
Une différence de latitude et d’ensoleillement
Les plages du littoral méditerranéen se situent en moyenne bien plus au sud que celles de l’Atlantique. Cette simple différence géographique implique une exposition plus importante au rayonnement solaire. À Nice, on mesure environ 2 700 heures de soleil par an, contre 2 000 à Biarritz. Ce surplus d’ensoleillement influe directement sur la température de l’air, plus élevée et plus stable dans le sud-est de la France, favorisant un réchauffement plus rapide et plus durable de la mer.
Dans le même temps, l’Atlantique est soumis à des perturbations plus fréquentes venues de l’ouest, qui limitent les périodes de forte chaleur durable, surtout en début et fin de saison.
Une mer fermée, moins brassée
Contrairement à l’océan Atlantique, la Méditerranée est une mer quasi fermée. Elle communique avec l’océan mondial uniquement par le détroit de Gibraltar, un goulet d’échange qui limite fortement les mouvements d’eau. Cette configuration particulière freine le renouvellement et le brassage des masses d’eau, ce qui favorise l’accumulation de chaleur en surface.
La faible amplitude des marées méditerranéennes contribue également à cette stagnation thermique. Les courants sont plus lents, les mouvements verticaux d’eau froide moins fréquents. Résultat : une eau qui chauffe plus vite et reste chaude plus longtemps.
Une tendance accentuée par le changement climatique
Depuis deux décennies, les températures de surface de la Méditerranée grimpent plus vite que la moyenne mondiale. Selon le programme européen Copernicus, la mer a gagné environ 1,4 °C depuis les années 1980, et cette dynamique ne ralentit pas. En avril 2025, la Méditerranée a enregistré l’un des mois les plus chauds jamais observés, avec des températures de surface jusqu’à 2 °C au-dessus des normales dans certaines zones.
Les vagues de chaleur marine - des épisodes prolongés d’anomalies de température en mer - sont devenues plus fréquentes, plus intenses et plus longues. En Méditerranée, ces événements sont désormais près de trois fois plus nombreux qu’il y a 40 ans. Selon une étude publiée en avril 2025, 90 % de ces vagues de chaleur sont désormais attribuables au réchauffement climatique.
Des températures records dans certaines criques
En été, l’écart entre Atlantique et Méditerranée est particulièrement marqué. Sur la façade atlantique, la température de l’eau dépasse rarement les 23 °C, même dans les baies protégées comme celle de Saint-Jean-de-Luz. En revanche, en Méditerranée, il est courant de nager dans une eau à 26 ou 27 °C en juillet, et les températures peuvent grimper jusqu’à 29 °C dans les criques bien exposées de Corse ou dans la rade de Marseille lors d’un épisode caniculaire.
En août 2023, la mer avait même atteint localement 30 °C à Porto-Vecchio, des valeurs comparables à celles relevées dans les lagons tropicaux. Ces extrêmes sont appelés à se reproduire avec une fréquence croissante.
Des conséquences environnementales préoccupantes
Ce réchauffement n’est pas sans conséquences pour les écosystèmes marins. La hausse continue de la température favorise la prolifération d’espèces exotiques, comme les poissons-lapins ou les méduses tropicales, qui remontent vers le nord. Certaines espèces locales, moins tolérantes à la chaleur, subissent des mortalités massives lors des vagues de chaleur marine. Les herbiers de posidonie, essentiels à l’équilibre du littoral, sont eux aussi fragilisés.
Au-delà des enjeux écologiques, la température de la mer influence aussi les phénomènes météorologiques. Des eaux plus chaudes favorisent une évaporation accrue, donc une plus grande humidité dans l’air, ce qui peut intensifier les épisodes orageux violents sur le pourtour méditerranéen. Les inondations meurtrières survenues en Libye en 2023 ont été en partie liées à une Méditerranée exceptionnellement chaude.
Si les tendances actuelles se confirment, la Méditerranée pourrait encore gagner entre 1,5 °C et 3 °C d’ici à la fin du siècle, selon les projections climatiques. L’Atlantique, mieux ventilé et brassé, restera plus frais, mais subira lui aussi les effets du réchauffement global. Pour les vacanciers, ces différences continueront d’orienter les choix de baignade. Pour les scientifiques et les décideurs, elles posent un défi de plus en plus urgent à relever.
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