au téléphone ce soir par son équipe à terre :
« J’ai un super bateau, je me sens parfaitement en phase avec lui. Aujourd'hui, les fichiers nous confirment que, même en descendant très Sud dans l’océan Indien, et c'est ce que nous proposent les routages, on est moins rapide que Francis (Joyon). »
« Mise à part le retard à Bonne Espérance puis celui que l’on aurait pu prendre dans l’Indien, nous aurions été au-delà des limites que nous nous étions fixées en terme de sécurité. Les routages m’imposaient d’aller slalomer entre les glaces au sud des iles Kerguelen avec le risque de me mettre en danger mais d’impliquer aussi d’autres personnes en cas de pépin. »
"Je ne suis pas une tête brulée. Il faut savoir composer avec la performance, le professionnalisme et la sécurité. Je n’ai pas envie de m’entêter par orgueil."
"Je représente une entreprise, Sodebo. Je me dois d’être honnête et responsable pour ceux qui me font confiance. Le plus difficile est de prendre la décision.
"En tant que compétiteur, ce soir, je suis forcément affecté".
"J’ai pris un immense plaisir à venir jusqu’ici. J'ai ce bateau dans la peau. Je me sens bien. Je me suis régalé à faire tout ce que j'ai fait. »