Des étudiants en technologie néerlandais ont présenté mercredi un bateau propulsé par de l'hydrogène liquide, dans l'espoir de susciter l'intérêt de l'industrie maritime qui se tourne vers de nouvelles sources d'énergie pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. L'équipe d'étudiants de l'Université de technologie de Delft qui a mis au point ce bateau participe cette année au Monaco Energy Boat Challenge qui vise à mettre en lumière l'innovation concernant les technologies énergétiques dans le secteur maritime.
Leur création "Mira", est le premier bateau à foils propulsé à l'hydrogène qui va concourir lors de cet événement. "Nous voulons montrer que des solutions durables sont déjà possibles dans l'industrie maritime" a déclaré à l'AFP le chef de l'équipe Olivier Poelman à l'occasion de la présentation du bateau à La Haye. "Si une équipe de 25 étudiants peut le faire, les grandes entreprises peuvent aussi mettre en application ces innovations durables dans le secteur maritime", a ajouté Olivier Poelman, 21 ans. Le transport maritime représente près de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, selon l'Organisation maritime internationale (OMI), une agence de l'ONU.
L'OMI tente de décarboner le transport maritime, avec l'objectif de réduire d'au moins 50% les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050 par rapport à leur niveau de 2008. L'hydrogène semble être une solution prometteuse sur le papier: en effet tandis que les carburants fossiles émettent des gaz à effet de serre, la combustion de l'hydrogène ne produit que de la vapeur d'eau.
"Inspirer l'industrie maritime"
Mais les quelques projets, très médiatisés, se sont heurtés à des coûts élevés et à des défis techniques.
Les performances environnementales de l'hydrogène dépendent également de la manière dont il est produit. La production de "l'hydrogène vert" repose sur les énergies renouvelables, tandis que "l'hydrogène bleu" dépend de combustibles fossiles comme le charbon et le gaz, avec des technologies de captation du carbone pour réduire ces émissions. Le moins cher à produire est "l'hydrogène gris", avec le recours à des combustibles fossiles sans captation du carbone.
M. Poelman a expliqué que son équipe essayait d'utiliser de l'hydrogène vert tout en reconnaissant que "la plus grande partie de l'infrastructure reposait sur de l'hydrogène gris". "Nous tentons de nous ravitailler autant que faire se peut en hydrogène vert grâce à nos partenaires ou d'autres entreprises impliquées" dans le projet, a-t-il expliqué.
L'un des problèmes majeurs est l'adaptation de la technologie à l'échelle des porte-conteneurs d'une manière qui soit rentable, mais M. Poelman se dit persuadé que l'innovation entraînera une baisse des coûts.
M. Poelman et son équipe espèrent remporter dans leur catégorie la compétition de Monaco, à laquelle concourent des bateaux durables en termes de vitesse, d'endurance et de facilité à manoeuvrer. "Mais le plus grand objectif est d'inspirer l'industrie maritime", a-t-il souligné. "Nous voulons vraiment montrer qu'il existe des options vertes qui sont déjà possibles et nous voulons montrer que les plus grands navires peuvent également le faire".