Sécheresse, chaleur : quelles conséquences pour les plaisanciers cet été ?

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

L’été 2025 s’inscrit dans la continuité des précédents : températures élevées, déficit hydrique marqué, épisodes caniculaires à répétition. Si ces phénomènes sont bien connus à terre, leurs répercussions sur l’activité nautique restent parfois mal comprises. Pourtant, la sécheresse et la chaleur extrême impactent directement les conditions de navigation, les infrastructures portuaires et le quotidien des plaisanciers. À quai comme en mer, la vigilance est de mise.

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L’été 2025 s’inscrit dans la continuité des précédents : températures élevées, déficit hydrique marqué, épisodes caniculaires à répétition. Si ces phénomènes sont bien connus à terre, leurs répercussions sur l’activité nautique restent parfois mal comprises. Pourtant, la sécheresse et la chaleur extrême impactent directement les conditions de navigation, les infrastructures portuaires et le quotidien des plaisanciers. À quai comme en mer, la vigilance est de mise.

Un risque incendie accru à terre... et en mer
Les feux de végétation ne concernent plus uniquement les massifs forestiers. Dans plusieurs zones littorales - notamment en Occitanie, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse - les départs de feu se sont multipliés à proximité des ports et des calanques, où la végétation est particulièrement sèche. Cette réalité oblige les autorités portuaires à renforcer les consignes de sécurité. Certaines capitaineries interdisent l’usage de réchauds à gaz, de barbecues (même sur des embarcations privées), ou encore le stockage de carburants sur les pontons sans autorisation préalable.
Sur les bateaux, les risques ne sont pas moins importants. La chaleur peut provoquer la surchauffe des moteurs, en particulier sur les unités mal ventilées ou anciennes. Des cas d’incendie moteur ont déjà été signalés les années précédentes, notamment lors de redémarrages après une longue immobilisation. Un entretien rigoureux devient indispensable : vérification du circuit de refroidissement, des conduits d’échappement, de l’état des batteries, et du bon fonctionnement des coupe-circuits.

Une pression croissante sur la ressource en eau douce dans les ports
Les périodes de sécheresse entraînent mécaniquement des mesures de restriction de l’usage de l’eau dans de nombreuses régions littorales. Des arrêtés préfectoraux interdisent désormais l’arrosage, le remplissage des piscines... et le lavage des bateaux dans plusieurs ports du sud de la France. Certaines capitaineries n’autorisent plus l’accès à l’eau qu’à des horaires définis, ou imposent des quotas de consommation journaliers par embarcation.
Dans les ports équipés de bornes à eau en libre accès, des dispositifs de coupure ont été mis en place pour limiter les abus. Les plaisanciers doivent anticiper : remplir leurs réservoirs tôt le matin, éviter les lavages à grande eau, et privilégier une utilisation raisonnée à bord. La question de l’approvisionnement devient encore plus sensible pour ceux qui prévoient de longues navigations sans escale, notamment en haute saison où la fréquentation portuaire augmente considérablement.

Des impacts techniques sur le matériel et la navigation
La chaleur intense, surtout en période de canicule prolongée, met les équipements à rude épreuve. Les moteurs, les groupes électrogènes et les climatiseurs doivent tourner plus longtemps pour maintenir une température supportable à bord. Cette sollicitation accrue favorise les pannes, en particulier si les systèmes de ventilation sont insuffisants ou si les appareils ne sont pas adaptés à de telles conditions. Certains panneaux solaires peuvent même perdre en rendement lorsqu’ils surchauffent, ce qui complique la gestion énergétique sur les voiliers autonomes.
Les instruments électroniques, eux aussi, peuvent devenir capricieux. GPS, sondeurs, écrans multifonctions peuvent présenter des dysfonctionnements au-delà d’un certain seuil thermique. Il est recommandé de les protéger du rayonnement direct autant que possible, et de vérifier régulièrement les connexions électriques à bord, qui peuvent se dilater sous l’effet de la chaleur.
Sur le plan humain, les coups de chaleur ne sont pas rares. À bord, l’absence d’ombre et la réverbération du soleil sur l’eau rendent les conditions de vie éprouvantes. Une vigilance particulière s’impose pour les enfants et les personnes âgées. Les symptômes peuvent survenir rapidement : fatigue, nausées, maux de tête, voire perte de connaissance. Prévoir de l’ombre (tauds, biminis, pare-soleil), boire régulièrement et limiter les efforts physiques aux heures les plus fraîches devient indispensable.

Des restrictions croissantes sur la plaisance fluviale
La sécheresse ne touche pas uniquement la mer. Les réseaux fluviaux, eux aussi, sont fortement impactés. Lorsque le débit des rivières baisse, les écluses doivent fonctionner en mode dégradé, voire fermer temporairement. Sur le canal du Midi, par exemple, des limitations de navigation ont été mises en place certains étés en raison du manque d’eau pour alimenter les biefs. Les plaisanciers fluviaux doivent donc consulter les avis à la batellerie régulièrement et adapter leurs itinéraires en conséquence. Les réductions de tirant d’eau peuvent également poser problème pour certaines unités.

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Une affluence record dans les zones côtières
L’été, les plans d’eau attirent massivement ceux qui cherchent à fuir la chaleur à terre. Cette surfréquentation concerne à la fois les ports de plaisance et les zones de mouillage. Dans les calanques, sur les îles ou dans les criques protégées, les autorités locales sont contraintes de mettre en place des mesures de régulation : limitation du nombre de bateaux, interdiction de mouiller dans certaines zones sensibles, création de zones de non-fréquentation autour de sites naturels fragiles.
Les ports, quant à eux, atteignent vite leur capacité maximale. Les escales non réservées deviennent difficiles, voire impossibles, en pleine saison. Cette densité accentue les risques d’accrochages lors des manœuvres, mais aussi les tensions entre usagers, en particulier dans les zones partagées entre professionnels et plaisanciers.

Adapter sa pratique face à des conditions nouvelles
Dans ce contexte, la navigation estivale demande une préparation plus rigoureuse. Il ne s’agit plus seulement de vérifier la météo et le plein de carburant : il faut anticiper les conditions de chaleur, connaître les éventuelles restrictions d’usage de l’eau dans les ports visés, et tenir compte de l’état du matériel soumis à rude épreuve.
Consulter les avis émis par les préfectures maritimes, les bulletins d’alerte météo, et les informations publiées par les capitaineries devient un réflexe indispensable. Les plaisanciers expérimentés le savent : une navigation sereine repose sur une information fiable, une bonne anticipation et une gestion responsable des ressources à bord. Dans un contexte de dérèglement climatique, ces principes prennent un relief nouveau.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...