
Le célèbre designer Patrick le Quément, qui a longtemps œuvré pour Renault et qui accompagne maintenant VPLP sur de nombreux projets, signe le style extérieur de l’Outremer 55. Les bordés sculptés ont à la fois l’élégance d’une Facel Vega et le dynamisme d’une Ford Cosworth, mais dans une expression résolument contemporaine.

Une fois les jetées passées, ce n’est pas la puissance des deux moteurs Volvo de 60 CV, pourtant capables de vous emmener à près de 9 nœuds sans forcer, qui épatent. Non c’est la facilité avec laquelle l’Outremer 55 atteint, voire dépasse, la vitesse du vent.

Il faut dire que le propriétaire de cet exemplaire inaugural a coché toutes les cases pour être sûr que vous ne voyiez que son sillage : génois en lieu et place du solent auto-vireur, voiles membranes, et croix carbone à l’avant. L’addition est salée, et n’influe qu’à la marge sur des performances déjà exceptionnelles en standard, mais quand on aime on ne compte pas n’est-ce pas ? Résultat, alors que lors de notre essai le vent variera de 8 à 25 nœuds, la vitesse réelle oscillera de 8 à 19 nœuds ! Sans forcer, sans manœuvres compliquées, le moyenne sur une journée s’établi à près de 12 nœuds. Le ris pris dans la Grand-Voile n’est que prudence en ces toutes premières sorties, le bateau étant prévu pour une utilisation en croisière, les ratios ne sont pas ceux d’une unité de course et aucun risque de chavirage n’est à craindre. Sorti 1% en dessous du poids lège théorique soit 14.2t, propulsé par ses 172m² de voilure au près, le comportement est d’une sérénité absolue. Les étraves inversées restent hautes et surtout elles semblent aller chercher l’eau et la vitesse loin devant. La hauteur minimum entre l’eau et le fond de nacelle est de 85cm, retardant puis réduisant la force de possibles impacts de vague.

Mais si le bateau fille à 15 nœuds par 15 nœuds de vent au travers sous gennaker c’est aussi dû à la qualité de sa construction. Le sandwich mousse réalisé bien entendu en infusion, s’inspire des techniques développées chez Gunboat pour réduire la quantité de résine, et donc de poids, à résistance égale. Les cloisons principales, du pied de mât au bras arrière en passant par le roof sont en carbone, procurant une raideur maximale à la plateforme, confirmée par l’absence totale de grincement quelles que soient les conditions de mer rencontrées. Cette rigidité on la retrouve derrière les barres à roue, le catamaran répondant à la moindre sollicitation des barres à roue. Aucune souplesse, sans déformation aucune, chaque souffle d’air est transformé en vitesse pure. On place les étraves au millimètres, les yeux fixés sur les penons. Le poids et les surfaces de voiles sont ceux d’un 55 pieds et on apprécie l’assistance des deux winches électriques. Mais l’accastillage reste de facture classique et nul ne sera désorienté par un plan de pont qui ramène la plupart des manœuvres aux deux postes situés en arrière du roof, juste devant les barres à roue : sécurisant et efficace, surtout en équipage réduit. Seul le réglage du chariot de grand-voile, et bien sûr le relevage de l’annexe, est positionné sur la poutre arrière. Mais la hauteur parfaitement ergonomique du winch, qui peut lui aussi être électrifié, rend les réglages particulièrement aisés. Seuls les virements de bord seront un peu laborieux dans cette version avec génois plus trinquette à poste, un handicap dont ne souffrira pas bien sûr la version standard avec solent auto-vireur.

Cet Outremer 55 nouvelle génération, 30 ans après son illustre aîné, ravira ceux qui aiment voyager loin mais vite. La vitesse est bien sûr source de sensations de pur plaisir à la barre, mais en grande croisière elle également un facteur de sécurité pour se jouer des systèmes météo, réduire le temps des traversées. En cela le nouvel opus du chantier Occitan ne déroge pas au credo de son fondateur, faire « marin, rapide et simple ». Ce dernier adjectif s’applique désormais moins au style et aux aménagements qu’à la facilité de manœuvre. Aussi, les tarifs ont suivi à la hausse une mise en œuvre plus complexe et des matériaux plus onéreux. C’est le prix à payer pour naviguer sur un bateau vraiment différent. Un investissement que les heureux propriétaires retrouveront à la revente, et dont ils profiteront surtout chaque jour, avec le plaisir inégalable de naviguer à la voile dès les premières effluves de vent, et à très grande vitesse, comme sur les rails d’un TGV, dès que la brise monte.
Les plus :
Zone de vie carré / cockpit très agréable
Intelligence des postes de barre-manœuvre-veille-contemplation…
Au niveau de performance, et facile en plus.
Les moins :
Pertinence de la tablette bar
Option barre franche inutile
Prix de l’excellence

Caractéristiques techniques :
ARCHITECTE : VPLP
CONSULTANT DESIGN : Patrick Le Quément
ARCHITECTE INTÉRIEUR : Darnet Design
LONGUEUR FLOTTAISON : 16,73 m
LARGEUR : 8,30 m
TIRANT D’EAU : 1,36 / 2,30 m
TIRANT D’AIR (sans antenne) : 24,6 m
DÉPLACEMENT : 13,9 / 18,5 t
PLAN DE VOILURE
GRAND VOILE : 104 m²
GENOIS : 68 m²
SOLENT AUTOVIREUR : 48 m²
GENNAKER : 140 m² (option)
SPINNAKER : 220 m² (option)
CERTIFICAT CE : 8/26 p
MOTEURS : 2 x 60 cv
Prix HT
Outremer 55 Standard : 1 215 000 euros
Principales options
Version Offshore 4 cabines : 16 890 euros
Conservateur 90 litres : 2 290 euros
Dessalinisateur 100 l/h : 13 200 euros
Panneaux solaires sur bimini 1250 W : 16 540 euros
Panneaux solaires sur bossoirs 800 W : 6 700 euros
Deuxième station commandes moteurs : 4 500 euros
Mât carbone fixe et haubans kevlar : 93 990 euros
Winch électrique ST60 : 4 370 euros
Table de cockpit avec sellerie : 2 390 euros
Electronique B&G : 19 235 euros
Antifouling auto-érodable : 4 680 euros
Prix du modèle essayé : 1 519 512 euros