
Née dans les années 80, cette classe mythique - utilisée depuis toujours pour le Vendée Globe - s’est imposée comme l'une des vitrines les plus fascinantes de la voile océanique, tant en solitaire qu'en équipage, comme en témoigne leur présence grandissante dans la Fastnet depuis 2005.
Les origines des IMOCA remontent aux limites imposées lors de l’OSTAR et de la BOC Challenge, avant que la jauge des 60 pieds ne s’impose dès 1984. De là est née la philosophie Open : tout était permis... ou presque. Rapidement, des règles de sécurité et de stabilité sont venues encadrer cette liberté, comme la règle des 10° d’inclinaison ou l’ajout de cloisons étanches. Puis, au fil des années, la classe s’est structurée : création officielle en 1991, harmonisation des éléments critiques (quille, mât, gréement...), et surtout, l’avènement du vol.
Des bolides volants au large du Fastnet
Depuis une décennie, les IMOCA ont pris leur envol, au sens propre. Les foils ont transformé ces machines en planeurs des mers, capables d’atteindre des vitesses impressionnantes avec un équilibre de plus en plus maîtrisé. Résultat : jamais la classe n’a été aussi populaire, avec 40 bateaux au départ du dernier Vendée Globe. En Fastnet, leur performance est tout aussi saisissante. En 2021, Charlie Dalin (MACIF) a non seulement remporté la classe, mais aussi signé les honneurs en temps réel, devant des monocoques plus longs et sans foils, en établissant un record à 12,57 nœuds de moyenne. Une allure qui paraît presque timide au regard des 15,37 nœuds atteints par le même Dalin autour du globe...

Un plateau 2025 sous haute tension
En l’absence de Dalin, contraint de faire une pause pour raisons de santé, la lutte s’annonce ouverte. Grand favori : Yoann Richomme, vainqueur de la Route du Rhum, double lauréat de la Solitaire du Figaro, et désormais à la barre de Paprec Arkéa, un plan Koch-Finot-Conq de 2023 avec lequel il a terminé deuxième du dernier Fastnet... à moins de quatre minutes du vainqueur.
Mais il faudra aussi compter sur Élodie Bonafous, 29 ans, à bord d’Association Petits Princes-Queguiner, tout juste lancée et dessinée par Guillaume Verdier avec le soutien de MerConcept. Entourée de figures de la course au large comme Pascal Bidégorry et Yann Eliès, elle vise haut : "Le Fastnet, c’est un monument. Il réunit les plus beaux bateaux du monde dans une course emblématique."
Autre prétendant sérieux : Jérémie Beyou, vétéran de la classe, à la barre du dernier Charal, un plan Manuard affûté. Vainqueur en 2019, il revient avec le vainqueur de la Solitaire 2024, Tom Dolan, pour tenter de reprendre le dessus.
Chez les Britanniques, Sam Davies continue de porter haut les couleurs d’Initiatives-Cœur 4, avec un équipage féminin remarquable incluant Violette Dorange, plus jeune participante de l’histoire de la Mini Transat et du Vendée Globe. Justine Mettraux, elle, revient en duo avec Xavier Macaire sur l’ex-Charal, en attendant le lancement de leur nouveau plan Verdier en 2026.

Le vent du large souffle aussi depuis le Canada
Le Canadien Scott Shawyer fait lui aussi figure d’outsider ambitieux. Après une première tentative avortée, il revient avec un ex-11th Hour Racing au palmarès solide. Entouré d’un équipage international de haut niveau (Pip Hare, Brian Thompson, Sébastien Marsset...), il apprend à dompter ce bolide exigeant : "Quand ça décolle, ça part. Mais il faut savoir garder la bête sous contrôle."
Vétérans de la mer, mémoire du Vendée
Enfin, deux anciens combattants complètent ce plateau ultra-compétitif : Manuel Cousin (Coup de Pouce), ex-Foncia II, et Louis Duc (Fives Group-Lantana Environnement), ex-PRB de Vincent Riou. Moins récents, ces bateaux n’en restent pas moins de beaux symboles d’une époque et d’une classe qui n’a jamais cessé de se réinventer.
À la veille de cette nouvelle Rolex Fastnet Race, les IMOCA incarnent plus que jamais le présent et l’avenir de la course au large : des machines exigeantes, des marins d’exception et une passion intacte pour la haute mer.