Le passage du Nord-Ouest : une course contre la montre
Cet été, l’équipe d’Under The Pole III est revenue au Groenland ou certains membres de l’expédition ont retrouvé leurs amis Inuits rencontrés pendant l’hivernage de la deuxième expédition en 2014 et 2015. Durant un mois, ils ont enchainé les plongées dédiées aux programmes scientifiques des chercheurs Marcel Koken (CNRS) et Cyril Gallut (Muséum National d'Histoire Naturelle). Fin juillet, le WHY, leur goélette d’exploration, a traversé la mer de Baffin et rejoint l’entrée du passage du Nord-Ouest a Pond Inlet, au Canada. Ce passage mythique, marqué par certaines des plus grandes tragédies de l’histoire de l’exploration, à l’image des épaves de Franklin récemment retrouvées grâce à la tradition orale inuite, permet de relier l’Atlantique au Pacifique. Subissant depuis plusieurs années les conséquences du changement climatique, le passage s’ouvre pendant l’été, ouvrant ainsi une nouvelle voie navigable stratégique à de nombreux égards. Bien que la concentration de glace ait été importante cette année, bloquant parfois le bateau au milieu de la banquise durant plusieurs jours, le WHY s’est frayé un chemin et l’équipe a adapté son planning de navigation pour rejoindre dans les temps le détroit de Béring avant le début des tempêtes automnales. A l’issue de longues navigations le WHY est désormais à Nome en Alaska. Une course contre la montre gagnée pour l’équipage et qui leur a permis d’explorer à plusieurs reprises en plongée le passage du Nord-Ouest.
Les trésors cachés du passage du Nord-Ouest
En 2015, lors de la précédente expédition, l’équipe d’Under The Pole réalisaient deux campagnes de plongées profondes, en été et en hiver sous la banquise, conduisant à deux premières mondiales en s’immergeant à plus de 100 mètres sous l’océan arctique. Cette année, équipés comme des spationautes avec leurs nouvelles combinaisons chauffantes et 50 à 100 kilos sur le dos, Ghislain Bardout et ses co-équipiers ont réalisé une cinquantaine de plongées. « Ces plongées ont été parmi les plus belles que nous n’avons jamais faites sous ces latitudes. Je me souviendrai en particulier d’un magnifique tombant à l’entrée du passage du Nord-Ouest et de la découverte d’une épave lors d’un mouillage ou nous nous étions abrités à cause du mauvais temps. Le Canada nous a offert de très belles visibilités et toujours cette sensation extraordinaire d’explorer des zones inconnues jusque-là », raconte Ghislain Bardout. Lors de ces plongées, Marcel Koken, chercheur au CNRS présent à bord, spécialiste de la fluorescence naturelle, a pu missionner les plongeurs et s’immerger lui-même pour photographier, filmer et prélever certaines espèces. Grâce à ce travail ils ont pu identifier 2 espèces prometteuses : « Nous avons trouvé un Quiton qui fluoresce et qui pourrait contenir une nouvelle protéine rouge fluorescente, explique Marcel Koken. Ce type de protéine est recherché car son application dans le domaine de l’imagerie médicale permettrait de voir à l’intérieur d’un corps animal ou humain sans avoir à l’opérer. Un spécimen d’oursin est également intéressant car il pourrait renfermer une nouvelle famille de protéine fluorescente ou démontrer la présence d’une protéine connue dans un nouveau groupe ».
Under The Pole III • Fluorescence au Groenland • S03E03 from Under The Pole on Vimeo.