
Surnommé « le monde sans soleil » par le célèbre explorateur Jacques-Yves Cousteau pour son film documentaire sorti en 1964, l’océan représente 90% de l’espace viable sur Terre et 70% de la surface de notre planète. L’importance de la recherche et l’analyse de ce milieu est cruciale, surtout lorsqu’on sait le rôle prépondérant des océans sur le caractère viable de la planète Terre.
En effet, 50% de l’oxygène atmosphérique est produit par le phytoplancton. Aussi, l’Amazonie que l’on surnomme « le poumon de la Terre » ne produit en réalité que 5 à 10% de notre oxygène, c’est ce que s’accordent à dire les scientifiques comme Jonathan Foley, directeur exécutif d’un rapport annuel mondial sur les solutions climatiques, le Project Daydrown.
Le monde sous-marin représente trois fois la surface de toutes les terres émergées, cet environnement subaquatique abrite 250 000 espèces répertoriées sans compter les milliers d’autres spécimens que l’homme n’a encore jamais rencontrés (il existe au total 1 million d’espèces selon les estimations).
Les humains n’ont exploré que 8% des océans, un mystère nourrissant depuis des siècles des mythes et légendes comme celui des sirènes, mi-femmes mi-poissons ou la fameuse histoire du Titanic, dont l’épave a sombré près de la côte canadienne de Saint-Jean de Terre-Neuve en 1912.
À ce jour, le point connu le plus profond de la planète est la fosse des Mariannes, à 11 000 m de profondeur dans les eaux du Pacifique nord-ouest. En moyenne les fonds océaniques se trouvent à 3 500 mètres, à cette profondeur abyssale la pression est 350 fois supérieure à celle que l’on connaît sur terre et l’obscurité y est totale.
Interprétation de la notion de pression
Mais tout d’abord qu’est-ce que la pression ? Et comment est-elle exercée ?
Selon le CNRTL, la définition physique de la pression est : « une force exercée normalement sur une surface par un fluide, un corps pesant ; mesure de cette force rapportée à l'unité de surface. »
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’air au-dessus de vous exerce sur votre corps une pression d’environ 1kg sur chaque centimètre carré de votre peau. Cela correspond à un poids total d’1 tonne que l’on doit supporter sans cesse sur nos épaules !
Mais pourquoi nous ne ressentons rien ? Et bien la pression s’exerce simultanément à l’intérieur et à l’extérieur. Tout ce que contient notre corps contrebalance avec la pression atmosphérique, notamment l’air contenue dans nos organes qui la rend quasiment imperceptible.
On mesure la pression atmosphérique à l’aide d’un baromètre s’exprimant en hectopascal (hPa), cette dernière peut varier selon les endroits (en montagne, en mer...) et le climat (conditions dépressionnaires, anticycloniques…).
Comment appréhender « le monde du silence » ?
Sous l’eau il faut additionner la pression atmosphérique ajoutée à la pression hydrostatique, parce que l’eau est un fluide correspondant à un poids supplémentaire.
À 10 mètres en dessous de la surface, la pression est de 2 bars : 1 bar pour la pression atmosphérique et 1 bar pour les 10 mètres de profondeur (le bar est l’unité de mesure la plus courante / 1 bar = 100 000 pascals), mais ces données varient en fonction de nombreux facteurs comme la salinité et la qualité de l’eau. Ainsi on estime qu’à -11 000 mètres de profondeur la pression est 1 090 fois plus écrasante qu’à la surface de la Terre.
Le corps humain étant adaptatif, il lui est possible de s’accoutumer à des conditions extrêmes de plongée, si les règles de sécurité sont suivies. Lors d’une sortie en mer, pour éviter les problèmes fréquents comme les barotraumatismes (soit 90 % des complications) ou les accidents de décompression, il convient au plongeur de contrôler sa respiration et d’égaliser la pression entre l’air contenue dans ses sinus et la pression de l’eau, par équilibrage à travers sa trompe d’Eustache.
Cependant malgré sa grande adaptabilité et pour des raisons criantes (oxygène, froid, pression, dissolution des gazes…) il est bien impossible pour l’homme d’atteindre sans aucun équipement et sans rencontrer de problèmes, des profondeurs abyssales. C’est pourquoi des submersibles, des scaphandres et toutes sortes d’engins subaquatiques capables d’explorer les fonds marins ont été inventés !
En janvier 1960, le Suisse Jacques Piccard et l’Américain Don Walsh sont les premiers hommes à atteindre le point challenger de la fosse des Mariannes à 10,916 mètres de profondeur. À bord du Bathyscaphe Trieste, les deux hommes font la rencontre de créatures encore jamais observées auparavant et dont personne ne soupçonnait l’existence, si éloignées du soleil et de la lumière.
Depuis cela, d’autres explorateurs sont venus visiter la fosse des Mariannes comme James Cameron lors de l’expédition Deepsea Challenge pilotée par la National Geographic, le réalisateur d’Avatar a été la première personne à y aller seule !
Les avancées technologiques majeures et les différentes expéditions sous-marines sont la preuve que les hommes ont surmonté la barrière du monde hostile subaquatique, soumis à la fameuse la pression des eaux.
Aujourd’hui la compétition se centre autour de l’exploitation de tout cet espace. Nous savons la richesse immense des tréfonds en ressources indispensables à certaines industries, comme l’or, le cobalt, nickel… Des gisements précieux attirant les pays du monde entier qui envoient leurs drones et engins à la recherche de ces trésors.
De l’autre côté des entreprises privées se lancent dans le développement du tourisme sous-marin à l’assaut de nouvelles sensations pour une clientèle haut de gamme. L’entreprise américaine Triton submarines propose pour la jolie somme de 680 000 euros, un voyage vers la fosse des Mariannes à bord du submersible Limiting Factor piloté par l’explorateur Victor Vescovo.
La ruée vers les abysses ne fait que commencer et elle s’annonce mouvementée !
