La pression sous-marine : comment supporter le poids des océans ?

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

Les évènements survenus au cours du mois de juin 2023, impliquant le sort tragique des cinq participants à l’expédition Ocean Gate, ont interrogé la communauté internationale quant à l’avenir de l’exploration sous-marine et son exploitation touristique - dont l’avancement est contrarié par un seul et unique élément hostile : la pression.

Les évènements survenus au cours du mois de juin 2023, impliquant le sort tragique des cinq participants à l’expédition Ocean Gate, ont interrogé la communauté internationale quant à l’avenir de l’exploration sous-marine et son exploitation touristique - dont l’avancement est contrarié par un seul et unique élément hostile : la pression.

Surnommé « le monde sans soleil » par le célèbre explorateur Jacques-Yves Cousteau pour son film documentaire sorti en 1964, l’océan représente 90% de l’espace viable sur Terre et 70% de la surface de notre planète. L’importance de la recherche et l’analyse de ce milieu est cruciale, surtout lorsqu’on sait le rôle prépondérant des océans sur le caractère viable de la planète Terre.

En effet, 50% de l’oxygène atmosphérique est produit par le phytoplancton. Aussi, l’Amazonie que l’on surnomme « le poumon de la Terre » ne produit en réalité que 5 à 10% de notre oxygène, c’est ce que s’accordent à dire les scientifiques comme Jonathan Foley, directeur exécutif d’un rapport annuel mondial sur les solutions climatiques, le Project Daydrown.

Le monde sous-marin représente trois fois la surface de toutes les terres émergées, cet environnement subaquatique abrite 250 000 espèces répertoriées sans compter les milliers d’autres spécimens que l’homme n’a encore jamais rencontrés (il existe au total 1 million d’espèces selon les estimations).

Les humains n’ont exploré que 8% des océans, un mystère nourrissant depuis des siècles des mythes et légendes comme celui des sirènes, mi-femmes mi-poissons ou la fameuse histoire du Titanic, dont l’épave a sombré près de la côte canadienne de Saint-Jean de Terre-Neuve en 1912.

À ce jour, le point connu le plus profond de la planète est la fosse des Mariannes, à 11 000 m de profondeur dans les eaux du Pacifique nord-ouest. En moyenne les fonds océaniques se trouvent à 3 500 mètres, à cette profondeur abyssale la pression est 350 fois supérieure à celle que l’on connaît sur terre et l’obscurité y est totale.

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James Cameron a été le premier à aller aux fonds de la fosse des Mariannes seul à bord du Deepsea Challenge . © © James Cameron France

Interprétation de la notion de pression

Mais tout d’abord qu’est-ce que la pression ? Et comment est-elle exercée ?

Selon le CNRTL, la définition physique de la pression est : « une force exercée normalement sur une surface par un fluide, un corps pesant ; mesure de cette force rapportée à l'unité de surface. »  

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’air au-dessus de vous exerce sur votre corps une pression d’environ 1kg sur chaque centimètre carré de votre peau. Cela correspond à un poids total d’1 tonne que l’on doit supporter sans cesse sur nos épaules !

Mais pourquoi nous ne ressentons rien ? Et bien la pression s’exerce simultanément à l’intérieur et à l’extérieur. Tout ce que contient notre corps contrebalance avec la pression atmosphérique, notamment l’air contenue dans nos organes qui la rend quasiment imperceptible.

On mesure la pression atmosphérique à l’aide d’un baromètre s’exprimant en hectopascal (hPa), cette dernière peut varier selon les endroits (en montagne, en mer...) et le climat (conditions dépressionnaires, anticycloniques…).

Comment appréhender « le monde du silence » ?

Sous l’eau il faut additionner la pression atmosphérique ajoutée à la pression hydrostatique, parce que l’eau est un fluide correspondant à un poids supplémentaire.

 À 10 mètres en dessous de la surface, la pression est de 2 bars : 1 bar pour la pression atmosphérique et 1 bar pour les 10 mètres de profondeur (le bar est l’unité de mesure la plus courante / 1 bar = 100 000 pascals), mais ces données varient en fonction de nombreux facteurs comme la salinité et la qualité de l’eau. Ainsi on estime qu’à -11 000 mètres de profondeur la pression est 1 090 fois plus écrasante qu’à la surface de la Terre.

Le corps humain étant adaptatif, il lui est possible de s’accoutumer à des conditions extrêmes de plongée, si les règles de sécurité sont suivies. Lors d’une sortie en mer, pour éviter les problèmes fréquents comme les barotraumatismes (soit 90 % des complications) ou les accidents de décompression, il convient au plongeur de contrôler sa respiration et d’égaliser la pression entre l’air contenue dans ses sinus et la pression de l’eau, par équilibrage à travers sa trompe d’Eustache.

Cependant malgré sa grande adaptabilité et pour des raisons criantes (oxygène, froid, pression, dissolution des gazes…) il est bien impossible pour l’homme d’atteindre sans aucun équipement et sans rencontrer de problèmes, des profondeurs abyssales. C’est pourquoi des submersibles, des scaphandres et toutes sortes d’engins subaquatiques capables d’explorer les fonds marins ont été inventés !

En janvier 1960, le Suisse Jacques Piccard et l’Américain Don Walsh sont les premiers hommes à atteindre le point challenger de la fosse des Mariannes à 10,916 mètres de profondeur. À bord du Bathyscaphe Trieste, les deux hommes font la rencontre de créatures encore jamais observées auparavant et dont personne ne soupçonnait l’existence, si éloignées du soleil et de la lumière.

Depuis cela, d’autres explorateurs sont venus visiter la fosse des Mariannes comme James Cameron lors de l’expédition Deepsea Challenge pilotée par la National Geographic, le réalisateur d’Avatar a été la première personne à y aller seule !

Les avancées technologiques majeures et les différentes expéditions sous-marines sont la preuve que les hommes ont surmonté la barrière du monde hostile subaquatique, soumis à la fameuse la pression des eaux.

Aujourd’hui la compétition se centre autour de l’exploitation de tout cet espace. Nous savons la richesse immense des tréfonds en ressources indispensables à certaines industries, comme l’or, le cobalt, nickel… Des gisements précieux attirant les pays du monde entier qui envoient leurs drones et engins à la recherche de ces trésors.

De l’autre côté des entreprises privées se lancent dans le développement du tourisme sous-marin à l’assaut de nouvelles sensations pour une clientèle haut de gamme. L’entreprise américaine Triton submarines propose pour la jolie somme de 680 000 euros, un voyage vers la fosse des Mariannes à bord du submersible Limiting Factor piloté par l’explorateur Victor Vescovo.

La ruée vers les abysses ne fait que commencer et elle s’annonce mouvementée !

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Victor 6000, l'engin explorateur des fonds marins de l'ifremer

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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