Naviguer au printemps : cap sur les trésors méconnus de l’Europe

Par Figaronautisme.com

Avec le retour des journées longues et les premiers souffles tièdes venus du large, le printemps offre aux marins un luxe que l’été ne peut pas garantir : celui de la tranquillité. À cette période, les côtes européennes retrouvent un visage apaisé, les ports sont disponibles, les mouillages encore déserts. C’est le moment idéal pour explorer des destinations peu fréquentées, mais riches en escales, en authenticité, et en beauté naturelle.

Rías Baixas : le labyrinthe atlantique de Galice

Nautisme Article
© AdobeStock


Dans le nord-ouest de l’Espagne, les Rías Baixas déroulent leurs bras marins comme un enchevêtrement de fjords atlantiques, bordés de pins, de plages sauvages et de villages aux maisons de granit. Cette zone est idéale pour ceux qui recherchent à la fois protection, variété de paysages et richesse culturelle. Les rías d’Arousa, de Pontevedra ou de Vigo offrent une navigation abritée, dans une eau souvent plus calme qu’on ne pourrait le croire sur la façade atlantique.
Dès le mois d’avril, les conditions météo s’améliorent : les vents du nord-ouest s’installent progressivement, la température grimpe et les brumes matinales laissent place à une lumière cristalline. Les infrastructures nautiques, bien que discrètes, sont bien entretenues et accueillantes. Un détour par les îles Cíes, classées parc national, est incontournable — à condition d’anticiper les démarches pour obtenir un permis de mouillage.
Le charme des Rías Baixas, c’est aussi l’alliance entre terre et mer : vous naviguez entre les champs de vignes d’albariño, les parcs à huîtres, et les sentiers côtiers battus par les vents. Une navigation à la fois technique et contemplative, dans une Galice qui se mérite.

L’ouest sarde : entre dunes, falaises et grands espaces

Nautisme Article
© AdobeStock


Trop souvent ignorée au profit de la Côte d’Émeraude, la façade ouest de la Sardaigne concentre pourtant des trésors naturels et historiques d’une intensité rare. Ici, le littoral est plus âpre, plus exposé, mais aussi plus spectaculaire. De la presqu’île du Sinis à Bosa, en passant par la baie d’Oristano ou l’îlot de Mal di Ventre, les escales sont peu nombreuses mais puissamment évocatrices.
Au printemps, la météo est contrastée mais généreuse : les brises thermiques s’installent en journée, les nuits restent fraîches, et les plages sont désertes. Le mistral peut encore souffler, rendant certaines traversées plus sportives, mais avec une veille météo rigoureuse (notamment via METEO CONSULT Marine), la navigation y reste sûre.
À terre, les villages semblent figés dans le temps. Vous croiserez peu de monde, quelques pêcheurs, quelques autres navigateurs venus chercher ici une forme d’isolement méditerranéen. L’ouest de la Sardaigne ne vous promet pas le confort de Porto Cervo, mais il vous offrira la sensation de redécouvrir une île encore sauvage, loin des projecteurs.

Les îles Ioniennes : un printemps grec loin des clichés

Nautisme Article
© AdobeStock


Rien n’évoque davantage la douceur printanière que les îles Ioniennes, au large de la Grèce continentale. Ce chapelet d’îles — Corfou, Paxos, Lefkada, Ithaque, Céphalonie — forme une zone de navigation cohérente, protégée et riche en escales accessibles. Loin du vent souvent violent des Cyclades, la mer Ionienne est plus docile, idéale pour un redémarrage de saison ou une croisière en famille.
Dès avril, le climat devient très clément. La végétation, luxuriante, tranche avec l’image aride des îles grecques que l’on se fait en été. Les ports sont ouverts mais calmes, les tavernes commencent à se remplir, et l’ambiance est encore authentique. De nombreux plaisanciers étrangers, notamment britanniques ou allemands, y hivernent leur bateau, ce qui crée une atmosphère cosmopolite mais paisible.
Sur le plan nautique, la zone est propice à une navigation itinérante, enchaînant des étapes courtes dans des eaux protégées, aux abris bien répertoriés. Les Ioniennes, au printemps, offrent une Grèce généreuse, sans excès ni artifice, et un terrain de jeu parfait pour les amoureux d’escales simples et belles.

L’archipel de Lastovo : le sanctuaire croate

Nautisme Article
© AdobeStock


Au sud de la Croatie, entre Korčula et l’Adriatique haute mer, Lastovo demeure l’un des secrets les mieux gardés de la région. Classée parc naturel, l’île impose le respect : pas d’urbanisation excessive, très peu de navigation commerciale, des règles strictes de mouillage, mais en échange, une nature spectaculaire et un silence rare.
Naviguer à Lastovo au printemps, c’est découvrir la Croatie d’avant le tourisme de masse. Les criques sont désertes, les ports de pêche à peine réveillés, et la mer d’une transparence stupéfiante. Les vents y sont variables, mais les distances courtes permettent de se replier rapidement en cas de changement.
À noter : l’accès à certaines zones du parc naturel est réglementé, et un permis spécifique est requis. Renseignez-vous auprès des autorités locales ou via les marinas de Korčula et Vela Luka. Une fois ces formalités réglées, c’est un archipel préservé qui s’offre à vous, entre pins maritimes, plages de galets blancs et nuits étoilées.

Le golfe de Trieste : une navigation entre trois cultures

Nautisme Article
© AdobeStock


C’est un coin d’Europe souvent oublié des plaisanciers, mais qui mérite pourtant le détour. Entre l’Italie, la Slovénie et la Croatie, le golfe de Trieste est un véritable carrefour culturel, où l’histoire austro-hongroise côtoie les traditions maritimes méditerranéennes.
Naviguer ici, c’est glisser d’un pays à l’autre en quelques milles. Les escales, comme Muggia, Piran ou Izola, sont charmantes, bien équipées, et accueillent avec convivialité les navigateurs printaniers. La météo est souvent clémente en mai, avec des vents modérés et une mer calme.
Le littoral, bien que densément peuplé, reste surprenant : de petits ports, des sentiers côtiers escarpés, des marchés vivants, et partout une culture maritime ancienne, bien enracinée. Le printemps est le moment idéal pour découvrir cette zone encore méconnue, avant les chaleurs de l’été et l’arrivée des plaisanciers du nord.

Le delta du Danube : à la rencontre d’un autre monde

Nautisme Article
© AdobeStock


Enfin, pour ceux qui aiment sortir complètement des routes établies, cap à l’est : le delta du Danube, en Roumanie, se découvre aussi par bateau, à condition d’oser l’insolite. À bord d’un voilier à faible tirant d’eau ou d’un dériveur habitable, il est possible de remonter certains bras du fleuve jusqu’à Tulcea, puis de s’aventurer dans les canaux secondaires, dans un dédale d’eau douce et de silence.
Ici, pas de marinas, pas de mouillages classiques, mais des haltes improvisées au cœur de la nature, entre roseaux et volées de pélicans. Le printemps est la meilleure saison pour y naviguer : la faune est active, les températures clémentes, et les moustiques encore absents.
C’est une navigation d’exploration, à contre-courant des circuits traditionnels. Les plaisanciers qui l’ont tenté en parlent avec émotion : l’impression d’être seul au monde, au cœur d’un écosystème unique en Europe, accessible seulement à ceux qui prennent le temps de l’apprivoiser.


Ces destinations, parfois à la marge des circuits balisés, sont autant d’appels à une navigation plus libre, plus intime. Naviguer au printemps, c’est choisir le calme, la lumière douce, l’authenticité. C’est renouer avec le plaisir simple de la mer, avant que les ports ne se remplissent et que les routes nautiques ne s’encombrent.
Que vous partiez pour une semaine ou plusieurs mois, prenez le temps de tracer une route différente. Car parfois, il suffit de changer de saison… pour découvrir un autre visage de la mer.

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…