Transat Paprec : 48h chrono

Par Figaronautisme.com
carte de la course Transat Paprec en direct

D’ici vendredi, le dénouement de la Transat Paprec sera connu. Mais qui aura le dernier mot ? Qui prendra l’avantage, qui restera bloqué, qui s’offrira une place d’honneur et qui sera déçu ? Il va falloir prendre son mal en patience, encore un peu et jusqu’au bout. Car si les modèles divergent sur les options du moment, tous s’accordent sur une arrivée particulièrement serrée. Moins de trois heures pourraient séparer une grande partie de la flotte sur la ligne d’arrivée ! Décryptage de la situation et état des lieux d’une fin de course qui s’annonce passionnante.

La fin de cette Transat Paprec est un sommet de paradoxe. D’un côté, les skippers racontent tous leur envie d’arriver, leur plaisir de se rapprocher de Saint Barthélemy et de ses douceurs. « On a vraiment hâte d’arriver et de festoyer avec tout le monde », explique Adrien Simon (FAUN) à l’unisson de tous les skippers. Mais il y a aussi dans toute la flotte l’impression d’une forme de fébrilité, la peur que le scénario échappe à tous ces marins qui se sont pourtant efforcés de le maîtriser depuis le départ il y a dix-sept jours.

« Mentalement, ce n’est pas facile, reconnaît Cindy Brin (Cap Saint Barth). Hier, on était en tête à 10 heures (heure universelle, UTC) avant de dégringoler au classement à 15 heures ». La native de Saint-Barthélemy évoque « une grosse molle (sans vent) pendant presque 15 heures, le bateau arrêté les voiles battantes alors que les autres avancent vite ».

Slalomer entre les grains et les sargasses

Ces dernières heures, l’incertitude est partout. Dans la flotte, ça se traduit par « pas mal de changements de voile à cause de la direction du vent », confie Davy Beaudart. « Le vent est parti un peu dans tous les sens, c’était la foire cette nuit », raconte de son côté Adrien Simon (FAUN). La progression est rendue aussi difficile par les grains. « C’est la saint grain grain », sourit Martin Le Pape (Demain). Les grains surprennent, obligent à une vigilance de chaque instant mais pas seulement.

Ils mettent aussi les bateaux à rude épreuve. Le spinnaker principal de Décrochons la lune (Romain Bouillard et Irina Gracheva) s’est déchiré. « On a perdu un peu là-dessus, c’est dur », reconnaît Romain. À bord d’Humains en action, ce sont les aériens qui ont été endommagés à cause d’un éclair. « On a dû avancer à l’aveugle avant de réparer », raconte Hugo Cardon (Humains en action).

Des éclairs, Calanach Finlayson (Solan Ocean Racing) en a également immortalisé. Un peu plus tôt, le Britannique avait évoqué un autre problème : les sargasses. « Ça fait des journées bien chargées », confie Calanach. « Ce n’est plus une course, c’est à celui qui a le moins de sargasses dans ses appendices, s’exaspère Adrien Simon. C’est du non-stop et c’est vraiment usant. »

Une grande partie de la flotte en moins de trois heures à l’arrivée ?

Ces conditions ont évidemment un impact sur le scénario de la course. La flotte se répartit actuellement sur une ligne de 110 milles (203 kilomètres) entre ceux qui pointent le plus au Nord - dont Les Étoiles Filantes (Quentin Vlamynck et Audrey Ogereau) et Cap Saint Barth (Cindy Brin et Thomas André) - et ceux qui sont le plus au Sud, menés par Demain (Martin Le Pape et Mathilde Géron) et Décrochons la lune (Romain Bouillard et Irina Gracheva), les deux premiers au classement de 15 heures.

Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ont pris l’avantage. « La panne d’alizés est modélisée différemment par les fichiers météos », rappelle ainsi Yann Chateau à la direction de course. Comme depuis plusieurs jours, certains peuvent avancer à 6 noeuds, d’autres à moins de 2 noeuds... Cette situation devrait perdurer jusqu’à vendredi où « l’alizé va rentrer ».

La conséquence, c’est de continuer à resserrer la flotte. « Quels que soient les modèles, les bateaux pourraient être très regroupés à l’arrivée, la plupart des bateaux pourraient arriver en moins de trois heures », précise Yann Chateau. Quid des ETA (heure estimée d’arrivée) ? « Les premiers pourraient en terminer entre jeudi soir tard ou vendredi matin tôt (heure locale) », explique le directeur de course adjoint avant d’ajouter : « mais les ETA sont à prendre avec beaucoup de pincettes vu la situation ».

Pendant ce temps, la flotte s’accroche, consciente que l’arrivée se rapproche plus que jamais. Et malgré la fatigue, les doutes, l’esprit embué par l’effort, tous ont l’espoir que le scénario leur soit favorable à la fin. C’est la conclusion d’un message de Cindy Brin ce matin : « On garde espoir jusqu’à la ligne d’arrivée. Nous avons tous une bonne étoile et je suis sûre que la nôtre va revenir ! »

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Transat Paprec et suivez les skippers en direct grâce à la cartographie.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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