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Il s’est tellement fait attendre, que d’aucuns craignaient que la légendaire gamme First, qui depuis 1977 a tant contribué à la notoriété de Bénéteau, ne survive pas à la disparition en 2020 de son plus fervent partisan Éric Ingouf. Il y avait bien eu en 2019 le très joli 53, mais l’appellation First Yacht exprimait clairement qu’il appartenait à une autre catégorie, plus huppée, moins abordable que la gamme traditionnelle. Les plus petits modèles eux, étaient issus de carènes anciennes, ou du rachat du chantier Slovène Seascape, ce qui n’enlève rien à leurs mérites, mais les fans restaient orphelins de modèles aussi emblématiques que les First 30, 35, 31.7, 40.7…
First 36 – Frapper fort
Mais la patience étant (presque) toujours récompensée, un First 36 vraiment prometteur s’annonce pour 2022. Bien que parfaitement dans l’esprit course/croisière associé à la marque ‘First’, Bénéteau n’a pas hésité à bousculer les habitudes en allant chercher de nouveaux concepteurs. Aussi ont-ils choisi Sam Manuard, l’architecte naval en vogue au sein de la classe Imoca (L’Occitane, les futurs Charal et Initiative Cœur…) après avoir tout gagné en Mini et Class40, pour dessiner le premier vrai First du XXI° siècle. A ce gage de performance, ils ont associé une valeur sure du design, l’Italien Lorenzo Argento, auteur des célèbres Brenta, mais aussi de jolis Maxis tels Ghost ou Chrisco. Ajoutez-y ce qu’il faut d’innovation grâce au studio Slovène Gigodesign, d’optimisation avec Pure Design & Engineering pour des calculs de structure dignes de la Coupe de l’America, et vous devriez obtenir un bateau de 11.00 m aussi élégant que performant, à l’intérieur sobre mais confortable, et qui ne devrait surtout pas être avare en sensations.
Italia Yachts 12.98 – L’élégance italienne
En matière de course/croisière tout est une question de dosage. En renouvelant l’un des fleurons de sa gamme, l’IY 12.98, le chantier Italia Yachts vise le parfait équilibre, 50/50. C’est en tous cas ce que revendiquent ses concepteurs de l’agence Cossutti Yacht Design. Si l’ambition du bateau est résolument sportive, comme le laisse suggérer le superbe élancement des lignes, le confort et la convivialité à bord en croisière n’en ont pas pour autant été oubliés. Comme sur les First, les coffres de cockpit s’arrêtent avant le tableau arrière, affinant la poupe quand, parallèlement, le long bout-dehors intégrant le davier, porte le point d’amure des voiles de portant, loin devant l’étrave. Concurrent des X-Yachts ou autres Dehler, Italia Yachts ne manque pas de soigner le design intérieur de ses bateaux. Nature et écologie sont ici à l’honneur avec des aménagements intégrant fibres d'osier, coton et lin, créant un environnement léger, innovant et extrêmement élégant.
Class 30 – L’avenir de la course ?
Encore plus orienté performance, le Class 30 est en construction chez Multiplast. Le chantier vannetais et le cabinet d’architecture VPLP ont en effet remporté le concours lancé par l’UNCL (Union Nationale pour la Course au Large) et le RORC (Royal Ocean Racing Club). Que les deux plus grands clubs français et anglais s’associent pour lancer un monotype vraiment international, fun, moderne, et abordable est un évènement en soi. L’objectif est de donner envie à un nouveau public de régater en côtier comme en hauturier. Pour répondre à tous les budgets, ce monocoque de 9.14 m à l’étrave volumineuse se déclinera en deux versions : Club et One Design. Si un circuit dédié est prévu, on l’attend aussi sur les classiques habituelles de Cowes, La Trinité ou Marseille, voire sur le Tour de France à la Voile. En grande difficulté (l’édition 2022 est annulée) cette épreuve pourrait renouer en adoptait ce support, avec ses plus belles années. Reste à mettre tout le monde d’accord.
Elan E6 – Pininfarina en guest-star
A quelques encablures de la mer Adriatique, le chantier Elan finalise la production du joli plan signé Humphreys Yacht Design. Nommé E6, il promet lui aussi de pousser le curseur de la performance encore un peu plus loin. Avec 11.25 tonnes, le bi-safran Slovène de 14.10 m (15.30 de longueur HT) se veut l’un des plus léger de sa catégorie. L’intérieur conçu par Pininfarina ne peut qu’être d’un esthétisme de haut vol, mais il ne devrait pas pour autant oublier les incontournables contraintes et fonctions imposées par la vie en mer.
Contest 49 CS – La rigueur hollandaise
Le Contest 49 CS mise quant à lui tout sur le confort. L’entreprise familiale néerlandaise plus que soixantenaire, continue de fabriquer des yachts semi-custom d’une finition irréprochable. Mais ils proposent désormais pour presque chaque modèle, une alternative aux versions à cockpit centraux qui ont fait leur légende. L’évolution se poursuit à l’intérieur où, pour la première fois sur un 50’ Contest, sont proposés deux belles cabines arrière symétriques, quand la suite propriétaire migre sur l’avant. Dans ce chantier, longtemps bastion du yachting le plus conservateur, c’est une véritable révolution, à laquelle s’ajoute un garage à annexe et une plateforme de bain submersible.
RM 1380 – Retour aux sources
Enfin, RM Yachts renoue avec des perspectives plus réjouissantes sous la houlette du Groupe Grand Large Yachting et annonce le prochain lancement d’un RM 1380. Adossé à cette solide structure, le duo reformé entre Martin Lepoutre à la direction générale et Marc Lombard à l’architecture navale, relance le concept originel de RM qui est plus que jamais d’actualité en matière environnementale : un vrai grand croiseur performant en CP-Epoxy. Si on peut douter de la pertinence de la version 4 cabines, le trois cabines est une véritable invitation à la grande croisière, pour aller vite et loin, avec une certaine élégance de lignes.