6 questions à… Olivier Racoupeau, architecte naval

Economie

Rendez-vous avec ceux qui font le nautisme d’aujourd’hui et de demain : cette semaine, Olivier Racoupeau, architecte naval collaborant avec des chantiers parmi les plus prestigieux dans le monde Allures, Amel, Baltic, Bénéteau, Fountaine Pajot, Garcia, Gunboat, Hanse, J Composites, Wauquiez… Il est aussi l’architecte de nombreux yachts à voile ou à moteur, monocoque comme catamaran.

Rendez-vous avec ceux qui font le nautisme d’aujourd’hui et de demain : cette semaine, Olivier Racoupeau, architecte naval collaborant avec des chantiers parmi les plus prestigieux dans le monde Allures, Amel, Baltic, Bénéteau, Fountaine Pajot, Garcia, Gunboat, Hanse, J Composites, Wauquiez… Il est aussi l’architecte de nombreux yachts à voile ou à moteur, monocoque comme catamaran.

Figaro Nautisme : Comment devient-on architecte naval ? Par passion pour la mer et les bateaux ou par amour de l’architecture ?
Olivier Racoupeau : Très clairement par amour des bateaux avant tout, mais aussi de la régate. Ma passion pour les bateaux m’a rapidement conduit vers la régate. Dans un premier temps en dériveur et ensuite en habitable. Cette passion ne m’a jamais quitté. Elle a évolué, bien sûr, mais ne s’est jamais atténuée ! Vers 17 ou 18 ans, je me suis dis que pour continuer à la vivre pleinement, l’architecture navale serait une bonne option. Mon diplôme en poche, j’ai commencé à travailler chez Jean Berret. L’époque était différente d’aujourd’hui : nous n’étions que deux dans l’agence. On faisait pas mal de bateaux de course, des IOR, puis des Open 50 et 60, les ancêtres des IMOCA. Nous avons dessiné le premier 60 pieds d’Isabelle Autissier, le premier avec une quille pendulaire. Cela a fait école ! C’était vraiment formidable : on dessinait des bateaux et ensuite on naviguait avec. Quel plaisir ! En parallèle j’ai bien sûr continué la régate, en habitable et en catamaran de sport.
Au début des années 2000, la clientèle s’est diversifiée : on nous demandait des bateaux plus confortables, mais aussi plus grands. C’est à cette époque que nous avons dessiné notre premier bateau de plus de 30 mètres. Quand Jean est parti à la retraite, Isabelle [Racoupeau] est venue renforcer l’équipe prenant en charge la partie du design intérieur des bateaux. Aujourd’hui, ce département est essentiel dans notre métier. 5 personnes y sont dédiées sur les 19 que compte l’agence.

Figaro Nautisme : Comment arrivez-vous à imaginer des bateaux de production, construits à plusieurs dizaines voire centaines d’exemplaires par an et les yachts à l’unité ? Est-ce le même métier ?
Olivier Racoupeau : On parle là de deux métiers complémentaires mais effectivement différents. Lorsqu’on dessine un grand yacht ou un bateau de production, l’objectif reste identique : concevoir le meilleur bateau possible, qui réponde à son cahier des charges. On parle d’un même métier en ce qui concerne le dessin de la carène, l’hydro ou la structure, par exemple. Mais les règles du jeu à respecter vont aussi beaucoup dépendre de la demande du chantier ou du futur propriétaire. Un bateau de série, il faut l’imaginer en fonction de paramètres contraints imposés par une méthode de construction, des matériaux, un outil de production forcément très différents de ceux d’un yacht. Et évidemment nous adaptons notre relation avec le client. Dans le cas des bateaux de série, on ne va souvent pas rencontrer le propriétaire final, alors que dans le cas d’un yacht, on est dans un échange constant...
Mais dans les deux cas, l’objectif reste avant tout de réaliser le meilleur bateau et qui avance le mieux possible en fonction de ses contraintes. C’est là que réside la beauté de notre métier. Un métier dont je ne me suis toujours pas lassé après toutes ces années. J’adore vraiment ça !


Figaro Nautisme : Quelle est la latitude d’un architecte naval dans la conception d’un bateau de série ? C’est un échange, un partenariat avec le chantier ou vous devez répondre à un cahier des charges très précis qui ne vous laisse que peu de marge ?
Olivier Racoupeau : Tout va dépendre de la taille du bateau. Prenons un exemple concret avec le chantier Fountaine-Pajot : entre leur modèle New 41 et le Thira 80, la demande qui nous est formulée est totalement différente. Nous sommes forcément plus moteur, plus en partenariat sur un 80 pieds pour lequel nous avons une grande expertise. Le chantier sera davantage demandeur. Sur un bateau plus petit, nous devons répondre à des contraintes constructives précises. Le challenge est différent mais tout aussi intéressant...

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Figaro Nautisme : Votre métier consiste à dessiner les bateaux d’aujourd’hui mais aussi à imaginer ceux de demain. A quoi ressembleront nos bateaux dans 10 ou 20 ans ?
Olivier Racoupeau : La vraie question est « quelle sera la société de demain ? ». Le nautisme a beau être conservateur, il n’en reste pas moins représentatif de la société. On peut facilement imaginer que les bateaux de demain seront plus électriques. Ce n’est qu’une question de temps, dès que la maturité économique sera atteinte, cette motorisation sera de plus en plus présente sur nos bateaux. Mais, j’aime répéter que les voiliers sont par nature déjà hydrides. A nous de proposer des bateaux qui marchent bien à la voile pour limiter l’utilisation du moteur.
Pour le reste, les bateaux seront encore plus confortables et sûrement plus faciles à manoeuvrer. Nous travaillons déjà beaucoup l’hydrodynamique pour permettre aux bateaux que nous dessinons de rester suffisamment performants alors qu’ils sont plus lourds car plus équipés, mais aussi plus larges. Ce travail est essentiel et porte ses fruits : nous arrivons à compenser en grande partie les besoins croissants en confort sans que les performances n’en aient à en subir les conséquences.
Les nouveaux gréements plus faciles à manier et à régler, les aides aux manoeuvres sont aussi une vraie piste de recherche. Il restera bien sûr toujours des marins passionnés à la recherche de bateaux techniques mais aussi une large clientèle à séduire de personnes qui peuvent apprécier la voile mais pas forcément ses contraintes.


Figaro Nautisme : Berret-Racoupeau en chiffres ?
Olivier Racoupeau : Nous avons dessiné plus de 500 bateaux différents. Certains n’ont jamais été construits, mais je pense qu’aujourd’hui, ce sont plus de 20 000 unités dessinées par l’agence qui naviguent à travers le monde ! Nous imaginons une dizaine de nouveaux bateaux par an.


Figaro Nautisme : Dernière question : votre dernière navigation et la prochaine ?
Olivier Racoupeau : Ma dernière nav ? Dimanche dernier en Moth Europe. La dernière croisière était en Bretagne avec ma femme Isabelle sur notre Oceanis 50. Nous passons beaucoup de temps sur l’eau ensemble. La prochaine devrait être dans les fjords de Norvège l’été prochain. Nous partons avec nos (grands) enfants tous ensemble. Et pour ça, rien de mieux qu’un catamaran...

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L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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