
À seulement 28 ans, Charlotte Yven, skipper originaire de Morlaix, se distingue déjà par de bons résultats. Ingénieure de formation, sportive de haut niveau et jeune recrue de la filière Skipper Macif depuis 3 ans, elle vient de remporter la Course des Caps en équipage à bord de l’Imoca MACIF Santé Prévoyance - le bateau vainqueur du dernier Vendée Globe. En mai dernier, elle réalise un exploit historique en étant la première femme à remporter deux fois consécutivement la Transat Paprec en Figaro. Une aventurière et entrepreneuse moderne, qui trace son sillage entre excellence et sincérité.
Charlotte Yven fait partie de cette génération de femmes qui redessinent les contours de la voile de haut niveau, avec naturel et détermination. Originaire de Morlaix, elle a grandi dans un environnement tourné vers la mer, entre régates et croisières familiales en Bretagne nord. Formée à l’INSA Rennes, passée par une préparation olympique en 470 à Brest, elle a toujours rêvé de grand large.
Travail, talent, passion et progression fulgurante
Intégrée à la Filière d’excellence Macif en 2023, programme unique pour accompagner et révéler de jeunes talents au plus haut niveau en Figaro, elle franchit un cap. « Cette sélection a changé ma vie. Vivre de sa passion à 100 % pendant trois ans, sans se poser de questions, c’est un confort incroyable. Tu vis pour ça, tu vas sans cesse plus loin, tu rencontres des gens qui te font progresser dix fois plus vite. » Elle y trouve un cadre structurant et les moyens de ses ambitions. « La Macif est un sponsor qui nous fait confiance, nous accompagne en donnant les moyens d’accomplir ce parcours professionnel. Au sein de cette écurie de Course au large, il y a un vrai partage d’expérience, un d’état d’esprit unique tourné vers une quête permanente de la performance. »
Premiers succès retentissants en course
En 2023, elle remporte sa première Transat Paprec avec Loïs Berrehar. Deux ans plus tard, elle gagne de nouveau avec Hugo Dhallenne. Une première pour une femme dans l’histoire de cette course en double mixte. « C’est une épreuve à la fois technique, engagée et humaine. Je n’imaginais pas pouvoir remporter cette course deux année de suite. » Elle s'accomplit également en solo, avec une remarquable 5e place sur la Solitaire du Figaro 2024.
Une révélation en IMOCA
Mais c’est en IMOCA, récemment, qu’elle franchit un nouveau palier. Lors de la Course des Caps, elle embarque en équipage sur MACIF Santé Prévoyance aux côtés de Sam Goodchild, Loïs Berrehar et Guillaume Combescure. Ensemble, ils ont tout donné, dominant les débats sur les deux tiers du parcours. « J’ai adoré ! Le parcours autour des îles britanniques était incroyable. L’équipage était génial. On ne se connaissait pas tous au départ, mais l’alchimie s’est faite très rapidement. » Avant d’embarquer, elle s’interrogeait sur sa légitimité : « Je me demandais si j’allais réussir à trouver ma place à bord, à côté de personnes qui connaissent bien l’IMOCA... Et en fait, chacun avait sa place avec beaucoup de respect. C’est très appréciable et cela m’a mise en confiance pour me donner à 200%. »
Une navigatrice entière, en quête de progression
Ce qui la porte, c’est autant l’envie d’apprendre que le plaisir d’être en mer. « Je suis tout le temps avec le sourire. Heureuse de vivre ce que je vis. » Et quand on évoque la place des femmes dans la course au large, sa réponse est simple : « Est-ce que je suis féministe ? Je pense surtout que nous sommes tous différents. Homme ou femme, chacun est unique, chacun a sa façon de fonctionner. »
La suite ? Charlotte s’y projette avec lucidité car à la fin de l’année, elle laissera sa place au sein de la filière Skipper Macif à une autre prétendante et devra voler de ses propres ailes. L’IMOCA en solo l’attire, même si l’ampleur du défi l’impressionne encore un peu. « Se projeter seule à bord d’une telle machine de course, ça fait un peu peur. Mais j’ai envie d’aller plus loin, d’explorer cette dimension. J’ai toujours envie de progresser et finalement cela reste un bateau à voile ! » Elle garde un œil sur les autres femmes du circuit, comme Élodie Bonafous : « Elle a monté un super projet. Son IMOCA vient à peine d’être mis à l’eau et elle finit déjà deuxième de la Course des Caps. Je suis contente pour elle. Moi aussi, j’aimerais un jour porter un projet d’une telle dimension. Il y a la navigation, bien sûr, mais aussi toute la partie entreprise, humaine... ce sont de gros dossiers, et c’est aussi ce que nous apprenons sur le programme Macif. »
Pour l’heure, Charlotte Yven se prépare activement pour sa cinquième participation à la Solitaire du Figaro dont le départ sera donné le 7 septembre du Havre. Une épreuve phare sur laquelle elle compte bien monter sur les podiums d’étape et pourquoi pas du classement général, alors qu’elle pointe actuellement en 3e place au classement du Championnat de France de Course au Large. Libre, rigoureuse, joyeuse, Charlotte Yven incarne une nouvelle génération de femmes de mer heureuses, déterminées... et bel et bien ancrées dans leur passion du large.