
Mer totale : un paramètre composite
La mer totale correspond à la hauteur significative des vagues combinées, c’est-à-dire la hauteur moyenne du tiers des vagues les plus hautes observées à un moment donné, toutes origines confondues. En météo marine, on considère que c’est ce paramètre qui reflète le plus fidèlement le "ressenti" de l’état de la mer.
Mais il faut comprendre ce que cette hauteur inclut : la mer du vent, formée localement par l’action du vent sur l’eau, et la houle, qui résulte d’un système de vagues plus lointain, souvent issu d’une ancienne perturbation. Ces deux composantes, bien distinctes dans leur origine comme dans leur comportement, se superposent pour former la mer réelle que rencontre le navigateur.
Le chiffre de la mer totale n’est pas une simple addition des hauteurs de houle et de mer du vent. C’est le résultat d’un calcul complexe basé sur l’énergie des vagues, leurs directions et leurs périodes. Deux systèmes de vagues qui se croisent n’auront pas le même effet que deux systèmes alignés : l’interférence entre les trains de vagues modifie la hauteur effective et la forme de la mer.
Mer croisée : quand le chiffre ne dit pas tout
Prenons un exemple concret : une mer totale annoncée à 2 mètres. Elle peut paraître modérée, surtout si vous êtes sur un voilier de 40 pieds. Mais si ces 2 mètres résultent d’une houle longue d’ouest (1,4 m) croisée avec une mer du vent de sud (1,2 m), le plan d’eau devient rapidement inconfortable et difficile à lire. Le bateau sera soumis à un roulis irrégulier, parfois accompagné de coups de raquette par l’avant.
Dans ce type de configuration, ce n’est pas tant la hauteur qui est en cause, mais la géométrie de la mer. Deux composantes croisées peuvent générer des vagues courtes, désordonnées, imprévisibles. On parle alors de mer croisée, très redoutée par les plaisanciers car elle rend la navigation technique, fatigante, voire dangereuse, surtout pour les plus petits bateaux.
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L’importance de lire les composantes
C’est pourquoi il est indispensable de ne pas s’arrêter au chiffre de la mer totale. Les bulletins météo marins les plus complets permettent généralement de consulter séparément :
o la houle : hauteur, direction, et période (le temps, en secondes, séparant deux crêtes successives de vagues dans une série régulière (cela dit période et longueur d’onde sont liées par une relation).
o la mer du vent : généralement plus courte, agitée, orientée dans l’axe du vent local.
En croisant ces informations, le plaisancier peut anticiper non seulement la hauteur des vagues, mais aussi leur comportement dynamique : fréquence, régularité, direction par rapport à sa route. Une houle de 10 secondes de période est bien plus énergétique qu’une mer courte, et son effet sur le bateau, surtout au portant, peut être bénéfique ou piégeux selon la carène et l’expérience de l’équipage.
La mer totale, oui... mais pas seule
La mer totale reste un excellent indicateur d’alerte. À partir de 2,5 mètres, la navigation devient sérieusement engagée pour la plupart des unités de plaisance. Mais c’est la nature des composantes, et leur orientation relative, qui fait la différence entre une mer maniable et une mer difficile.
Il est également important de garder à l’esprit que la "hauteur significative" reste une valeur statistique. Cela signifie que certaines vagues dépasseront cette hauteur de 40 à 60 %. Autrement dit, si la mer totale est annoncée à 2 mètres, il faut s’attendre à rencontrer ponctuellement des vagues de 3 à 3,5 mètres, ce que confirment les observations en mer.
En pratique : ce que doit regarder le plaisancier
Avant chaque sortie, il convient donc de consulter :
o la hauteur de mer totale,
o les hauteurs, directions et périodes de la houle et de la mer du vent,
o et leur orientation par rapport à la route prévue.
Un même chiffre peut correspondre à des réalités radicalement différentes : une mer rangée, confortable au portant, ou une mer courte et difficile au près. Pour préparer son équipage, choisir son moment de départ ou décider de différer, ce niveau de lecture est indispensable.
La mer totale est un indicateur utile, mais jamais suffisant à lui seul. Pour naviguer en sécurité et dans de bonnes conditions, il faut apprendre à en décrypter les composantes. Ce travail d’analyse devient rapidement une habitude pour les plaisanciers aguerris : il transforme la consultation météo en un véritable outil de décision stratégique.
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