Essai Jeanneau Yachts 55 : la révolution a du bon !
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La gamme Jeanneau Yachts est née en 2002 avec le Jeanneau 54 DS, premier voilier avec cabine propriétaire arrière du chantier vendéen, en plus de 75 années d’existence. Vingt ans et 1 100 bateaux livrés plus tard, les expériences et les retours de clients qui naviguent beaucoup plus que la moyenne, entre quatre et six mois par an, sont une source d’inspiration inépuisable. Aussi, ces trois dernières années, la gamme a été entièrement renouvelée. D’abord par le haut avec les Jeanneau Yachts 60 et 65, et aujourd’hui avec un innovant Jeanneau Yachts 55.
Voilier de propriétaire, version loft
Plus court que ses aînés, ce 55 pieds a poussé son équipe de conception à innover pour donner une réponse vraiment en phase avec une clientèle aux attentes bien analysées. Les propriétaires de Jeanneau Yachts naviguent beaucoup, de jour comme de nuit, le plus souvent en couple. S’ils se font un plaisir d’accueillir famille ou amis une semaine ou deux, cela représente à peine 20 % du temps passé à bord. Alors, fort logiquement, sur ce nouvel opus, deux tiers du volume de la coque sont dédiés aux propriétaires. Les invités ne sont pas négligés pour autant, bien au contraire, puisque le plan d’aménagement bouscule tous les codes établis. La grande suite propriétaire occupe les deux tiers de l'intérieur. La descente principale est située dans l’axe de manière assez conventionnelle. Cet immense espace intègre une grande cabine double à l’avant, avec salle d’eau indépendante bien sûr, s’ouvrant largement sur l’espace de vie. La cuisine avec son îlot central, modernité oblige, est sur tribord avec en vis-à-vis le carré sur bâbord. La finition est soignée, dans le respect de la tradition de qualité des menuiseries Jeanneau, rehaussée de détails chics, telles ces poignées d’équipets en cuir. Le design intérieur, en accord avec le reste de la gamme Jeanneau Yachts, dégage une élégance discrète, parsemée de détails complexes et de textures graphiques. Un design intemporel et fonctionnel. Les espaces lumineux se succèdent de manière transparente et relient tous les différents espaces en un véritable loft.
Deux cockpits, trois descentes
Plus inédit encore, le plan d’aménagement conçu par les équipes de Philippe Briand, Andrew Winch Design et Jeanneau, propose deux cabines aux accès indépendants, avec portes papillon de type hypercar de très belle facture. Elles offrent une intimité jamais vue sur un monocoque de cette taille. Accessibles directement depuis le cockpit, ces deux espaces disposent bien sûr chacun d’un lit double (1,50 m x 2,00 m), bénéficiant d’une jolie hauteur sous barrot sur toute la largeur. Les salles d’eau indépendantes participent à isoler les invités de la partie propriétaire. Ces cabines VIP disposent d’une petite banquette, d’un frigo, et l’espace pour une machine à café permet de sortir dans le cockpit prendre une première (ou une dernière) collation sans déranger personne.
Mais on devrait parler plutôt ici de cockpits au pluriel, tant cette zone a également fait l’objet d’un traitement aussi original que séduisant. La circulation y est particulièrement fluide puisque l’espace central est toujours libre, et ce de la jupe à la descente principale vers l’espace propriétaire. Comme ce modèle reprend la bonne idée des passavants inclinés désormais indissociables des voiliers Jeanneau, on pourrait circuler en trottinette sur l’ensemble de ce pont aux bas-haubans ancrés sur le roof. De part et d’autre du double poste de barre et de manœuvre, ce sont deux zones distinctes qui sont proposées. À la poupe, deux salons « outdoor » qui se transforment en bains de soleil, en prise directe avec la mer.
Sur l’avant, si l'aménagement comprend bien une banquette en U qui peut se transformer en couchette de veille sur tribord, c’est sur l’avant bâbord que la présence d’une véritable table à cartes extérieure avec écran et commandes de pilote, constitue un poste de veille idéal. Avec sa vue directe sur le plan de voilure, cet espace prend tout son sens à l’heure des GPS-traceurs, des prévisions météorologiques extrêmement fiables et des pilotes automatiques ultra-performants. On peut désormais envisager de traverser l’Atlantique au sec et en chaussons. En effet, le hard top et le large pare-brise enveloppant offrent un abri et une visibilité remarquables pour naviguer en toutes saisons. Il est même prévu de pouvoir chauffer ou tempérer cet espace selon le climat ambiant. De série, le cockpit est libéré de l’écoute de grand-voile, renvoyée sur un solide arceau rigide, qui sera équipé soit d’une capote souple, soit de sa version rigide au confort incomparable et au design fort bien réussi. Les bains de soleil peuvent eux aussi être protégés à l’heure du zénith, deux parties latérales en polyester encadrant alors un toit ouvrant textile, déjà vu sur les catamarans Excess.
Terrasse vue sur mer
Si les aménagements intérieurs paraissent immenses, c’est aussi parce que l’équipe de conception a fort raisonnablement fait l’économie d’un véritable garage à annexe. Quand le tableau arrière bascule pour se transformer en plage de bain, il dévoile malgré tout un bel espace de rangement susceptible d’accueillir une annexe dégonflée ou des « toys » très à la mode, à l’image du Tiwal présent lors de notre essai. En croisière côtière, des bossoirs amovibles permettent de garder l’annexe gonflée entre deux escales. Une astucieuse porte à bâbord du tableau arrière conservera l’accès à la passerelle et au quai, en Méditerranée notamment, même annexe à poste. La modularité possible de la zone arrière qui, avec ses tables amovibles ou abaissables selon les options, permettra d’accueillir à bord un maximum de convives le temps d’un apéritif ou de maximiser la surface utile à bronzer. On y vient comme on sortirait de sa maison pour aller sur la terrasse, profiter de la piscine… la mer. Le maître bau se prolongeant jusqu’à l’arrière, la surface est énorme.
Du bout des doigts…
Pour illustrer la facilité d’utilisation du Jeanneau Yachts 55 – un objectif majeur du cahier des charges pour ce croiseur au longcours destiné à être mené en couple –, notre skipper du jour, François-Xavier Debeaupte, responsable marketing Voile chez Jeanneau, insiste pour réaliser toutes les manœuvres en solitaire à commencer par la sortie du port de Cannes. Bien aidé par les propulseurs avant et arrière, puis les 110 CV en série du moteur Yanmar, cela semble un jeu d’enfant. Une fois que les gros pare-battages gonflables ont tous trouvé leur place entre la soute avant et les coffres de cockpit, il est temps de dérouler la grand-voile puis le génois. Toujours un peu sceptique sur les performances d’un voilier équipé d’un mât enrouleur qui occupe pourtant 90 % de ce marché, il faut bien admettre que ce 55 fait exception, journalistes et prospects présents à bord étant très agréablement surpris par sa vélocité dans cette brise modérée. Dépasser les 8 nœuds dans seulement 12 nœuds de vent sous grand génois déroulé dépose invariablement un sourire sur le visage des barreurs qui se succèdent. Dès 20 nœuds de vent apparent, une trinquette auto-vireuse prendra le relais. À la barre, particulièrement agréable grâce aux deux safrans et à l’excellente visibilité, tout semble à portée de main, à commencer par les winches électriques Rewind. Néanmoins, si les propriétaires souhaitent l’aide d’un skipper, ou pour un usage charter de luxe, un logement est prévu dans la pointe avant, isolée elle aussi phoniquement de l’espace propriétaire par la salle d’eau de ce dernier.
Le jeu des options permet de personnaliser son Jeanneau Yachts 55 à souhait et d’en faire un vrai bateau de voyage, mais la facture s’en ressent. Entre notre bateau d’essai et la version standard, elle se trouve majorée de plus de 55 % ! Il n’en reste pas moins que, comme souvent chez Jeanneau, le style extérieur est des plus élégants, même avec la capote rigide. Le programme haut de gamme du chantier vendéen est plus que jamais orienté propriétaire, pour des croisières toutes saisons, sans forcément de limites géographiques aux possibilités d’exploration. Et pour remplir cette mission, le Jeanneau Yachts 55 est un candidat qui a vocation à ouvrir une nouvelle ère.
Fiche technique :
Longueur hors-tout : 16,98 m
Longueur de coque : 16,15 m
Longueur à la flottaison : 16,02 m
Largeur : 4,99 m
Tirant d’eau standard : 2,45 m
Tirant d’eau court : 1,90 m
Tirant d’air : 25,20 m
Déplacement lège : 18 542 kg
Lest standard : 4 900 kg
Lest court : 5 688 kg
Carburant : 230 l
Eau : 760 l
Motorisation : Yanmar 110 CV (arbre d’hélice)
GV enrouleur : 68 m²
GV classique : 79 m²
Solent auto-vireur : 54 m²
Génois sur enrouleur : 75 m²
Catégorie CE : A12 / B16 / C16 / D16
Prix standard : 828 000 € T.T.C.
Prix de la version essayée : 1 299 293 € T.T.C.
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