4 escales à l'abri des touristes

Molène, île minuscule au grand souffle
Elle ne mesure qu’un kilomètre de long sur 800 mètres de large, mais Molène concentre un caractère bien plus grand que sa taille. Perchée entre Ouessant et l’île de Sein, cette île du Finistère semble posée au milieu de nulle part, entourée d’écueils et de rochers où nichent des dizaines d’espèces d’oiseaux marins. Accessible en bateau depuis Le Conquet ou Brest via la compagnie Penn ar Bed, Molène ne se livre pas tout de suite : il faut lui accorder du temps.
Le tour de l’île se fait en un peu plus d’une heure par un sentier côtier, mais c’est dans ses détails qu’elle fascine : les jardins maritimes à flanc de rocher, les filets qui sèchent au soleil, les maisons blanches aux volets bleus, les discussions sur le port. Ici, la vie insulaire suit son propre calendrier, au gré des marées, des tempêtes, des liaisons maritimes.
Prenez le temps de goûter à la vie locale : araignées de mer, soupes aux algues, légumes cultivés en plein vent ou produits cosmétiques élaborés à base de spiruline et de goémon. Artisans, sculpteurs, créateurs de bijoux inspirés de la mer sont autant de visages qui donnent une âme à l’île. Molène est un bout du monde discret, une respiration hors du temps.
Les gorges de la Sioule, la surprise volcanique
À première vue, difficile d’imaginer un paysage aussi canadien au cœur de l’Auvergne. Pourtant, les gorges de la Sioule, encaissées entre le département de l’Allier et celui du Puy-de-Dôme, offrent une expérience dépaysante, sauvage et silencieuse. La rivière a sculpté au fil des siècles un canyon bordé de falaises escarpées, classé aujourd’hui en Zone Naturelle d’Intérêt Écologique.
Le parcours commence à Ébreuil, traverse le charmant village de Chouvigny dominé par son château médiéval, puis file vers le méandre de Queuille - un des plus beaux points de vue de la région. En chemin, la route sinueuse épouse les reliefs, croisant de rares hameaux et des forêts épaisses. Pas de boutiques de souvenirs ici, ni de parking surdimensionné. On y vient pour marcher, pêcher, ou descendre la rivière en canoë dans un décor de carte postale.
À l’automne, la forêt flamboie. Au printemps, l’eau est limpide et la Sioule devient un paradis pour les truites. De nombreux spots sont prisés par les pêcheurs à la mouche. En été, les plus téméraires se baignent dans ses vasques naturelles. Chaque détour offre une perspective nouvelle, entre falaises volcaniques et rivières émeraude. Les gorges de la Sioule ne se dévoilent qu’aux curieux, et c’est tant mieux.
La Côte Bleue, la Méditerranée en version discrète
À seulement quelques kilomètres à l’ouest de Marseille, la Côte Bleue offre un visage plus secret de la Méditerranée. Moins connue que les Calanques de Cassis, cette portion du littoral, entre L’Estaque et Martigues, abrite pourtant quelques-uns des coins les plus séduisants du Sud. Et le meilleur moyen de les découvrir reste le train. En longeant la côte, il traverse viaducs, tunnels et pinèdes, avec une vue imprenable sur les criques et l’eau turquoise.
À La Redonne, la gare surplombe directement la calanque. De là, on peut descendre vers les criques pour se baigner, explorer les petites plages de galets ou partir à pied sur le sentier des douaniers (GR51). Ce chemin côtier mène jusqu’à Niolon en traversant des paysages escarpés, ponctués de criques sauvages et de pins parasols.
Pour les plus actifs, paddle, kayak, plongée ou snorkeling sont à portée de main grâce aux clubs locaux. Deux zones marines protégées permettent une immersion dans un écosystème méditerranéen encore préservé. On peut aussi louer un petit bateau pour s’aventurer dans les criques inaccessibles par la terre, à la recherche d’un coin d’ombre ou d’un dauphin discret.
Et après la baignade ? Un verre de rosé au port de Carry-le-Rouet, les halles de Martigues ou un marché provençal à Sausset-les-Pins. La Côte Bleue, c’est la mer sans la foule, l’accent du Sud sans le tumulte, une autre idée du littoral méditerranéen.
La Dombes, symphonie pour mille étangs
Entre Bresse et Beaujolais, au nord-est de Lyon, s’étend un territoire unique en France : la Dombes. Un monde à part, fait d’eau, de terre et de ciel, où 1 200 étangs façonnent un paysage mouvant. Cette région, premier bassin piscicole d’eau douce de l’Hexagone, perpétue une tradition vieille de plusieurs siècles : la pêche en étang, organisée de manière collective et saisonnière.
Mais la Dombes, c’est aussi une réserve ornithologique à ciel ouvert. Plus de 130 espèces d’oiseaux s’y installent ou y font halte lors des migrations : hérons cendrés, canards siffleurs, grèbes huppés, milouins, sarcelles... La vie sauvage s’y observe tôt le matin ou au crépuscule, depuis des observatoires installés sur certains étangs labellisés Espace Naturel Sensible.
Les étangs sont remplis uniquement par les eaux de pluie ou par ruissellement, selon un système ancestral de partage et de circulation de l’eau. Ce patrimoine hydrologique s’accompagne d’une architecture typique : maisons en brique rouge (les "carrons"), fermes à cour fermée, pigeonniers.
À vélo ou à pied, on peut suivre la route des étangs, traverser les digues entre les plans d’eau, ou faire halte dans un des nombreux villages qui jalonnent ce paysage hors du commun. Un territoire à découvrir à l’allure d’un héron : lentement, mais en éveil.
Plus qu’un simple changement de décor, ces lieux nous invitent à un autre rapport au temps et à l’espace. On n’y vient pas pour "cocher" une destination, mais pour vivre une expérience : prendre le bateau quand la météo le permet, suivre une rivière sans connaître sa fin, avancer sur un sentier côtier en s’arrêtant tous les vingt mètres, ou observer une sarcelle sur l’eau sans rien dire. C’est dans cette lenteur assumée que se cache peut-être le vrai luxe : celui de renouer avec la nature, avec les gens... et avec soi.
Et avant de partir, pensez à consulter les prévisions météo sur La Chaîne Météo Voyage et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.