Ne vous faites pas avoir par cette plage “paradisiaque”

Une mise en scène artificielle
Contrairement à ce que laissent entendre certains guides ou posts sur les réseaux sociaux, la plupart des étoiles de mer visibles sur Starfish Beach n’y vivent pas naturellement. Elles sont, en grande partie, ramenées là chaque matin par des habitants locaux pour créer une illusion photogénique. Cela suffit à créer un spectacle saisissant pour les visiteurs - mais il s’agit d’un décor monté de toutes pièces.
Cette pratique a un coût écologique énorme. Les étoiles de mer, arrachées à leur habitat naturel, sont manipulées à outrance. Exposées au soleil, à l’air libre, prises dans des mains maladroites pour quelques likes, elles meurent à petit feu. Nombre d’entre elles sont déjà mortes au moment où les touristes les prennent en photo, figées dans une immobilité macabre. D’autres agonisent lentement sous les flashes et les regards indifférents.
Pour atteindre Starfish Beach, l’accès se fait uniquement par bateau. Et c’est là que commence ce que beaucoup décrivent comme une arnaque bien rodée : pour une mini-croisière de 5 minutes à peine, il faut compter environ 300 000 dong par personne, soit environ 10 euros, un tarif élevé au regard de la prestation réelle.
Cette courte traversée, souvent présentée comme une "expérience unique" ou une "excursion incontournable", est surtout un moyen détourné de faire payer cher un accès à un lieu qui, au final, ne tient aucune de ses promesses naturelles.
Les avis de voyageurs sont clairs : une déception, voire un choc
De nombreux visiteurs repartent avec un goût amer. Les plateformes d’avis regorgent de témoignages décrivant une expérience bien loin du rêve vendu en ligne : arnaques au transport, prix gonflés, plage sale, et bien sûr, le malaise face au sort réservé aux étoiles de mer. Certains évoquent un « cimetière de créatures marines », d’autres dénoncent une "attraction touristique de mauvais goût" ou "une mascarade écologiquement honteuse".
Il est frappant de constater à quel point l’exploitation touristique aveugle finit par dénaturer ce qu’elle prétend sublimer. La biodiversité marine devient un accessoire. Le vivant est instrumentalisé au service d’un récit marketing creux. Et le voyageur en quête d’authenticité devient complice, souvent malgré lui.
Le poids des réseaux sociaux
Il serait hypocrite de ne pas pointer du doigt la responsabilité des réseaux sociaux dans cette dérive. Les images spectaculaires de Starfish Beach circulent abondamment sur TikTok, Instagram ou Facebook, encouragées par des algorithmes friands de contenus colorés et "instagrammables". Le résultat ? Une affluence massive, parfois violente, qui ne tient aucun compte de l’impact écologique de cette mise en scène.
À l’ère du tourisme de l’image, la beauté d’un lieu se mesure trop souvent au potentiel de likes qu’il peut générer, et non à son authenticité ou à sa fragilité. Le problème n’est pas tant de prendre des photos, mais de sacrifier un écosystème pour obtenir une image artificielle, mensongère, et destructrice.
Ce que nous devons refuser
Starfish Beach n’est pas un cas isolé, mais il en est un exemple frappant. C’est une alerte. Un rappel que tous les lieux dits "paradisiaques" ne le sont pas vraiment. Et surtout, que notre comportement de voyageur a des conséquences directes sur les lieux que nous prétendons admirer.
Refuser de participer à ce genre de tourisme, c’est protéger la vie marine. C’est aussi choisir une manière de voyager plus éthique, plus consciente, et plus respectueuse du vivant. La beauté d’un lieu ne devrait jamais être construite sur la souffrance invisible de ce qui s’y trouve.
Alors non, Starfish Beach n’est pas une merveille naturelle. C’est un décor triste, vidé de sens, maquillé pour les photos. Et si vous tenez vraiment à découvrir la beauté du Vietnam, passez votre chemin.