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Comme dans le monde automobile, les constructeurs nautiques font évoluer le design de leurs modèles au gré des générations. Les inconditionnels de la marque créée par Gérard Danson en 1984, en compteront désormais quatre. Dans les années 80, les Outremer originaux se caractérisaient par des coques étroites et bananées et de tout petits roofs. La seconde génération, celle du succès, est reconnaissable à des miles de distance avec ses roofs en forme de soucoupe volante et ses rails de fargue à la jonction entre les coques et le pont. Puis, à la suite du décès de son fondateur et architecte, est venu la reprise par le Groupe Grand Large Yachting. Signés alors Barreau-Neumann ou VPLP, les 49 (devenu 51), le 5X (59 pieds), puis le 45 ont rencontré un succès remarquable sur le créneau pourtant étroit de la grande croisière performante. Si le chantier a bien pris soin de ne pas modifier l’ADN performant de son nouvel opus, si la ligne générale le fait parfaitement s’intégrer entre le 51 et le 5X, moult détails de design et d’ergonomie, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur signent bel et bien une nouvelle génération d’Outremer.
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La teinte gris anthracite du roof, qui en allège l’aspect, est un premier signe de reconnaissance extérieur remarquable de l’Outremer 55. Il faut dire qu’il a pris de la hauteur pour s’adapter au gabarit de clients à 80% étrangers, qui sont bien au-dessus de la moyenne française sous la toise. Est-ce que l’évolution des postes de barre en est une conséquence directe ? Peu importe serait-on tenté de dire tant le résultat nous a séduit. C’est un endroit stratégique sur un voilier dont la performance et le plaisir de barre sont au cœur de la conception. Cette zone, symétrique d’un bord sur l’autre, a été intégralement repensée, dans toutes ses dimensions. Les barres à roue reculent tout d’abord d’un mètre par rapport à la façade arrière de roof, dégageant ainsi l’accès aux winches abaissées à parfaite hauteur. Mieux elles basculent vers le bordé extérieur pour être à portée des jolies banquettes doubles, mais également vers le cockpit, pour y barrer protégé du bimini avec une vision frontale suffisante grâce au clair de vitrage important. Praticité, ergonomie, convivialité, l’ensemble rend obsolète l’option barre franche pourtant toujours au catalogue, tant elle répond à tous les critères que l’on est en droit d’attendre sur une telle unité. L’organisation du cockpit s’en trouve bien entendu modifiée, ou plutôt bonifiée serait-on tenté de dire. Le bimini rigide carbone, limitation du poids embarqué oblige, se fait plus protecteur, la circulation vers les larges jupes arrière plus aisée, et la poutre arrière accueille une longue banquette face à la route depuis laquelle on pourra regarder les miles défiler sans se lasser.
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Si le passage vers l’intérieur se fait de plain-pied comme il se doit désormais, la largeur de la baie vitrée impressionne et participe à abolir les frontières entre intérieur et extérieur lorsque la météo est au beau fixe. Comme déjà évoqué, la hauteur des vitrages permet une vision panoramique réellement séduisante, même quand on dépasse 1m90. Avoir vitré jusqu’aux pointes avant des joues latérales de roof confirme le soin apporté par le chantier à cet aspect.
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La cuisine en îlot, signée Darnet Design comme l’ensemble des aménagements, est une innovation importante dont on risque vite de devenir inconditionnel. Facilitant la circulation, la participation, les échanges avec la longue table à carte située sur l’avant face à la route ou le vaste carré localisé lui à bâbord. Notons au passage le dessin original de la sellerie qui adopte l’arrondi des galets d’un jardin japonais zen. Dans les coques, l’aspect performance de l’Outremer 55 est plus visible. Proposé en trois ou quatre cabines doubles, elles sont inondées de lumière grâce à la fois aux longs hublots de coque, et aux panneaux de pont enfin flush. On ne se croise pas dans les coursives, et il n’est pas question ici d’accès latéral aux couchages, dont les supports sont intégrés à la structure.
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Mais ce sont là les seules concessions pour obtenir facilement des vitesses moyennes à deux chiffres. Des sensations qui dessinent immanquablement un large sourire sur tous ceux qui ont eu la chance de prendre la barre de ce course-croisière à deux coques, dont Figaro Nautisme. A suivre…
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