Vasco de Gama : le premier Européen à ouvrir la route maritime vers l’Inde

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

Le 20 mai 1498, après dix mois d’une odyssée semée de périls, un frêle esquif portugais jette l’ancre à Calicut, sur la côte indienne du Kerala. À son bord, un navigateur dont le nom est sur le point d’entrer dans l’Histoire : Vasco de Gama. Avec lui, c’est l’Europe qui atteint l’Inde par mer, en contournant l’Afrique, bouleversant l’ordre du monde. Commerce, pouvoir, conquêtes : rien ne sera plus jamais comme avant.

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Le 20 mai 1498, après dix mois d’une odyssée semée de périls, un frêle esquif portugais jette l’ancre à Calicut, sur la côte indienne du Kerala. À son bord, un navigateur dont le nom est sur le point d’entrer dans l’Histoire : Vasco de Gama. Avec lui, c’est l’Europe qui atteint l’Inde par mer, en contournant l’Afrique, bouleversant l’ordre du monde. Commerce, pouvoir, conquêtes : rien ne sera plus jamais comme avant.

Une enfance au bord de l’Atlantique
Né vers 1469 à Sines, dans une modeste bourgade du sud du Portugal, Vasco de Gama grandit entre deux mondes : la terre et l’océan. Fils d’Estêvão de Gama, petit noble et gouverneur local, il est bercé par les récits d’explorateurs. À cette époque, le Portugal est à l’avant-garde de l’exploration maritime, avec des figures comme Henri le Navigateur et Bartolomeu Dias. À Évora, Vasco reçoit une formation en mathématiques, astronomie et navigation, des disciplines cruciales pour braver les océans.
Son tempérament est connu : intelligent, mais autoritaire, austère, parfois brutal. Lorsque Bartolomeu Dias ouvre la voie en franchissant le cap de Bonne-Espérance en 1488, le roi Manuel Ier rêve d’aller plus loin : percer jusqu’aux Indes, contourner les intermédiaires arabes et vénitiens qui contrôlent le lucratif commerce des épices. Ce pari immense, il le confie à de Gama.

La grande aventure vers l’inconnu
Le 8 juillet 1497, quatre navires et environ 200 hommes quittent Lisbonne. Parmi eux, des marins aguerris, des prêtres, des marchands - et l’inconnu comme seule certitude. L’expédition longe la côte africaine, contourne le cap Vert, puis ose une longue traversée de l’Atlantique Sud pour éviter les courants contraires.
En novembre, ils atteignent le cap de Bonne-Espérance, redoutable barrière de tempêtes et de récifs. Pour beaucoup, c’est déjà un miracle. Mais le plus dur reste à faire. La côte est africaine leur réserve un accueil tendu : au Mozambique et à Mombasa, les Portugais sont perçus comme des intrus ; à Malindi, enfin, la chance sourit. Le sultan leur fournit un pilote de génie, sans doute un Indien ou un Arabe, qui connaît les vents de mousson et guide la flotte vers l’Inde.
Le 20 mai 1498, l’expédition accoste à Calicut, centre névralgique du commerce indien. Sur les quais, les épices embaument l’air, les marchands affluent, les regards se croisent entre curiosité et méfiance. Le zamorin (souverain local) reçoit de Gama avec intérêt. Mais très vite, les malentendus s’accumulent.
Les cadeaux portugais, dérisoires face aux trésors locaux, suscitent les moqueries. Les marchands arabes, déjà installés, orchestrent la défiance. Après des semaines de tractations incertaines, de Gama décide de repartir, lesté d’un maigre butin mais riche d’un exploit sans précédent.
Le chemin du retour est un calvaire. Les hommes meurent du scorbut (une maladie due à une carence en vitamine C), les tempêtes déchirent les voiles, les vivres s’épuisent. Sur 170 marins, seuls 55 survivent à l’enfer. Mais l’essentiel est là : la route des Indes est ouverte.

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Le retour triomphal et la soif de domination
À Lisbonne, c’est l’euphorie. Vasco de Gama est couvert d’honneurs, nommé Amiral des Indes, et anobli. Pourtant, l’aventure n’en est qu’à ses débuts. Le roi veut plus : établir des comptoirs, imposer la domination portugaise.
En 1502, de Gama repart à la tête de 20 navires. Cette fois, fini les négociations hésitantes. Il bombarde Calicut, impose des traités, prend des otages, installe des garnisons à Cochin et Cannanore. Les Portugais inaugurent ainsi une nouvelle ère : celle de l’empire maritime européen en Asie.
Mais l’homme derrière la légende reste complexe. Vasco de Gama, héros pour Lisbonne, est vu en Orient comme un conquérant brutal. Sa deuxième expédition laisse derrière elle un sillage de violence. Pendant vingt ans, il se retire, riche et puissant, tandis que le Portugal bâtit un empire sur les mers.

Un dernier voyage et l’héritage de Vasco de Gama
En 1524, vieux et malade, Vasco de Gama accepte une dernière mission. Nommé vice-roi des Indes par Jean III, il est chargé de remettre de l’ordre dans des colonies rongées par la corruption. Mais le temps l’a usé. À peine débarqué à Cochin, il meurt à Noël, le 24 décembre 1524.
Son corps, d’abord enterré sur place, est rapatrié en 1539 au Portugal, où il repose aujourd’hui au monastère des Hiéronymites, à Lisbonne. Son nom reste gravé non seulement dans les monuments - comme le pont Vasco de Gama inauguré en 1998 à Lisbonne - mais dans la mémoire mondiale.

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Statue de Vasco de Gama a Sines© AdobeStock

L’exploit de Vasco de Gama a transformé l’histoire : il a déplacé le centre de gravité du commerce mondial, déclenché la compétition entre puissances européennes et ouvert un chapitre de conquêtes, mais aussi d’échanges et de métissages culturels. Derrière l’audace se cache aussi l’ombre : celle de la violence, de la domination, de l’intrusion européenne en Asie.
Cinq siècles plus tard, Vasco de Gama fascine toujours. Héros pour les uns, prédateur pour les autres, il incarne l’ambivalence de l’âge des découvertes : un monde qui s’élargit à coups d’exploits - et de ruptures.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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