
Créée en 2006, elle a bien grandi l’écurie de course au large de François Gabart. Alors qu’il n’est qu’un bizuth en Figaro, l’ingénieur de l’INSA Lyon a une vision globale et à long terme du métier de coureur au large. L’avenir donnera raison à celui qui sera très vite Champion de France de Course au Large en solitaire (2010), plus jeune vainqueur du Vendée Globe (20212-2013), réalisant un triplé Rhum-Café-Transat anglaise de 2014 à 2016. Pour ne parler que des faits les plus marquants d’une carrière déjà exceptionnelle pour un marin né en 1983, il nous faut mentionner le record autour du monde et toujours en solitaire (42 jours 16 h 40 min 35 secondes) en 2017, dont le tableau d’affichage, au format olympique, trône aujourd’hui dans le hall d’assemblage de sa magnifique base.
Plusieurs projets à mener de front
Il faut dire que depuis 2014 qu’il a quitté le giron de Mer Agitée, la petite entreprise du Charentais de naissance a bien profité de l’air salin Breton, passant à 15 salariés en 2017 à 80 aujourd’hui ! En effet, quitter Port la Forêt pour Concarneau, était devenu une nécessité pour la SASU qui, non contente de se voir confier la conception et l’assemblage d’un nouveau trimaran Ultim, se voyait confier la gestion du projet Imoca d’Apivia, puis accueillir le projet 11th Hour. Il ne fallait pas pour autant oublier de couver les jeunes pousses du Team Macif en Figaro, sans compter un zest de diversification avec la maîtrise d’œuvre de son tout premier bateau de plaisance : un catamaran électrique à foils vraiment innovant.

Projet Ultim : Stop & GO
En mai 2020, le retrait surprise de son sponsor historique, en plein projet Ultim M101, aurait pu sonner le glas des ambitions du champion à qui tout réussissait jusqu’alors. Il y trouve au contraire la pleine justification de son pôle multi-projets, investit ses nouveaux locaux de Concarneau et après seulement quelques mois d’incertitudes qui ont dû paraître bien longs, trouve un nouveau soutien de poids en la personne de Didier Tabary. Propriétaire du Groupe de cosmétiques Kresk, le bateau-fusée bleu portera donc les marques SVR, Lazartigue et Fillmed sur tous les océans du globe. Le 22 juillet les immenses portes coulissantes du bâtiment taillé à ses mesures – 32m de long par 23m de large - s’ouvraient sur le nouveau trimaran. Mais les 1500 m² de hall peuvent aussi accueillir un Imoca et un ou deux Figaro. Deux ponts roulants pour l’Ultim, deux autres plus petits pour les Imoca et les Figaro, Mer Concept est autonome en manutention. Il en va de même pour la découpe de pièces en menuiserie grâce à une machine CNC. Mais à l’inventaire des investissements il faut aussi compter un four de 20m² pour le composite, un conteneur frigo à -18° pour conserver les tissus pré-preg, une pièce blanche pour l’hydraulique, sans parler des incontournables ateliers gréement, mécanique et électronique qui ont tous leur espace dédié.

Ambiance « Google sur mer »
Sur le côté, dans les bureaux par lesquels nous a fait rentrer Antoine Le Ster trois plateaux reçoivent les fonctions Bureau d’Etudes, support, administration et marketing. Ici comme dans les ateliers, à quelques exceptions notables comme le célèbre team manager d’Apivia Jean-Luc Nelias, la moyenne d’âge ne dépasse pas 35 ans. L’ambiance est studieuse mais bon-enfant. Les citations s’affichent aux murs, à commencer par celle de Nelson Mandela : « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». Des mots qui résonnent parfaitement bien dans cet environnement sportif. Ambiance GAFAM également pour la salle de sport à disposition. Très prisée des Américains d’11th Hour, François Gabart préfère lui aller kiter pour parfaire sa condition physique. A l’étage supérieur, avec vue imprenable sur les Glénan et les remparts de Concarneau, salle de réunion, qui se transforme en ‘Decision Room’ dans les moments chauds. On peut même s’accorder quelques instants de repos dans la petite chambre attenante quand la veille est permanente. Juste à côté, avec ses poufs propices à une réflexion détendue, le Lab d’innovations. On y teste en simulateur le nouvel Ultim, notamment son nouveau volant de direction, aux multiples boutons/fonctions, digne d’une Formule 1. Plus généralement on y réfléchit à tout ce qui peut permettre d’élargir les horizons, de trouver hors course au large, des applications aux savoirs faire développés ici. Cela va de l’énergie, aux foils, en passant par les matériaux. Exemple : les sièges de barre du trimaran et du cata-foiler ne sont plus en fibre de verre mais de lin.
Aucun doute, François Gabart a taillé son entreprise avec la même détermination, la même ambition, qu’on lui connaît sur les plans d’eau. Toute l’équipe a déjà le regard tourné vers la prochaine transat Jacques Vabre. Alors rendez-vous est pris au Havre le 07 novembre pour le top départ. A l’abri de leur base de Concarneau, ils veilleront 24h/24 sur les deux skippers, François Gabart étant associé pour cette transat en double à Tom Laperche.