
Saisi dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent, le yacht de 41 mètres baptisé Stefania a été adjugé ce jeudi 27 mars à La Ciotat pour 10 millions d’euros. Une somme qui alimentera directement les caisses de l’État français.Jeudi matin, sur le site des chantiers navals de La Ciotat, le Stefania était exposé à sec, prêt à changer de mains. Ce navire luxueux, construit en 2021 et à peine utilisé, a été mis aux enchères pour un montant de départ fixé à 10 millions d’euros — un prix qui n’a pas été dépassé, mais qui marque tout de même un record pour l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc). Il s’agit du bien non immobilier le plus cher jamais vendu par l’agence depuis sa création en 2011.Un yacht saisi dans une affaire de grande envergureLe Stefania avait été saisi en octobre 2023 par les autorités italiennes, à la demande de la justice française. L’intervention s’est déroulée près de Gênes, alors que le bateau s’apprêtait à lever l’ancre en direction de Dubaï. L’enquête, menée par le parquet de Marseille, s’inscrit dans un dossier tentaculaire impliquant blanchiment d’argent, trafic de stupéfiants et d’armes.Au cœur de cette affaire, un homme : Chaslau Koniukh, ressortissant biélorusse soupçonné d’être à la tête d’un vaste réseau criminel. Selon un arrêt de la Cour de cassation, cet individu, toujours en fuite, aurait utilisé des sociétés écrans et des circuits financiers opaques pour acquérir plusieurs biens de luxe en France, dont une villa à Roquebrune-Cap-Martin, estimée elle aussi à 10 millions d’euros.Luxe à bord et procédures complexesLe Stefania, avec ses cinq suites, ses salles de bains privatives, son jacuzzi et son intérieur Art déco mêlant marbre blanc et dorures, incarne une certaine idée du luxe flottant. Mais derrière les dorures, les enquêteurs ont révélé une architecture financière destinée à masquer l’origine frauduleuse des fonds.Sa vente, orchestrée par l’étude De Baecque, a été reportée une première fois pour permettre la réalisation de travaux. Elle s’est finalement tenue au pied du yacht, devant les chantiers de La Ciotat, en présence d’experts et de représentants de l’Agrasc.L’intégralité du produit de la vente, soit 10 millions d’euros, sera reversée à l’État français. En 2024, l’Agrasc a ainsi redistribué 160 millions d’euros issus de saisies, un chiffre en forte progression par rapport à l’année précédente (+50 millions).Ce succès s’inscrit dans une dynamique plus large de lutte contre la criminalité financière et le blanchiment, qui passe de plus en plus par la confiscation de biens de grand standing : villas, assurances-vie, comptes bancaires, crypto-actifs... et yachts de luxe.À La Ciotat, d’autres yachts dans le viseurLe Stefania n’est pas le seul navire immobilisé à La Ciotat. Depuis trois ans, l’Amore Vero, yacht de 86 mètres, est également bloqué dans le port dans le cadre des sanctions européennes contre les avoirs de ressortissants russes à la suite de l’invasion de l’Ukraine.